"Les hauts de Hurlevent" : amour, haine et vengeance (documentaire)

Cela fait un petit moment qu'un documentaire sur Wuthering Heights, réalisé par Mathilde Damoisel, est disponible sur la plateforme d'Arte. Il s'intitule "Les hauts de Hurlevent" : amour, haine et vengeance et est disponible gratuitement jusqu'au 7 mai prochain.

Présentation sur le site d'Arte a écrit:

Paru en 1847 sous le pseudonyme masculin d’Ellis Bell, "Les hauts de Hurlevent" sidéra la critique. Dans ce conte d'amour, de vengeance et de mort, Emily Brontë abordait tous les tabous : la famille toxique, l'inceste et le mal.

Des trois sœurs Brontë, Emily (1818-1848) demeure la plus énigmatique et la créatrice du plus impitoyable des romans d’amour, dont l’intrigue s’ancre dans les paysages désolés des landes du Yorkshire. Parue en 1847 sous le pseudonyme masculin d’Ellis Bell, cette œuvre romanesque sur fond de passion maudite et de vengeance, unique dans l’histoire de la littérature victorienne, se révéla en décalage avec son époque et sidéra la critique. Car si l’histoire met en scène les sentiments amoureux entre Cathy et Heathcliff, le bâtard adopté, elle déploie aussi une longue et implacable vengeance. Dans ce conte d'amour et de mort, Emily Brontë aborde tous les tabous : la famille, dont elle dénonce la toxicité ; l'inceste, à travers la liaison interdite entre un frère et une sœur d'adoption ; le mal, enfin, auquel elle donne la beauté sauvage de Heathcliff. En l'adaptant au cinéma en 1939 avec Merle Oberon et Laurence Olivier, William Wyler a contribué à hisser Les Hauts de Hurlevent, unique roman d'Emily Brontë, au rang de mythe.  

Amour, trahison et violence  
En compagnie de Lucasta Miller, biographe des sœurs Brontë, et d'Ann Dinsdale, conservatrice du musée qui leur est consacré à Haworth, ce documentaire nous immerge au plus profond de cette passion, dans laquelle se mêlent amour, trahison et violence. En outre, un mystère demeure car la romancière ne dévoile jamais la véritable identité du séduisant Heathcliff, qui se mue au fil des pages en monstre féroce, cruel et sans pitié. Ne serait-il pas fils d'esclaves venu de Liverpool, à l’époque grand port négrier d’Angleterre ? C’est cette hypothèse novatrice qu’explore notamment l’écrivain britanno-christophien Caryl Phillips, pour qui le roman transgresse ainsi également le système de classe, de rang et d’ordre sur lequel continue de reposer la société britannique. À une époque où l'histoire de l'esclavage et du colonialisme demeure un thème brûlant, ce roman résonne encore puissamment avec les enjeux d’aujourd’hui.

L'avez-vous vu ? Pour ma part, pas encore, mais je me suis dit que c'était le moment ou jamais de le partager avec vous !

EDIT : j'ai oublié le lien Vous pouvez le trouver en cliquant sur la flèche :

Pas vu mais je ne sais pas si je peux le regarder hors de France. Ca me dirait bien, j’ai été tellement étonnée de la violence de ce roman dont je ne me souvenais plus!

Ooooh merci pour cette précieuse info, Miss Artemis ! Je vais essayer de voir ce documentaire bientôt.

J'ai trouvé ce documentaire très intéressant et je l'ai beaucoup apprécié  Il aborde plusieurs questions, notamment comment la "légende" s'est construite autour du roman pour qu'il soit considéré aujourd'hui comme une des plus grandes histoires  romantiques de la littérature, comment Emily Brontë l'a écrit (et les liens avec Angria et Gondal, et sa famille), quelles sont les grandes thématiques abordées (notamment rapports de classe), quelle est l'origine de Heathcliff (avec la place de Liverpool comme port négrier), etc. C'est passionnant.
Parmi les invités, il y a notamment Isabel Greenberg, l'illustratrice autrice de Glass Town, dont les dessins sont repris et animés. C'est très chouette (et ça me donne encore plus envie de découvrir ce livre).
Les images de la lande sont aussi très belles.
Je vous le recommande chaudement ! (attention, il n'est dispo que jusqu'au 7 mai)
(J'ai rajouté le lien du replay que j'avais oublié dans le post de présentation.)

