Forum des amoureux de la littérature et de la culture anglaise |
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| | Love and friendship, le film de Whit Stillman adapté de Lady Susan | |
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Auteur | Message |
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JenniferEhle Swoon addict
| Sujet: Re: Love and friendship, le film de Whit Stillman adapté de Lady Susan Mer 23 Mar - 19:36 | |
| La bande annonce est un brin longue, non... |
| | | Emjy Bookworm
| Sujet: Re: Love and friendship, le film de Whit Stillman adapté de Lady Susan Sam 26 Mar - 14:29 | |
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| | | Emjy Bookworm
| | | | Titine75 Helstone rose
| Sujet: Re: Love and friendship, le film de Whit Stillman adapté de Lady Susan Ven 1 Avr - 9:19 | |
| L'affiche est splendide ! |
| | | Emjy Bookworm
| Sujet: Re: Love and friendship, le film de Whit Stillman adapté de Lady Susan Sam 16 Avr - 11:47 | |
| Une première critique du film en français : - Citation :
- Géniale adaptation d’une nouvelle de Jane Austen, Love And Friendship délaisse le romanesque et fait découvrir une facette moins connue mais pas moins brillante de la célèbre romancière anglaise.
Voilà Lady Susan bien embêtée. Fraîchement veuve, cette séductrice hors-pair se retrouve dans une situation financière des plus inconfortables pour une femme de la haute société anglaise. Elle se met donc en quête d’un mari pour elle et pour sa fille, accompagnée dans son entreprise par son amie de toujours, Alicia Johnson.
Notre avis : En voila un drôle de film. Un Américain revisite une nouvelle de Jane Austen avec Kate Beckinsale en tête d’affiche. On avait le droit d’être sceptique. Non pas qu’on ait une dent contre l’actrice, plus habituée aux blockbusters et aux rôles physiques d’action woman, mais le rôle à contre-emploi est un pari risqué, et le XVIIIème siècle d’Austen une affaire de raffinement. A l’arrivée, force est de constater qu’il y a beaucoup d’intelligence à l’écran. Dans un écrin qui laisse la place aux acteurs, Whit Stillman orchestre un marivaudage souvent très drôle, succession de chassés-croisés amoureux, intéressés, passionnés où non. Bavard, le film se place en vraie comédie de mœurs, avec ces rendez-vous dans des salons où l’on se guinde pour disserter longuement mais avec raffinement des malheurs des autres. Au cœur de la tourmente, il y a Lady Susan. Calculatrice, manipulatrice, et pourtant pragmatique à une époque où les femmes devaient ruser pour exister au delà de leur condition, Lady Susan joue de la fascination qu’elle exerce sur les hommes pour tisser sa toile. Cette veuve faussement éplorée, c’est Kate Beckinsale, surprenante dans un rôle qu’on aurait juré fait pour une autre. On mange son chapeau et on s’incline devant ce délicieux mélange de charme et de cynisme qu’elle incarne à hauteur des autres comédiens, tous formidables. Mention spéciale à Tom Bennett, hilarant dans la peau de Sir James Martin, prétendant benêt qui s’extasie devant une assiette de petits pois. Sa première apparition, mémorable, est un moment de comédie jubilatoire. La mise en scène de Whit Stillman est un cas d’école. Dépouillée du romantisme habituellement à l’œuvre dans les adaptations d’Austen (revoir Raisons et sentiments et Orgueils et préjugés), elle mise sur l’épure visuelle et se pare d’un réalisme jusqu’au-boutiste, la musique de Benjamin Esdraffo allant même jusqu’à reproduire le style musical de l’époque. On pourra reprocher à Stillman de négliger parfois sa lumière, certains plans surexposés étant à la limite de l’amateurisme, quand d’autres sont magnifiquement composés. Qu’importe, tant la matière narrative est utilisée à plein régime. L’utilisation judicieuse du champ contre-champ rend compte du petit théâtre qui se joue, moquant les protocoles de l’époque. Par le refus des à-côtés, Stillman se met au service des acteurs et du texte, qu’il a lui-même adapté de la nouvelle de Jane Austen. Et rend ainsi hommage à la femme de lettre au delà de l’image d’Epinal. _________________ |
