Forum des amoureux de la littérature et de la culture anglaise |
Bienvenue sur Whoopsy Daisy Whoopsy Daisy n'est pas un blog, mais un forum participatif: participez !
|
|
| Boulevard du crépuscule - Sunset Boulevard de Billy Wilder (1950) | |
| | Auteur | Message |
---|
Pickwick Swoon addict
| Sujet: Boulevard du crépuscule - Sunset Boulevard de Billy Wilder (1950) Lun 9 Juil - 15:31 | |
| Sunset Boulevard est un film de Billy Wilder, datant de 1950, classé dans les 20 meilleurs films de tous les temps par l'American Film Institute et duquel sont tirées deux des meilleures répliques de l'histoire du cinéma, dont le sublime "I am big, it's the pictures that got small!". L'histoire s'ouvre sur l'assassinat d'un homme, que l'on retrouve mort dans la piscine d'une immense maison sur Sunset Boulevard. L'image sur laquelle le film s'ouvre presque est tout simplement sublime, et le reste du film ne démentira pas cette superbe première impression. Nous reprenons alors la narration 6 mois plus tôt et suivons Joe Gillis (William Holden), un scénariste sans le sou qui, tentant de fuir ses créanciers, se réfugie dans une immense maison de Sunset Boulevard, demeure de Nora Desmond (Gloria Swanson), une ancienne star du cinéma muet tombée dans l'oubli à la suite de l'apparition du cinéma parlant (Oui en effet, The Artist est un hommage - plus qu'un remake - à Sunset Boulevard, sans réussir toutefois à égaler l'original). L'on comprend rapidement que Norma est complètement folle et vit dans une bulle hermétique dont elle est la propre star. Gillis l'aidera à adapter un scénario de sa main, censé permettre son grand retour à l'écran. N'y allons pas par quatre chemins, ce film est un chef d'oeuvre intemporel, magnifique et vertigineux. Il s'agit de l'un de ces films qui se haussent au niveau de la tragédie classique et qui montrent que le cinéma est bien un art à part entière (pour ceux qui pourraient encore en douter). La mise en scène est brillante, tout en finesse, suggestion et habileté. Les plans se succèdent et se surpassent, mais je pense notamment à l'un d'entre eux que j'ai trouvé particulièrement beau. Norma et Joe Gillis, tous deux seuls dans cette immense demeure, serrés sur un minuscule canapé perdu dans une pièce immense, toute pleine des témoignages de la gloire passée de Norma, regardent un film sur l'écran privé de cette dernière (il s'agit bien évidemment d'un film starring Norma Desmond). A l'écran de ce film dans le film, Norma, dont le jeu muet passe par des yeux superbes et superbement expressifs, prie dans une église, la cire des cierges tombant devant ses paupières comme les larmes que l'on ne la voit pas verser. Poétique, évocateur et tout simplement inspiré. La mise en scène est toujours au service du film, par exemple en mettant subtilement en exergue la follie égotique de Norma par cette immense maison croulant à l'extérieur avant l'arrivée de Joe, dans laquelle des pièces immenses et baroques regorgent des tributs de la gloire passée (le salon, pièce aussi immense qu'un hall de gare, empli de tables toutes couvertes des photographies de la star au sommet de sa jeunesse, dont chaque meuble, chaque chose renvoit le spectateur à la grandeur passée). La grandeur précède l'arrivée de la folie brute. L'on découvre par exemple qu'aucune des portes de la maison ne comporte de poignée ou serrure afin que Norma ne puisse s'enferme et se suicider. Mais la signification est double, la seule clef fermant l'extérieur de cette prison dorée dans laquelle la jalousie de Norma enferme peu à peu Joe. Je pense aussi enfin à une dernière scène, celle où Joe déambule une nuit dans les allées d’un studio de cinéma en compagnie de la très séduisante Nancy Holson, scène très tendre, très intime, très belle et qui laisse poindre beaucoup de choses et d’émotion. Je pourrais m'étendre des heures sur cette mise en scène, sur cette photographie magnifique (honnêtement, en