Je rejoins l'enthousiasme de Miss Artemis ! Pour moi, ce documentaire est à voir absolument (et avant le 7 mai !!!).
Il se démarque des habituels petits documentaires littéraires un peu poussiéreux et figés qu'on a pu voir sur le sujet. Les prises de vue de Haworth sont magnifiques et m'ont rappelée plein de souvenirs et j'ai aussi beaucoup apprécié les interventions des différents intervenants (qui viennent d'univers variés, ce qui est encore un très fort atout).
J'ai aimé les insertions des illustrations d'Isabel Greenberg. Je n'ai pas lu son roman graphique Glass Town mais du peu que j'en ai vu, je ne peux pas nier qu'elle a un vrai univers. J'ai été ravie également de retrouver la conservatrice du musée  Brontë et surtout, d'écouter les propos de l'écrivain Caryl Phillips que j'ai trouvé brillant de bout en bout.
J'ai pris pas mal de notes mais c'est une de ses phrases que j'ai le plus envie de retenir : Emily Brontë avait "l'intuition de l'autre car elle était l'autre elle-même" (de par son statut de femme écrivain).
C'est le personnage de Heathcliff qui est finalement au coeur de ce documentaire biographique. Emily Brontë a créé un personnage qu'on avait encore jamais vu jusqu'ici en littérature. Il poursuit dans le roman la plus terrible et intransigeante des vengeances. A travers lui, s'exprime une véritable violence domestique et sadique mais aussi une violence des classes.
On est loin, très loin du héros romantique incarné par Laurence Olivier dans le film de William Wyler dont on nous montre plusieurs extraits.

La partie du documentaire qui m'a le plus intéressée est sans conteste celle qui traite des origines de Heathcliff et de sa symbolique. Mr Earnshaw a ramené le petit garçon de Liverpool, où se trouvait un immense port négrier. Ce détail géographique est loin d'être anecdotique. Emily menait une vie de recluse mais n'était pas ignorante pour autant. On sait qu'elle était une avide lectrice, notamment du Blackwood Magazine, auquel leur père était abonné. Cette revue contenait une quantité d'articles politiques et traitait aussi de voyage et d'Histoire. Bref, il semble évident que la famille Brontë était très au fait de l'esclavage et du colonialisme.
Pour Caryl Phllips, Heathcliff représente la figure du paria par excellence, qui se soulève au cours du récit, tel un avertissement au lecteur victorien.
Il faut aussi noter que la description physique du personnage le démarque toujours des autres, et ce, dès l'enfance. C'est un détail sur lequel Emily insiste sans cesse, comme pour bien montrer qu'il n'est jamais à sa place.

Bref, rien de nouveau sous le soleil finalement (Andrea Arnold avait choisi un acteur noir pour jouer Heathcliff dans son adaptation de 2011 après tout ), mais j'ai trouvé l'analyse du documentaire très bien construite et pertinente !

Bref, un grand merci à Artemis pour nous avoir incité à voir ce doc ! J'espère que d'autres se laisseront tenter !

J’ai pu le voir, cela vaut vraiment la peine! Merci d’en avoir parlé Je n’ai pas autre chose à ajouter. Je pense qu’entre ce documentaire et “to walk invisible”, mon coeur balance.

Disons qu'ils se complètent bien !

Ce qui m'a particulièrement marqué, c'est que les premières critiques des Hauts n'étaient pas mauvaises, plutôt un peu déconcertées, mais trouvant le livre comme un exercice de style brillant quand elles pensaient que c'était un homme qui l'avait écrit mais quand le fait que c'était une femme a été révélé, ils ont trouvé le livre choquant...