De l'eau pour les éléphants - Sara Gruen

Je viens d’achever la lecture du roman de Sara Gruen, De l’eau pour les éléphants. J’ai adoré ce livre qui évoque le monde du cirque et l’Amérique de la Dépression. L’auteur est canadienne et a publié deux ouvrages sur le monde de l’équitation avant d’écrire celui-ci, qui selon ses notes en fin de roman, lui aurait été inspiré par un reportage photo d'Edward J. Kelty ayant suivi des cirques itinérants dans les années 20 et 30.

L’histoire est celle de Jacob Jankowsky, un vieil homme de 93 ans qui supporte mal son séjour en maison de retraite et sa situation d’assisté. Un jour un cirque s’installe juste en face de la maison de retraite et tous les résidents sont excités par cette attraction inhabituelle. Un nouvel arrivant ose se vanter d'avoir, dans sa jeunesse, apporté de l’eau aux éléphants. Jacob se met dans tous ses états et l’accuse de mentir.

En effet Jacob, lui, a bel et bien connu le monde du cirque. Dans les années 30, tout jeune homme, il étudiait pour devenir vétérinaire. Mais un événement inattendu va le pousser à errer un soir le long des voix ferrées. Soudain un train arrive et il décide de monter dedans. Ce qu’il n’imaginait pas c’est que ces wagons hébergeaient un cirque. Il va alors vivre les années les plus folles de son existence et rencontrer des personnages hauts en couleur. Une éléphante rusée (Rosie), une écuyère fascinante (Marlène), son époux August un dompteur incontrôlable, Walter un clown nain et sa chienne Queenie, sans oublier la femme à barbe, l’homme tatoué et d’autres numéros.

Mais très peu de paillettes dans ce petit cirque. Le récit s’attache à décrire précisément les conditions précaires des saltimbanques. Les conditions de transport ignobles, la maltraitance des animaux, les employés non payés et ceux dont on ne veut plus et qu’on ne se gêne pas de balancer au-dessus des ponts durant la nuit. Dirigé par un directeur égocentrique, vil et sans pitié, c’est un univers plutôt noir qui nous est présenté. Cruel et sans détours, d’autant plus que nous sommes en pleine Grande Dépression lorsque l’alcool était interdit et la population ruinée. L’auteur retranscrit parfaitement cette période en disséminant ci et là des détails percutants. Et malgré tout la magie est là. Dans le roman comme dans les courtes représentations que l’auteur nous décrit. On se passionne pour chacun des personnages, on découvre avec envie les numéros et on se laisse entraîner dans une aventure pleine de péripéties. Souvent amusante mais aussi touchante, cette histoire est en plus bien écrite puisque le style de l’auteur est très fluide et bien rythmé.

Je vous le conseille et j’ai hâte d’avoir l’avis de ceux qui l’ont déjà lu !

En cherchant une image pour illustrer ce post j'ai découvert qu'une adaptation cinématographique est en cours avec Resse Witherspoon, Robert Pattinson et Christoph Waltz dans les rôles principaux. Francis Lawrence à la réalisation. Sur le site du film on peut voir des images du tournage, notamment les décors et les animaux, c'est plutôt intéressant.

L'adaptation ciné du roman de Sarah Gruen va bientôt sortir aux Etats-Unis. Voici la bande-annonce qui semble annoncer une reprise plutôt fidèle du livre, même si quelques détails semblent déjà différents. À voir...

J'irai voir le film parce que j'ai adoré le roman et que le casting ne me déplaît pas. Comme Popila je pense que le côté mélo peut être intéressant s'il s'agit de le revisiter. Il y a quelque chose qui en un sens correspond à ce genre dans le roman : le ton est à la fois terrible mais l'idée du "Show must go on" est souvent là. Les paillettes doivent primer. L'histoire de Sarah Gruen est un récit aux allures magiques, une parenthèse dans la vie d'un homme qui désormais âgé se souvient et pose un regard ému sur son histoire, et je crois que le film y sera fidèle. En tout cas c'est ainsi que j'avais ressenti le récit. Je ne sais pas si je suis claire mais pour moi le prisme figuré par la vision rétrospective du personnage peut trouver un écho avec une facture mélo (ouais c'est pas clair, désolée ). Les vidéos postées sur internet me semblent reprendre l'univers du livre en tout cas.
Voici une seconde bande-annonce, la première postée plus haut n'est plus visible en plus :

Je suis heureuse que ce roman t'ait autant plu Il m'avait aussi touché et je suis ravie que certains se soient laissé tenté. J'ai lu l'avis d'un blogueur qui a vu le film en avant-première et s'il n'a pas tellement aimé l'histoire d'amour il a un avis bien plus positif sur l'univers du cirque qui est dépeint. Si j'ai bien compris le scénario du film a supprimé un personnage pour le fusionner à un autre. Apparemment le directeur, Oncle Al dans le roman, passe à la trappe et c'est August l'époux de Marlene qui devient patron du cirque. Sans doute pour intensifier le trio amoureux. Le film sort mercredi prochain, on sera bientôt fixés.

J'ai vu De l'eau pour les éléphants ce soir au ciné! J'ai passé un très bon moment et je n'ai pas été déçue. Bien sûr j'ai moins frissonné que d'autres spectateurs à certains moments puisque je connaissais déjà l'histoire mais j'ai quand même plongé dans le film. C'est très fidèle au roman même si la narration diffère puisque le Jacob âgé est moins présent et l'ensemble plus linéaire mais les acteurs sont bien et les quelques changements effectués plutôt pertinents. Les décors sont exactement comme je les imaginais et la plupart des personnages aussi. Je n'ai cependant pas été séduite par Robert Pattinson et je dois dire que même si Christoph Waltz incarne le méchant du récit en endossant le rôle d'August, il a bien plus de charisme et donne une classe au personnage qui contraste d'autant plus avec sa cruauté (et je dis cela en toute objectivité, bien sûr ) . Reese Witherspoon est très belle en Marlène. La réalisation est plutôt conventionnelle mais certaines scènes sont particulièrement bien filmées et il y a du rythme (comme dans le roman).

Spoiler:

Comme avec le livre on vibre, on s'émeut et on navigue entre paillettes et réalité d'une époque de dépression et prohibition. C'est juste dommage qu'il n'y ait pas de réelle alchimie entre les amoureux du film...