| | | Shelbylee Bookworm
| Sujet: Re: Love and friendship, le film de Whit Stillman adapté de Lady Susan Sam 16 Avr - 11:53 | |
| Mouais. Déjà elle ne sait pas que Kate Beckinsale a joué Emma. Ensuite, elle parle de versions de P&P et de S&S comme s'il n'y en avait qu'une à chaque fois. Je me ferai mon avis par moi-même quand je pourrai. _________________ |
| | | Emjy Bookworm
| Sujet: Re: Love and friendship, le film de Whit Stillman adapté de Lady Susan Sam 16 Avr - 11:58 | |
| Il ne faut pas se leurrer, la plupart des critiques ciné auront vu moins d'adaptations de Jane Austen que nous. _________________ |
| | | lilypad Delicious silence
| | | | Shelbylee Bookworm
| Sujet: Re: Love and friendship, le film de Whit Stillman adapté de Lady Susan Dim 17 Avr - 7:52 | |
| Ce n'est pas tant qu'elle ne le sache pas, c'est la façon dont elle le dit, elle énonce des certitudes sans avoir effectué une simple recherche internet. Après je ne connais pas le site, je ne sais pas qui écrit la-dessus. _________________ |
| | | Emjy Bookworm
| Sujet: Re: Love and friendship, le film de Whit Stillman adapté de Lady Susan Mar 26 Avr - 18:44 | |
| Une nouvelle photo du film : _________________ |
| | | Caelan Bookworm
| Sujet: Re: Love and friendship, le film de Whit Stillman adapté de Lady Susan Mer 27 Avr - 8:14 | |
| Je suis d'accord avec vous sur cette critique. Je ne m'y fie pas du tout. J'ai hâte de découvrir cette adaptation par moi-même. |
| | | Emjy Bookworm
| Sujet: Re: Love and friendship, le film de Whit Stillman adapté de Lady Susan Jeu 5 Mai - 10:29 | |
| Une autre affichette : _________________ |
| | | AnGee Bookworm
| Sujet: Re: Love and friendship, le film de Whit Stillman adapté de Lady Susan Jeu 5 Mai - 15:55 | |
| Très jolie! J'espère vraiment pouvoir voir ce film en salles, même si je ne suis pas très optimiste. |
| | | Emjy Bookworm
| Sujet: Re: Love and friendship, le film de Whit Stillman adapté de Lady Susan Dim 19 Juin - 13:00 | |
| J'ai vu le film en avant-première en début de semaine, dans le cadre du Festival du Cinéma américain des Champs Elysées, et mon avis est très enthousiaste ! Nous n'avons pas eu droit à une adaptation cinématographique d'un roman de Jane Austen depuis une décennie et c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai découvert cette transposition à l'écran de Lady Susan, une œuvre méconnue mais oh combien intéressante. Dès la première seconde, le spectateur comprend que le film se situera bien davantage dans une veine ironique et satirique que romantique. C'est un choix qui sera assumé et revendiqué par le réalisateur du début à la fin et qui déconcertera peut-être les spectateurs qui avaient jusqu'ici une autre image de l'œuvre de Jane Austen. Whit Stillman a décidé de livrer une adaptation irrévérencieuse et presque féroce de la nouvelle épistolaire de Jane Austen et c'est tant mieux. Il s'en donne à cœur joie et ça se ressent dans tous les aspects de son film. Je crois que je n'ai jamais autant ri devant une adaptation d'une œuvre de Jane Austen, les rires fusaient dans toute la salle, ce qui était assez enthousiasmant. Love & Friendship est un film impertinent, plein de verve et d'allant, et à l'image parfaite de son (anti-)héroïne, la séduisante et perfide Lady Susan Vernon. Lady Susan est incarnée par une Kate Beckinsale au meilleur de sa forme et tellement à l'aise dans ce rôle qu'il semble avoir été écrit sur mesure pour elle. C'est un réel plaisir de retrouver cette actrice dans une production de qualité et surtout dans un rôle qui lui permet d'exprimer son talent. Elle sait exactement comment poser sa voix et fait preuve de beaucoup de distinction et d'élégance dans sa manière de se mouvoir. Il y a quelque chose de moderne dans son interprétation et en même temps elle est très crédible en lady du XIXème siècle. L'actrice Kate Beckinsale semble beaucoup s'être amusée à jouer une partition aussi délicate, son jeu est plein de mordant