cherchant des images pour colorer ce sujet, je ne sais où donner de la tête, chaque plan est une photo d'art qui mériterait de figurer dans mon salon, le noir et blanc est sublime, les prises de vues superbement évocatrices et inspirées). Ajoutez à cela un scénario n’ayant rien à envier à celui d’une tragédie classique, construisant petit à petit sa toile, avec patience et précision, prenant de l’ampleur jusqu’à éclore à la hauteur de son sujet : la jalousie, la folie et l’amour, et vous comprendrez à quel point vous allez vous pourlécher du visionnage de ce film. Enfin, quels acteurs ! Gloria Swanson est tout simplement époustouflante dans son rôle de diva mégalomane et démente. Elle est tour à tour grandiose, mesquine, star, amante mauvaise, autoritaire puis en un clin d’œil suppliante, orgueilleuse, séduisante, pitoyable, vieille, jeune, belle, horrible… quelle actrice ! quelle performance ! Elle tient là le rôle d’une vie. On sent en elle l’ancienne star du muet, dont toutes les expressions passent par le visage, le corps, plutôt que par la parole (et pourtant quelle langue : cette réplique « I am big, it’s the pictures that got small ! » est juste magique). J’ai notamment énormément aimé certains moments, comme sa visite au studio pour voir De Mille lors de laquelle on voit l’émotion de mêler à la mégalomanie alors justement que c'est à cet instant précis qu'alors même que son rêve se brise l’on voit pourtant qu’elle n’a pas sombré dans l’oubli. William Holden est quant à lui toujours juste, sur la corde entre veulerie, grandeur et charme. Il m’a ému dans certaines scènes, je l’ai trouvé beau dans son combat pour tenter de conserver une dignité, pour tenter de préserver Norma alors pourtant que les mailles de son filet se resserrent sur lui et qu’il ne sait probablement pas lui-même s’il souhaite y rester où s’en échapper. Nancy Holson est, elle, parfaite en jeune scénariste ambitieuse, fraiche, dynamique, douce et à la fois déterminée, Erich Von Stroheim est, lui, glaçant dans son rôle de majordome gardien du temple, et enfin on apprécie de retrouver Cecil B De Mille, empereur d’Hollywood jouant là son propre rôle, Sunset Boulevard le montrant sur le tournage d’un autre film réellement sorti en salle. En bref, les acteurs ont une palette époustouflante, un jeu incroyablement fluide, le film les amenant à incarner des émotions violentes et contrastée au fur et à mesure que la spirale se rapproche de la tragédie finale, ce qu’ils font tous avec habileté, justesse et naturel. Un très grand film, immense même, une œuvre vertigineuse, belle et que je n’oublierai pas. Et vous, l'avez vous vu ? l'avez vous aimé ? Avez vous envie de le (re)voir ? |
| | | Miss Virginia Bookworm
| Sujet: Re: Boulevard du crépuscule - Sunset Boulevard de Billy Wilder (1950) Lun 9 Juil - 17:30 | |
| Quelle présentation magnifique Pickwick!!!Elle donne vraiment envie de découvrir ce film!! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Boulevard du crépuscule - Sunset Boulevard de Billy Wilder (1950) Lun 9 Juil - 18:25 | |
| - Pickwick a écrit:
- L'histoire s'ouvre sur l'assassinat d'un homme, que l'on retrouve mort dans la piscine d'une immense maison sur Sunset Boulevard.
... et, petit détail qui donne tout son sel à cette entrée en matière et qui honore le génie caustique de Wilder et de son scénariste Charles Brackett : le narrateur du flash-back (donc du film), c'est... l'assassiné qui flotte, sous nos yeux, à la surface de cette piscine. |
| | | Popila Bookworm
| Sujet: Re: Boulevard du crépuscule - Sunset Boulevard de Billy Wilder (1950) Lun 9 Juil - 18:26 | |
| - Pickwick a écrit:
- Sunset Boulevard est un film de Billy Wilder, datant de 1950, classé dans les 20 meilleurs films de tous les temps par l'American Film Institute et duquel sont tirées deux des meilleures répliques de l'histoire du cinéma, dont le sublime "I am big, it's the pictures that got small!".
