Oh, boy ! (de Marie-Aude Murail).

J'ai lu cet ouvrage au cours du mois de janvier, et je me décide enfin à le chroniquer ici et à donner mon avis sur ce qui constitue le troisième ouvrage de Marie-Aude Murail que je lis.

Citation :

Oh, boy !, c'est l'expression qui sort des lèvres de Barthélémy Morlevent, 26 ans, quand il est dépassé par les événements. Et, justement, les événements se précipitent lorsque lui tombe du ciel Siméon (14 ans), Morgane (huit ans) et Venise (cinq ans), trois demi-frère et sœurs, orphelins de fraîche date dont il est la seule famille. Ou presque. Car il a déjà une demi-sœur, plus âgée, plus "rangée" aussi. Lequel de ces deux aînés "héritera" de la jeune fratrie, dont les membres ont juré de ne pas se séparer ?

Beaucoup, beaucoup de choses dans ce roman magnifique. Il est question de deuil, de maladie, d'homosexualité. Il est question aussi (et surtout) d'amour, d'affection fraternelle. Tout cela est abordé avec infiniment de pudeur, d'humour et de sensibilité. Au cœur d'une situation a priori dramatique, on rit souvent et on a aussi, à plusieurs reprises, une grosse boule d'émotion dans la gorge, tant les situations, de joie ou de peines, sont fortes, tant les personnages sont attachants. L'écriture épurée de Marie-Aude Murail tisse un roman qui a la finesse et la délicatesse de la dentelle, un roman à dévorer et à savourer, un roman dont il est bien difficile de s'extraire avant la fin, un de ces romans qui vous marquent pour longtemps.

Marie-Aude Murail a le don d'aborder des sujets douloureux avec humour, douceur et sensibilité, sans pour autant faire dans la guimauve et le consensuel. Elle a l'art de croquer les personnages à la manière d'un Sempé, à l'aide d'un mot, d'une image, et pas n'importe lesquels : jamais de banalités chez elle, son style est profondément simple et original. En quelques traits tout est dit.

Le chapitre 13, qui ne contient rien pour ne pas porter malheur aux héros du livre déjà bien malmenés, m'a beaucoup plu : c'est typiquement un procédé à la Laurence Sterne, un auteur anglais du XVIIIème siècle que j'affectionne beaucoup.

Les deux frères et les deux soeurs, qui appartiennent pour les uns à la catégorie des gens beaux et sans esprit, et pour les autres à la catégorie des gens laids et spirituels, m'ont fait penser à la structure du conte de Perrault, Riquet à la Houppe, et au travail d'Agnès Jaoui.

La fin du livre, toutefois est un peu abrupte, ce qui fait que je ne place pas Oh boy au même niveau que Simple ; de plus, je ne suis pas absolument convaincue que la façon dont est dépeint le personnage de l'homosexuel soit dépourvue de tout cliché.

Cet ouvrage reste toutefois très agréable à lire ; on sent que Simple lui doit quelque chose et que ce roman, plus abouti à mon sens, est déjà en germe dans Oh, Boy !

Et vous, qu'avez-vous pensé de cet ouvrage ?

Oh Boy! fut l'un de mes premiers coups de coeur de l'année 2010
J'aime cette fratrie un peu particulière qui n'était sans me rappeller par moment les Orphelins Baudelaires et je m'y suis très vite attachée
En le finissant je me disais que Marie Aude Murail (dont j'avais déjà lu Vive La République peu de temps avant) avait décidément l'art de traiter de sujets difficiles (mort, maladie, deuil...) sans jamais tomber dans un pathos excessif, et je trouve appréciable.
J'aime aussi le fait qu'elle a beau être un auteur estampillé jeunesse, elle ne prend jamais son lectorat pour des imbéciles ou des gens simples, ni même pour des enfants. Elle n'est jamais condescendante et n'essaie pas de leur cacher la vérité. Elle raconte les choses comme elles sont, elle dit la vérité sans la déguisée, et pour ça je l'admire beaucoup.
Par dessus tout, elle arrive à éviter les grosses ficelles, les grandes facilités. Je pense notament au fait que même si Siméon, Morgane et Venise se sont particulièrement attachés à Barthélémy et le préfère de toute évidence,

Spoiler:

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Bref j'ai été très emballée par sa lecture, et je regrette juste qu'il fut si court. En tout cas, Marie Aude Murail est désormais un auteur qui va prendre une grande place dans ma bibliothèque car je suis bien décidée à ne pas m'arrêter en si bon chemin

Popila a écrit:

de plus, je ne suis pas absolument convaincue que la façon dont est dépeint le personnage de l'homosexuel soit dépourvue de tout cliché.