et de finesse. Tout le casting est formidable. Chloe Sevigny incarne une Mrs Johnson, amie et complice des vices de Lady Susan, avec beaucoup d'aplomb. Quelle bonne idée d'avoir fait d'elle une américaine ! Les blagues que Lady Susan fait sur l'Amérique sont assez impitoyables. Xavier Samuel est également très bon en jeune premier, un rôle difficile car même s'il est séduisant il devient pathétique car tourné en ridicule par les constantes manipulations de Lady Susan qui n'a de cesse de flatter son égo. Stephen Fry est excellent dans les rares scènes où il apparaît mais la palme du rôle comique revient sans le moindre doute à Tom Bennett. L'acteur se révèle être l'incarnation parfaite de la bouffonerie et de la crétinerie si souvent moquée par Jane Austen. A chacune de ses apparitions (fort remarquées), on assiste à un festival de bêtise. Ce n'est pas tant ce qu'il dit qui est drôle que la manière dont il le dit. Cet acteur a un vrai talent de comédien et mérite tous les éloges qu'il a reçus de la presse américaine et britannique. Son personnage aurait, à mon avis, ravi Jane Austen ! Sir James apparaît bien dans la nouvelle (son rôle est même majeur dans le déroulement de l'intrigue) mais son rôle a été largement développé dans le film. Whit Stillman a très bien saisi son potentiel comique et a modelé un personnage absolument réjouissant. Les acteurs secondaires ne sont pas en reste et parviennent tous à trouver leur place dans un récit qui abonde pourtant de personnages. Whit Stillman a livré ici un remarquable travail de scénariste. Le film n'est pas une illustration de la nouvelle. L'intrigue a été fidèlement adaptée mais le réalisateur a été bien au delà. On sent son admiration pour Jane Austen transparaître tout au long du récit mais on sent également qu'il a mis beaucoup de lui-même dans son film. Son esprit et sa verve sont bien là et le résultat s'avère résolument moderne. La mise en scène est solide et de bonne tenue, les dialogues ciselés et spirituels, le montage adroit. C'est vraiment du bel ouvrage. J'ai notamment beaucoup apprécié l'ouverture du film avec la présentation des personnages sous forme de vignettes. Ici, l'ironie prend vie aussi bien dans la forme que dans le fond. Comme tous les récits de Jane Austen, cette comédie de moeurs repose essentiellement sur le jeu des illusions (et des désillusions). Ce jeu se retrouve bien au cœur de la mise en scène du film mais la nouvelle, dans son ensemble, n'a pas du être une mince affaire à adapter. Sa forme épistolaire a heureusement été très bien transposée à l'écran. Le réalisateur a du opérer quelques modifications et ajustements pour donner plus de fluidité et d'épaisseur son adaptation. Il a notamment créé le personnage de Mrs Cross, la gouvernante de Lady Susan, pour lui donner une confidente, et ainsi créer une autre victime et témoin de ses méfaits et de son manque total de moralité. Stillman fait preuve de beaucoup de dextérité dans la construction de son récit. Certains critiques de cinéma enthousiastes ont exprimé leur reconnaissance à Whit Stillman pour avoir "dépoussiérer Jane Austen". C'est absurde quand on sait à quel point Jane Austen - qui avait écrit cette nouvelle alors qu'elle n'était qu'une jeune fille de 17 ans- est moderne, et Whit Stillman l'a d'ailleurs bien compris aussi ! Son film est très soigné mais n'est pas sage pour autant. Il a quelque chose de jubilatoire. Inutile de vous dire que je le reverrai avec plaisir si j'en ai l'occasion _________________ |
| | | Shelbylee Bookworm
| Sujet: Re: Love and friendship, le film de Whit Stillman adapté de Lady Susan Dim 19 Juin - 15:15 | |
| Inutile de dire que ton avis donne très très très envie de le voir ! _________________ |
| | | Emjy Bookworm
| Sujet: Re: Love and friendship, le film de Whit Stillman adapté de Lady Susan Dim 19 Juin - 17:16 | |
| Tu as eu le courage de lire mon avis jusqu'au bout ? Je te souhaite de pouvoir le voir en tous cas ! Ca fait longtemps que je n'avais pas eu une aussi bonne comédie ! _________________ |
