Sept ans de réflexion - The seven year hitch de Billy Wilder (1955)

En été, quand la chaleur moite et étouffante s’abat sur la ville, New-York se vide … de ses épouses et de ses enfants. Ne reste dans les rues que les hommes – il faut bien que quelqu’un travaille et gagne de l’argent, et les célibataires peu farouches.

Richard Sherman (Tom Ewell )se jure qu’il ne cèdera pas à la tentation. Depuis sept ans qu’il est marié avec sa femme, cet éditeur de romans de poche au couvertures aguicheuses n’a jamais eu un regard pour une autre femme – et pourtant, les sollicitations étaient nombreuses, tente de lui souffler son imagination débridée.
Non, non, non, bobonne n’est pas là, mais il ne jettera pas un coup d’oeils aux beautées dénudées qui parcourent les rues, pas plus qu’il ne prendra un verre d’alcool ou une cigarette, choses formellement interdites par sa moitié.


Sauf que l’appartement du dessus a été loué à une jeune mannequin fraîche, spontanée et bavarde, (jouée par Marylin Monroe) et que tenir ses résolutions avec cette femme qui lui court après et son imagination ravivée par la chaleur de l’été n’est pas chose facile…


Cette comédie de Billie Wilder est un vrai régal. La confrontation entre cet homme banal et honnête et cette jeune fille qui me fait irrésistiblement penser à Holly Golightly de Breakfast at Tiffany’s a un potentiel comique remarquable, rehaussé encore par les interludes dans les fantasmes de Richard (un vrai auteur de romans Arlequins, ce Richard !).
Malgré le sujet particulièrement scabreux (un homme marié hésite à tromper sa femme avec une starlette-mannequin de photos de charme), la personnalité des deux personnages principaux, et en particulier leur naïveté, fait que le film échappe à toute vulgarité.


Oui, Marylin dévoile ses jambes sur une bouche de métro – mais il fait si chaud à NYC et l’air qui en sort est si frais (je veux qu’ils nous disent comment ils font pour avoir un métro frais en temps de canicule). Oui, elle descend en robe de soirée aux bretelles mal-ajustées et demande à Richard de les fermer – mais comment faire quand on vit seule pour faire ses nœuds dans le dos ? etc etc etc.
Il y a en plus une vraie connivence entre les deux acteurs. Marylin y est parfaite : elle est totalement naturelle dans ce rôle qui semble taillé pour elle. D’ailleurs, les quelques clins d’œil (elle a fait des photos de charme dans sa jeunesse ; « who is the blonde in the kitchen ? Well, maybe it’s Marylin Monroe) et le fait que le personnage qu’elle joue ne porte pas de nom, laisse planer un doute sur l’identité de The Girl.

Ce film est mythique et pourtant je ne l'ai jamais vu... ça me rappelle qu'il faut que je le fasse!!

On cherchait une comédie drôle et pas prise de tête pour la canicule et on l'a trouvée. C'est frais et délicieux !

Merci pour la présentation de ce film, Akina.

J'aime bien Sept ans de réflexion, même si je lui préfère Some like it hot, comédie plus élégante esthétiquement à cause du noir et blanc, et dont certaines répliques sont absolument cultissimes !

Sept ans de réflexion s'inspire d'une pièce de théâtre, et le film a conservé la trame du vaudeville écrit par George Axelrod. C'est un film qui pourrait être très vulgaire, mais qui échappe à cette vulgarité grâce, comme tu l'as dit, à la naïveté des deux personnages principaux.

Ce qui est très amusant dans le film, qui repose essentiellement sur le duo formé par les deux protagonistes, c'est la projection des fantasmes de Richard, qui effectivement a dû parcourir un peu trop de romans Harlequin pour les besoins de son métier. La scène où il se voit en train de jouer du Rachmaninov à une Marilyn habillée d'un fourreau en peu de panthère pour la séduire est à mourir de rire, surtout quand on peut constater de visu ses véritables talents de pianiste dans la scène qui suit !

L'ironie de Billy Wilder est d'ailleurs très présente dans le film, que ce soit dans la scène inaugurale où un parallèle est établi entre les rites des Indiens algonquins qui ont donné son nom à Manhattan, et les habitudes des New-Yorkais des années 1950.

Ironie qu'on retrouve quand le réalisateur se moque gentiment de la publicité que Marilyn a tournée pour une marque de dentifrice, où quand il tourne en dérision les techniques commerciales de sa maison d'édition pour vendre Les quatre filles du Dr March.

Bref, c'est un film que j'aime bien ; je pense d'ailleurs que certains éléments de l'intrigue pourraient être réutilisés avec profit dans un remake (les fantasmes de Richard, en particulier), mais je trouve que même si c'est une bonne comédie intéressante, le film manque parfois un peu de rythme et repose un peu trop sur le duo des acteurs principaux.