Je suis d'accord avec toi. Le trait est un peu forcé pour décrire Barthélémy. Mais c'est une caricature qui est faite avec humour, et avec beaucoup d'affection. On peut donc le lui pardonner, non ? Ce que j'ai apprécié, c'est le docteur qui lui aussi est gay, mais c'est une personne très simple, qui ne se met pas trop en avant (ou en tout cas qui est moins extraverti). Son personne pour le coup échappe au cliché. Ce jeu de contraste n'est pas inintéressant. Cela dit tu as raison, certains traits de caractère de Barthélémy sont un peu facile.

C'est le premier roman de Marie-Aude Murail que j'ai lu. J'ai suivi les conseils d'Emjy, et puis surtout je l'ai lu après avoir l'adaptation sur France 2.

Je n'ai trouvé que cette vidéo sur le net. C'est le début du téléfilm. Là encore on tombe un peu dans le cliché. Pour ceux ou celles qui ne l'ont pas vu, cela peut vous donner une petite idée.



Le téléfilm est plutôt sympa. Ce qui m'a plu c'est surtout les dialogues très drôles. L'histoire est intéressante, sans tomber dans la guimauve. On aime très rapidement cette famille. Pour moi c'est un programme plutôt léger.

J'ai donc lu le roman après, et mon regard sur le téléfilm a bien changé ! D'habitude quand je regarde une adaptation, je n'aime pas pointer du doigt les différences : "il manque cette scène", "ils ont supprimé ce passage". Je sais qu'une adaptation doit modifier des éléments. Mais pour une fois j'ai été étonné des changements. Finalement ils mettent en lumière le fait que Marie Aude Murail ne prend pas de gants, aborde des sujets difficiles, et n'a pas peur de parler de sujets graves aux enfants !!

Finalement deux points m'ont gêné :
Siméon ne tombe pas malade !! Pour moi, c'est un des thèmes les plus importants du roman. La maladie d'un enfant. C'est ça qui fait un peu grandir tout le monde. Le téléfilm évite ce sujet. Le docteur ne tombe pas du tout amoureux de Barthélémy. Donc là pour le coup tout est bien dans le cliché. Barthélémy quitte un copain infecte, pour finir célibataire. Le téléfilm est donc plutôt une déception, même s'il garde les dialogues hilarants et légers.

Je donne ici plus mon avis du téléfilm finalement .

Le roman pour moi est très bien écrit. Le style se fait drôle, puis grave. L'humour est omniprésent. Les personnages sont bien croqués. L'intrigue nous surprend, et aborde des thèmes intéressants, et d'actualité. Une très belle famille qu'on quitte avec regret.

Oh Boy est actuellement joué au théâtre à Paris : http://www.telerama.fr/art/oh-boy,58580.php

Citation :

Par contre là je viens de voir l'extrait vidéo du téléfilm et je suis bouche-bée... ça semble horrible comme adaptation.

Horrible, c'est bien le mot Je l'ai vu lors de sa diffusion et je ne m'en suis toujours pas remise
A mon sens, il est très difficile d'adapter MA Murail à l'écran tant l'intrigue et les personnages reposent sur le ton et l'humour de l'auteur.
Je suis contente que tu aies autant aimé Oh, Boy en tous cas. J'espère que tu te laisseras bientôt tenter par Simple, qui est peut-être mon préféré

Il parait que j'ai lu Oh Boy! mais ça devait être dans une vie antérieure parce que je n'en avais aucun souvenir! J'ai, en tout cas, bien fait car ce fut un véritable coup de coeur, je l'ai lu en 2 heures...C'est vous dire!