| | | AnGee Bookworm
| Sujet: Re: Love and friendship, le film de Whit Stillman adapté de Lady Susan Dim 19 Juin - 19:52 | |
| En voilà un avis très détaillé! J'attends beaucoup du casting, et ce que tu en dis me rassure. J'ai vraiment hâte de le voir |
| | | Emjy Bookworm
| Sujet: Re: Love and friendship, le film de Whit Stillman adapté de Lady Susan Lun 20 Juin - 17:14 | |
| J'ai mis du temps à rédiger mon avis, je voulais qu'il soit détaillé Ce film s'est classé dans la liste de mes adaptations de JA préférés alors je voulais me décarcasser un peu _________________ |
| | | Scarlatiine Bookworm
| Sujet: Re: Love and friendship, le film de Whit Stillman adapté de Lady Susan Lun 20 Juin - 17:18 | |
| Merci de cet avis si enthousiaste, Emjy (Oui, j'ai tout lu ) Il y a peu de chances que le film passe au cinéma par chez moi, alors j'espère que le film sortira en DVD pour que je puisse le voir |
| | | Rebus Star-crossed lover
| Sujet: Re: Love and friendship, le film de Whit Stillman adapté de Lady Susan Mer 22 Juin - 13:36 | |
| Un avis qui donne envie de découvrir l'adaptation. |
| | | Emjy Bookworm
| Sujet: Re: Love and friendship, le film de Whit Stillman adapté de Lady Susan Mer 22 Juin - 18:34 | |
| Il y a une interview fort intéressante de Whit Stillman dans Libération (je pense que ce qu'il dit ne plaira pas à tout le monde ) Whit Stillman «Ceux qui l’adaptent se fichent de Jane Austen»
Par Elisabeth Franck-Dumas — 21 juin 2016 à 19:41 Rencontre à Paris avec le réalisateur américain Whit Stillman pour la sortie de «Love and Friendship». - Citation :
- C’est agréable de passer une heure en compagnie de Whit Stillman. Il pleut à tout rompre sur les Champs-Elysées et on est là, dans un salon, à parler de Samuel Johnson et de Jane Austen, du casting des voitures à cheval, des cours que cette figure du cinéma américain indépendant a suivis jadis à Harvard. Stillman maîtrise l’art de la conversation qu’il met en scène dans ses films, il est drôle et précis, cultivé et un rien précieux. Love and Friendship fait un carton aux Etats-Unis et en Angleterre, mais ce qui le réjouit vraiment, c’est d’être enfin distribué en Hollande, une première.
Il y a une sorte d’évidence à vous voir adapter Jane Austen…
Oui, et en même temps, il y a une part accidentelle dans tout ce qu’on fait. Ma carrière est faite de hasards. Lorsque j’ai terminé le scénario de Metropolitan, je ne savais même pas si j’aurais l’argent pour le réaliser. Et puis cela s’est fait, et j’ai pensé qu’une carrière conventionnelle s’ouvrait à moi, qu’on me donnerait des films à réaliser. Mais j’avais déjà commencé l’écriture de Barcelona, donc je l’ai tourné, et une trame est apparue : je faisais des films sur des choses que je connaissais intimement. J’avais eu l’idée de faire les Derniers Jours du disco en montant Barcelona, car les scènes de danse m’avaient plu, donc je me suis lancé. Et c’est à ce moment qu’une productrice adorable, Lindsay Doran, m’a proposé de réaliser Raison et Sentiments, d’après le scénario écrit par Emma Thompson. Ce n’était pas le bon moment, j’étais dévoré par Barcelona, je rêvais des Derniers Jours…
Donc ?
Donc je n’ai pas été emballé par le scénario. J’ai lu le roman, et me suis rendu compte qu’Emma Thompson s’était emparée des scènes dialoguées en négligeant les deux premiers chapitres, qui décrivent la situation de ces personnages [une mère et ses deux filles se retrouvant sans le sou à la mort de leur mari et père, le fils aîné ayant été avantagé, ndlr]. Alors qu’à mon sens, c’est cette situation qui est intéressante, et même émouvante. Ils ont fini par incorporer ces éléments, mais ce n’est pas moi qui ai fait le film, que par ailleurs j’aime beaucoup. Ang Lee et Emma Thompson ont parfaitement réussi cette version romantique. Plus tard, je suis tombé sur Lady Susan, qui m’a séduit car il avait un côté un peu fou, un peu morceau de musique, que je voyais porté à l’écran à la manière de pièces d’Oscar Wilde. Ce fut un processus très long.