Et quelle est l'autre réplique ? Tu piques ma curiosité. J'aime beaucoup ce film, moi aussi ; j'ai dû le découvrir il y a un an, et il m'avait beaucoup marquée, mais je n'avais pas trouvé le temps et le courage de lui ouvrir un topic sur Whoopsy Daisy. La scène inaugurale est effectivement très originale et donne le ton du récit, marqué par le cynisme et l'ironie (sans exclure une dimension pathétique) : Est-ce que tu savais qu'au début, Billy Wilder avait placé la scène inaugurale dans une morgue, et que les cadavres dialoguaient entre eux ? C'était tellement bizarre et inattendu que lorsque le film a été présenté en avant-première, les spectateurs ont éclaté de rire. Billy Wilder a lors réécrit et tourné le début du film, tel qu'on peut le voir dans la version actuelle (c'est du moins ce qu'on raconte). - Pickwick a écrit:
- Joe Gillis (William Holden) est, un scénariste sans le sou qui, tentant de fuir ses créanciers, se réfugie dans une immense maison de Sunset Boulevard, demeure de Nora Desmond (Gloria Swanson), une ancienne star du cinéma muet tombée dans l'oubli à la suite de l'apparition du cinéma parlant (Oui en effet, The Artist est un hommage - plus qu'un remake - à Sunset Boulevard, sans réussir toutefois à égaler l'original).
The Artist rend effectivement hommage, par instants, à ce film, sur un ton beaucoup plus léger. - Citation :
- Il s'agit de l'un de ces films qui se haussent au niveau de la tragédie classique et qui montrent que le cinéma est bien un art à part entière (pour ceux qui pourraient encore en douter).
Je suis d'accord avec toi - Norma Desmond est un personnage qui s'écarte des normes habituelles et qui suscite à la fois la terreur et la pitié. Elle a quelque chose de grand, mais sa folie la rend effrayante. Le film propose aussi une réflexion décapante sur l'art du cinéma et le star système - Norma est victime de sa propre image ; elle ne supporte pas de ne plus être la star adulée qu'elle a été et s'enferme dans un monde complètement étranger à la réalité. - Citation :
- La mise en scène est toujours au service du film, par exemple en mettant subtilement en exergue la follie égotique de Norma par cette immense maison croulant à l'extérieur avant l'arrivée de Joe, dans laquelle des pièces immenses et baroques regorgent des tributs de la gloire passée (le salon, pièce aussi immense qu'un hall de gare, empli de tables toutes couvertes des photographies de la star au sommet de sa jeunesse, dont chaque meuble, chaque chose renvoit le spectateur à la grandeur passée).
Cette maison ressemble effectivement à une gigantesque toile d'araignée, dont Norma Desmond serait la maîtresse. Cette femme a d'ailleurs quelque chose du vampire, et il y a presque quelque chose de gothique dans la façon dont est filmée cette maison. Le personnage joué par Erich von Stroheim est assez glaçant et émouvant. J'ai également beaucoup aimé la scène où Norma Desmond se rend dans les studios, et la fin, absolument magistrale. _________________ |
| | | Pickwick Swoon addict
| Sujet: Re: Boulevard du crépuscule - Sunset Boulevard de Billy Wilder (1950) Lun 9 Juil - 18:40 | |
| Merci La seconde réplique est la suivante : "All right, Mr. De Mille, I'm ready for my close-up", qui est classée 7ème meilleure réplique du cinéma par l'American Film Institute (peut être un jeu de mot que je ne comprend pas mais je ne vois pas réellement ce qu'elle a de si percutant ...). Je suis en tout cas très heureux que Wilder ait finalement décidé de modifier le début du film que je trouve formidable (@Juniper : oui en effet avoir le mort pour narrateur donne beaucoup de relief au film et, je trouve, lui confère une petite dose de cynisme très piquante). La scène de la piscine est juste sublime et ce final ... mon dieu ce final ! ! |