Marie-Aude Murail a le chic pour parler de sujets très durs, très graves, très touchy mais d'une façon toujours parfaite. Il n'y a ni vulgarité, ni outrance dans le propos et surtout ni pathos. Elle dédramatise des situations terribles. Oh boy! est un livre d'apprentissage dans tous les sens du terme, à la fois pour les héros mais aussi pour le lecteur.

Les jeunes Morlevent ont déjà vécu plus que leur part: un père qui les abandonne, une mère qui se suicide et les voila seuls au monde. Seulement, Siméon Morlevent est un génie: à 14 ans il est déjà en Terminale scientifique et prend en charge sa fratrie avec le serment "Morlevent ou la mort". On sent dans ce jeune homme une force de caractère extrême. C'est un personnage réservé mais très attachant.
Morgane est le de Siméon, sa copie, sa meilleure amie. C'est aussi une petite fille volontaire et très réservée mais qui a son charme.
Quant à Venise (j'adore son prénom) c'est effectivement la petite fille parfaite. En plus de ça, elle est drôle et intelligente aussi comme dans le passage chez le psy où elle explique une situation complexe d'une façon extrêmement simple sans que personne ne le lui demande.

Cette fratrie Morlevent est très cohérente et bien construite. Il est vrai que Morgane est la moins développée et que Siméon et Venise tirent la couverture à eux, cela dit sans elle la fratrie manquerait d'un petit truc.

Quant aux deux autres Morlevent il forme un ensemble assez incongru. Pour moi le choix est fait: je prends Barthélemy. Il est un peu comme Venise, tout le monde l'aime. Cela dit, il est aussi particulièrement agaçant quand il refuse de faire un choix ou est incapable de se secouer. Son côté lâche m'a vraiment agacé, cela dit, cela fait de Bart un personnage réel, avec des défauts et des qualités normales et même si il s'améliore visiblement au contact de son frère et de ses soeurs, son évolution n'est pas spectaculaire. Le tout reste crédible.
Quant à la soeur, je ne l'aime pas: tout simplement parce qu'elle est probablement la seule à ne pas avoir changer. Il y a un désir égoïste primaire chez elle qui m'empêche de l'apprécier et à la fin du roman elle reste fidèle à elle-même.

En parlant de la fin je l'ai beaucoup apprécié. Sans être un excellent happy end, elle a le mérite d'être réaliste et de coller à l'histoire. Je n'aurai pas aimé une super résolution d'un coup de baguette, cela aurait cassé le roman.

L'écriture de Marie-Aude Murail est sublime comme d'habitude, des phrases percutantes, du vocabulaire recherché et un style particulièrement fluide. Le chapitre 13 m'a fait mourir de rire!!! C'est tellement bien pensé que je n'en reviens toujours pas.

J'admire ce roman, car il a été écrit il y a 12 ans déjà et il n'a pas pris une ride. Elle aborde à la fois: l'abandon, la mort, le monde judiciaire, la maladie, les femmes battues, les familles recomposées et les relations familiales et enfin l'homosexualité sans être ni lourd ni vulgaire. Tout coule de source et malgré des sujets très durs l'ensemble est étonnamment léger. Le lecteur apprend autant que les enfants Morlevent. Un livre excellent pour aborder beaucoup de sujet qui peuvent être difficile de partager avec ses enfants. Un roman sur l'amour et la tolérance, le respect des uns et des autres qui n'est jamais moraliste. C'est admirable de voir le nombre de sujets difficiles abordés dans un même roman de moins de 200 pages!!!

Un énorme coup de coeur et chapeau bas à l'artiste!

Petite info pour les belges, Plug Tv rediffuse "On ne choisit pas ses parents" le téléfilm adapté de "Oh, boy!" ce samedi soir.

Trouvé sur un vide grenier, je les placé dans le haut de ma PAL à suivre donc...

Bonne lecture Miss Woodhouse J'ai lu ce roman il y a plusieurs années et si je me souvient pas des détails, je me rappelle que je l'avais beaucoup aimé