Vous avez regardé d’autres adaptations d’Austen ?
Au moins les dix premières minutes (rires).
Pensez-vous qu’Austen est souvent mal lue, qu’on passe à côté de son humour ?
Oui. A mon sens, la plupart des gens qui l’adaptent se fichent d’Austen. Ils n’ont pas l’air de comprendre ses livres. Je pense qu’il y a trois références : le film d’Ang Lee, la série de la BBC d’après Orgueil et Préjugés, et mon film désormais, enfin je l’espère. Les répliques les plus drôles sont tirées du livre, même si j’ai parfois dû simplifier un peu.
Pourquoi avoir décidé de reprendre le duo d’actrices des Derniers Jours… ?
On a d’abord su que Chloë serait de la partie, et on a attendu pour Kate. Il y a quelque chose de magique à les retrouver ainsi et les voir dans cette relation positive, bien moins toxique que celle des Derniers Jours , qui a dû rebuter les spectateurs à l’époque. Ce qui est drôle, c’est qu’en lisant Lady Susan , je m’étais tout de suite dit que Kate serait formidable, mais elle était trop jeune à l’époque. Il m’a fallu tant de temps pour finir le scénario et trouver les financements qu’elle a fini par avoir le bon âge.
Il y a quelque chose de génial dans son apparence, idéale pour une veuve joyeuse…
L’écrivain Stephen Fry [qui joue dans le film] dit que les personnages ne sont jamais décrits dans les romans d’Austen. Mais dans Lady Susan, on trouve au contraire beaucoup de descriptions de Susan, sur le mode «une jeune et belle mère de 35 ans qui en fait dix de moins». Et ça, c’est Kate.
Les costumes frôlent le too much, c’est fait exprès ?
Oui, on s’est amusés. Comme Austen a écrit ce livre vers 1793, on pouvait utiliser des costumes plus intéressants qu’à l’époque de la Régence anglaise [1811-1820] , celle de ses romans les plus connus. Il y a des robes sexy pour les filles, des habits colorés pour les garçons. Les tenues de Kate suivent une trajectoire qui la voit sortir de ses nippes noires de deuil pour finir en rouge bordel. A la réflexion, je n’aime pas tout, il y a une ou deux robes qui m’irritent, mais je vis avec.
Pourquoi êtes-vous sensible à la condition féminine de ces années-là, à ces femmes qui se retrouvaient du jour au lendemain démunies ?
Parce que j’ai eu une belle mère ! J’ai vu beaucoup de situations similaires. On me demande parfois si Lady Susan pourrait exister aujourd’hui : il n’y a qu’à se promener sur les terrains de jeu des très riches.
Mais la structure sociale figée de l’époque y était pour quelque chose…
Oui, tout le monde avait l’esprit pratique, c’était avant que l’amour romantique ne devienne une raison valable de se marier. Chaque parti devait apporter quelque chose à l’équation économique. C’est pour cela que Jane Austen ne s’est jamais mariée, elle n’avait pas la dot suffisante.
C’est un bon moteur pour un scénario ?
Très bon, oui. Ça, et le fait que les gens devaient se comporter de façon respectable.
Que lisez-vous ?
Presque uniquement des biographies, des livres historiques, ou alors de vieux livres : Balzac, Tolstoï, Austen, ou Thomas Love Peacock, qui était dans le cercle de Shelley et Byron, et écrivait des romans satiriques vers 1820. J’aime aussi Evelyn Waugh, Salinger, Fitzgerald. Et cette écrivaine contemporaine new-yorkaise, Melissa Bank. C’est la Jane Austen de notre temps.
Vous vivez une vie très française ici…
Je vis avec une femme française qui a de nombreux enfants, alors en un sens, oui. Mais je n’ai pas répété l’erreur de vouloir à tout prix parler français avec tout le monde, comme je l’avais fait la première fois. Je crois que beaucoup de gens ont dû penser à l’époque que j’étais complètement idiot. De toute façon, Marianne, la femme avec qui je vis, dit que je parle français comme Zorro. Je suis entouré de gens qui ont un peu le même profil que moi, mélangé. Comme le romancier Mark Greene, dont la mère est française, le père américain, et qui a grandi à Madrid.
