Elizabeth Jane Howard (1923-2014) est l’auteur de la saga
The Cazalet, initialement une tétralogie qui finalement s’est vu ajouter un tout dernier volet en 2013.
Figure importante de la littérature anglaise, elle est également connue pour avoir été pendant 19 ans l’épouse de l’écrivain Kingsley Amis et la belle-mère de Martin Amis (qui lui voue une reconnaissance éternelle pour lui avoir fait découvrir
Orgueil et préjugés dans son adolescence).
Je n’ai lu pour l’instant que le premier volet de
The Cazalet chronicles (la suite est déjà commandée
) mais je me permets de présenter le premier tome:
The light years.
The Cazalet chronicles narre la vie de la famille
upper-class que forme les Cazalet, soit le patriarche surnommé
The brig, son épouse
the duchy, leurs trois fils adultes, Hugh, Edward, Rupert et leurs épouses, leur fille célibataire Rachel ainsi que les enfants des trois fils, pendant une décennie marquante : 1937-1947.
Même si cette saga s’attarde surtout sur les filles et épouses Cazalet, aucun membre de la famille (domestique et gouvernante inclus) ne reste dans l’ombre.
The light years, le premier volume, concerne les années 1937 et 1938. On découvre la famille Cazalet au grand complet lors de deux vacances d’été dans la demeure familiale du Sussex.
Hugh et Edward Cazalet travaillent tous les deux dans l’entreprise familiale avec leur père. Ils ont tous deux combattus pendant la première guerre mondiale. Hugh est revenu avec une main en moins et des migraines fréquentes, Edward n'a pas été blessé. Leur vie familiale est différente. Hugh est authentiquement heureux en mariage avec Sybill avec qui il a deux enfants et bientôt trois. Edward, le plus beau et le plus riche de la famille, semble heureux avec Viola (alias Villy) avec qui il a trois enfants, mais elle regrette en silence sa carrière de danseuse pendant qu’il la trompe en toute discrétion avec de nombreuse femmes.
Et puis il y a Rupert, professeur, veuf avec deux enfants et remarié avec Zoë, jeune femme de 22 ans, belle, égoïste et peu maternelle. Rupert est peintre, mais ne trouve jamais le temps d’exercer son art entre sa femme exigeante et ses deux enfants.
Rachel, leur sœur célibataire, continue à vivre chez ses parents quelle sert avec abnégation, tout en entretenant une relation amoureuse secrète avec une jeune femme Sid.
Il y a enfin les enfants Cazalet, dont les plus importants sont les trois filles ainés des trois frères, soit Louise (14 ans), fille d’Edward, qui se rêve actrice, Polly (12 ans), fille adorée de Hugh et Clary (12 ans également), qui fait pitié car dotée d’une belle-mère que personne n’envie.
Le livre peut aisément se diviser en deux, tant l’été 1937 ne ressemble pas à l’été 1938.
En 1937, les bruissements d’une guerre prochaine inquiètent, mais restent lointains. Les belles sœurs sont heureuses de se revoir et se tiennent à l’écart de Zoë qui leur inspire du mépris. Autant Sybill est concernée par sa grossesse et heureuse d’être près de son mari, autant Villy a du mal à se résoudre à sa vie ennuyeuse de femme mariée et regrette d’avoir abandonné sa carrière.
Du côté des enfants, Polly et Louise, qui ont la même gouvernante, font front commun contre Clary. Leurs frères sont évidemment les seuls à bénéficier d’une éducation poussée en pensionnat.
1938 apporte des changements importants : la guerre s’approche à grand pas et chacun des membres de la famille Cazalet suit avec passion et inquiétudes les dernières informations concernant les tractations Chamberlain/Hitler.
Les personnages évoluent : Rupert se rend compte qu’il a épousé une jeune femme belle mais inconséquente « her stupidity frightens him ». Pourtant, Zoë a beaucoup changé en un an.
Les enfants ont également beaucoup changés : Louise, qui a subi un bouleversement important, s’est éloignée de ses cousines, et Clary est désormais la meilleure amie de Polly.
Les plus jeunes enfants craignent la guerre, mais les fils adolescent craignent encore plus leur public school.
J’ai beaucoup aimé ce premier tome de cette saga, le style d’écriture me plait beaucoup. Le sujet du livre est nettement autobiographique (La mère de l’auteur était également une danseuse qui a renoncé à sa carrière pour se marier. Elizabeth Jane Howard a été éduquée par une gouvernante pendant que ses frères avaient le droit d’aller à l’école/en pension) et est criant de vérité.
On se prend de compassion pour Villy, mariée à un homme infidèle (elle n’en a pas la certitude mais commence à la ressentir) qui s’investit dans beaucoup d’activités pour combler un vide, et qui a des relations difficiles avec sa fille Louise.
De même, on comprend l’inquiétude de Sybill et d’Hugh concernant une future guerre, et le malaise de Zoë, qui se rend compte que son seul physique ne suffira pas à la rendre intéressante bien longtemps.
L’évocation de la vie des domestiques, et surtout de la gouvernante des filles qui, du à son physique, n’a jamais eu la chance de se marier (ces passages sont très cruels) sont tout aussi passionnante.
Et vous, connaissez-vous l’œuvre d'Elizabeth Jane Howard?