Pour la petite histoire, la scène du métro a été partiellement censurée dans  le film, de même que celle où Marilyn se coinçait l'orteil dans le robinet de sa baignoire et était obligée de faire appel à un plombier.

Merci pour ton avis et l'anecdote Popila.

D'ailleurs, pour l'anecdote people, le bruit a couru que le divorce de Marilyn et Joe Di Maggio aurait été provoqué par cette fameuse scène du métro!

Miss Virginia a écrit:

D'ailleurs, pour l'anecdote people, le bruit a couru que le divorce de Marilyn et Joe Di Maggio aurait été provoqué par cette fameuse scène du métro!

C'est effectivement la goutte d'eau qui a fait déborder le vase ; on rapporte que Joe Di Maggio a assisté en cachette à la scène de tournage, et qu'il n'aurait pas supporté de voir Marilyn se faire siffler par tous les badauds autour... d'où une scène de ménage affreuse au retour de Marilyn dans leur appartement.

Après le divorce, ils sont cependant restés bons amis, et Joe Di Maggio aurait même aimé épouser de nouveau Marilyn après son divorce d'avec Arthur Miller.

Une affiche du film que j'aime bien :

Sept ans de réflexion est le seul film de Marilyn Monroe que j'ai vu et il m'a beaucoup plu. Outre la mythique scène de la bouche de métro, j'ai surtout apprécié l'humour de ce film (à l'image de la séquence d'ouverture) et la relation entre les deux acteurs principaux.
Je dois d'ailleurs avouer que j'ai été assez surprise par Marilyn Monroe : je me l'imaginais surtout comme une blonde plantureuse mais sans réel talent, et même si son rôle joue un peu sur ce cliché je l'ai trouvé plutôt bonne actrice.

@Popila: cette affiche est sympa!

J'aime beaucoup cette affiche aussi (j'ai hésité à la mettre pour introduire le post, mais je voulais un rappel à la fameuse scène de la bouche de métro).

Je trouve aussi Marylin très bonne dans ce film. C'est l'un des films où je la trouve la meilleure (avec les Désaxées, où elle me bouleverse) : elle est drôle et fraîche, pleine de vivacité. Je me demande vraiment ce qu'aurait donné Breakfast at Tiffany's avec cette Marylin là.

J'ai aussi beaucoup aimé le clin d'oeil aux Quatre filles du Docteur March, la couverture totalement inappropriée et le coup de crayon rageur avec lequel Richard accentue les décolletés. On voit qu'il n'a pas lu le roman

sandie a écrit:

Je dois d'ailleurs avouer que j'ai été assez surprise par Marilyn Monroe : je me l'imaginais surtout comme une blonde plantureuse mais sans réel talent, et même si son rôle joue un peu sur ce cliché je l'ai trouvé plutôt bonne actrice.

Akina a écrit:

Je trouve aussi Marylin très bonne dans ce film. C'est l'un des films où je la trouve la meilleure (avec les Désaxées, où elle me bouleverse) : elle est drôle et fraîche, pleine de vivacité. Je me demande vraiment ce qu'aurait donné Breakfast at Tiffany's avec cette Marylin là.

Oui, même elle joue le rôle d'une blonde idiote, elle réussit à faire quelque chose d'intéressant de ce personnage et le joue avec un grand sens de la comédie. Elle met beaucoup de fraîcheur et d'ingénuité dans ce rôle.

Akina a écrit:

J'ai aussi beaucoup aimé le clin d'oeil aux Quatre filles du Docteur March, la couverture totalement inappropriée et le coup de crayon rageur avec lequel Richard accentue les décolletés. On voit qu'il n'a pas lu le roman

C'est un passage que je trouve très drôle !

Un gif animé de la scène du piano :

J'ai vraiment bien aimé le film.

L'interposition de scénettes dans lesquelles l'imagination de ce cher monsieur s'en donne à coeur joie est vraiment très drôle et même si ce dernier en fait des caisses, il est vraiment l'un des ressorts comiques de ce film.

Mais pour moi c'est enfin un film où Marylin est the MARYLIN. Jusqu'à ce film je n'avais jamais vraiment compris le mythe Marylin, pourquoi cette femme pas si belle que ça (en tout cas beaucoup moins que pas mal d'autres actrices hollywoodiennes) avait fini par acquérir le statut de mythe. Je continue à penser qu'elle n'est pas une actrice renversante (elle est toutefois très bien dans ce film et réussit à insuffler une vraie fraîcheur et ingénuité dans son rôle de jeune femme un peu trop affectueuse et un peu trop naïve) mais je l'ai trouvée absolument magnifique.

Pour la première fois j'ai compris pourquoi Truman Capote avait pensé à elle en écrivant Breakfast à Tiffanies et ça me fait plaisir ! Il est évident en voyant ce film que Capote l'avait en tête pour écrire sa nouvelle.

Bref, un excellent moment de cinéma, frais, drôle et pas du tout vulgaire !