Vous aimez écrire ?
Je déteste ça ! Enfin, je déteste ça jusqu’à ce que je ne déteste plus. Il faut arriver à ce moment où les personnages prennent vie, sont autonomes et ne dépendent pas seulement de vous et de vos efforts pathétiques pour imaginer des choses. C’est pour cela que ce fut merveilleux de voir Tom Bennett débarquer sur le tournage, si drôle. Les scènes écrites à ce moment-là sont bien meilleures que les autres. Je déteste les débuts. Mon moment préféré, c’est celui où le film est enfin sorti, où quelqu’un l’a aimé, et où j’en parle !
Vous regardez des films français ?
J’aime beaucoup les comédies grand public. C’est vraiment important pour le cinéma américain que la France continue à en produire, car la seule manière qu’il y en ait aux Etats-Unis, c’est d’en faire un remake. J’avais essayé il y a quelques années d’adapter la Dilettante, de Pascal Thomas. Sans succès, pourtant je pense que ce serait formidable. Et je dois avouer que j’aime beaucoup les films de Francis Veber. J’ai le droit de dire ça ? Ou est-ce que Libé va arrêter de me suivre ?
Comment avez-vous réagi à la tuerie d’Orlando, vous qui aimez tant les clubs ?
J’essaie de réagir le moins possible à l’actualité. Mais il semble que nous soyons entrés dans une guerre à long terme, que j’associerais aux mouvements anarchistes d’il y a cent vingt ans. Je sais que désormais, il y a un aspect religieux, un côté guerre des civilisations, mais j’estime que c’est une forme de violence anarchiste qui attire des individus malades. Il y a ce débat : est-ce de la politique ou de la maladie mentale ? Mais c’est oublier qu’il y a beaucoup de maladie mentale en politique !
_________________ |
| | | Freyja Swoon addict
| Sujet: Re: Love and friendship, le film de Whit Stillman adapté de Lady Susan Mer 22 Juin - 21:27 | |
| Je viens d'aller voir ce film, et se sera bien difficile de faire une construite aussi longue et élogieuse qu'Emjy, mais je rejoins totalement son avis. Ce film m'a enchanté, et, comme elle le dit, j'ai beaucoup ri. C'est très drôle, très mordant. Je trouve que ça correspond bien à Jane Austen. Il y a longtemps que j'ai lu Lady Susan, je n'ai donc plus vraiment tous les éléments en tête, mais j'ai vraiment adoré cette adaptation! |
| | | Julia Bookworm
| Sujet: Re: Love and friendship, le film de Whit Stillman adapté de Lady Susan Jeu 23 Juin - 12:01 | |
| Je viens de lire l'interview de Whit Stilman et il cite Melissa Bank comme la Jane Austen de notre temps! J'adore cette auteure! Il faut vite que j'aille voir ce film! |
| | | Emjy Bookworm
| Sujet: Re: Love and friendship, le film de Whit Stillman adapté de Lady Susan Jeu 23 Juin - 16:57 | |
| @ Freyja : Contente de lire un autre avis enthousiaste sur ce film ! J'ai moi aussi beaucoup apprécié le mordant dont Whit Stillman fait preuve tout au long du récit. Les autres adaptations ne mettent pas forcément aussi bien en valeur l'ironie très critique de Jane Austen. @ Julia : C'est amusant de voir W. Stillman citer Melissa Bank mais finalement, je ne suis pas si étonnée que ça. Je trouve qu'ils ont un humour assez similaire. J'ai hâte d'avoir ton avis sur le film en tous cas _________________ |
| | | Constance Bookworm
| Sujet: Re: Love and friendship, le film de Whit Stillman adapté de Lady Susan Jeu 23 Juin - 19:28 | |
| Si j'ai le courage de descendre jusque Lyon le film y est programmé, ça serait vraiment dommage de passer à côté cette interview est fort intéressante |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Love and friendship, le film de Whit Stillman adapté de Lady Susan | |
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| | | | Love and friendship, le film de Whit Stillman adapté de Lady Susan | |
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