| | | Séverine Overbearing Master
| Sujet: Re: Boulevard du crépuscule - Sunset Boulevard de Billy Wilder (1950) Mar 10 Juil - 17:20 | |
| Merci pour l'ouverture de ce sujet, ce film fait partie de mes préférés de la filmo de Wilder. Je me souviens l'avoir vu lors d'un de nos mercredi après-midi thé-gâteau-film avec ma grand-mère et je me souviens qu'il nous avait scotché. Il faut que je le revois. C'est un beau film (mais oui, quel noir et blanc !), bien joué (Gloria Swanson est merveilleuse et j'ai vraiment été séduite par le personnage qu'elle incarne ! Incroyable Norma Desmond !) et vraiment passionnant. Pickwick, tu en parles 1000 fois mieux que je n'aurais su le faire, en tous cas. A voir absolument donc. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Boulevard du crépuscule - Sunset Boulevard de Billy Wilder (1950) Mar 10 Juil - 20:07 | |
| - Pickwick a écrit:
- regardent un film sur l'écran privé de cette dernière (il s'agit bien évidemment d'un film starring Norma Desmond). A l'écran de ce film dans le film, Norma, dont le jeu muet passe par des yeux superbes et superbement expressifs, prie dans une église, la cire des cierges tombant devant ses paupières comme les larmes que l'on ne la voit pas verser.
Hommage magnifique de Wilder à son acteur Erich Von Stroheim, puisqu'il s'agit du film Queen Kelly" réalisé par Stroheim lui-même dans les années 20, avec pour vedette... Gloria Swanson. La boucle est bouclée. D'ailleurs, Sunset Boulevard est un film peuplé de ronds, de cercles, de travellings en courbes... Soit dit en passant, Queen Kelly est également un pur chef d'oeuvre, et son final est assez estomaquant lui aussi ! |
| | | Pickwick Swoon addict
| Sujet: Re: Boulevard du crépuscule - Sunset Boulevard de Billy Wilder (1950) Mer 11 Juil - 13:27 | |
| Noté ! (j'aime beaucoup l'idée de cet hommage presque incestueux - ce film regorge visiblement de surprises brillantes toutes mieux cachées les unes que les autres). Bon sinon ... Whoopsy killed my porte monnaie ... |
| | | Justus Indian Shawl
| Sujet: Re: Boulevard du crépuscule - Sunset Boulevard de Billy Wilder (1950) Mar 24 Juil - 6:14 | |
| D'autres ont déjà parlé et résumé mieux que moi le film.
Je trouve que ce film montre aussi la cruauté du monde du Cinéma quand Norma va aux studio et que l'on s'interesse à sa voiture et elle pense que c'est à elle . Et avec quel mépris ont parle d'elle et la réaction de Cecil B De Mille très touchant dans le film, enfin humain. Les parties de cartes entre des acteurs tombés dans l'oubli et le personnage d'Eric Von Stronheim qui écrit envoit les lettres des supposés admirateurs de Norma.
Et la scène finale quand Norma avance vers la caméra en jouant Salomé superbe.
Billy Wilder est un de mes metteurs en scène préféres pouvoir faire des films aussi différents que "Assurance sur la mort", "Sabrina", "Certains l'aiment chaud", "Le poison" un film sur l'alcolisme avec Ray Milland et en faisant des chefs-d'oeuvres chapeau. |
| | | Miss Virginia Bookworm
| Sujet: Re: Boulevard du crépuscule - Sunset Boulevard de Billy Wilder (1950) Dim 11 Nov - 21:22 | |
| J'ai enfin vu ce film magnifique! Je ne sais que rajouter aux précédents avis... Chaque séquence est une petite merveille! Mes séquences préférées sont les suivantes: l'ouverture, la séance de cinema, la déambulation dans les décors de studio la nuit... Et j'en oublie... Erich von Stroheim est vraiment froid et inquiétant! Et que dire de Gloria Swanson? Époustouflante dans ce rôle d'ex star de cinema complètement folle...
|
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Boulevard du crépuscule - Sunset Boulevard de Billy Wilder (1950) | |
| |
| | | | Boulevard du crépuscule - Sunset Boulevard de Billy Wilder (1950) | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|