Ceux qui ne dormaient pas (Journal, 1944-1945) de Jacqueline Mesnil-Amar

Je m'apprête à commencer la lecture de ce journal qui m'intrigue depuis des années.
Pour info, il a été traduit en anglais et publié chez Persephone Books sous le titre Maman, What Are We Called Now?

On peut le trouver en grand format chez Stock et en poche chez Le Livre de Poche (dans une édition épuisée, il me semble)

 

Citation :

Ce livre est le journal intime tenu par l’auteur (1909-1987) depuis l’arrestation par la Gestapo de son mari, résistant juif, jusqu’à l’évasion de celui-ci du wagon qui l’emmenait, lui et ses camarades, à Auschwitz ; autrement dit du 18 juillet au 24 août 1944.
Elle confie à son journal ses inquiétudes d’abord, l’amour immense qui la lie à son mari pour qui elle craint les tortures et la mort ; mais elle raconte aussi le quotidien d’une femme de la bourgeoisie juive française, très assimilée, très cultivée, dont l’enfance s’est déroulée dans les beaux quartiers de Paris et qui découvre avec la guerre qu’être française juive ce n’est pas tout à fait la même chose qu’être française non-juive.
Dans ce Paris de la Libération – juste avant, juste après –, elle erre, cherchant refuge ici et là avec sa fille d’une dizaine d’années ; retrouvant des camarades du même réseau, se souvenant de la vie « d’avant », avant la déchirure de la guerre.
Après la guerre, Jacqueline Mesnil-Amar a publié dans le Bulletin du service central des déportés israélites quelques articles sur la déportation, dont un sur les enfants, assurément le plus poignant. Ils sont repris ici.
Ce qui frappe dans ce livre, c’est l’extraordinaire qualité d’écriture au service d’une émotion toujours retenue, mais constante ; c’est la force d’un style à nul autre pareil, qui prend le lecteur dès les premiers mots.
Ce livre a paru en 1957 aux éditions de Minuit, trop tôt sans doute, à une époque où tout le monde était désireux de tourner la page. Il reparaît ici inchangé.

La page du site de Persephone Books consacrée au livre : Maman, What Are We Called Now? – Persephone Books

Je suis impatiente de connaître ton avis

Ca a l’air super intéressant

Quelle merveille que ce livre porté par la voix de la résistante Jacqueline Mesnil-Amar.   Son journal m’a captivée de la première à la dernière ligne. Grâce à son talent d’écriture exceptionnel et son extraordinaire sensibilité, toute à la fois mêlée d’idéalisme et de lucidité, elle livre un témoignage intime et vibrant d’humanité.

Ceux qui ne dormaient pas est une évocation puissante du monde d’avant mais aussi des moments clefs de la Libération, puis de la construction du monde d’après. Les instantanés poétiques sur lesquels souffle un vent de nostalgie et d’insouciance (comme ce magnifique souvenir d’un séjour à Venise) précèdent les descriptions poignantes de l’attente fébrile de la Libération (et de ses retrouvailles avec son mari Résistant, qu’elle aime profondément - son journal est aussi très clairement un livre d’amour). 

L’ouvrage se clôture enfin sur une série d’articles qui demeure encore une précieuse référence pour les historiens de la période. Jacqueline Mesnil-Amar y évoque avec émotion l’absolue urgence d’aider les enfants et adolescents survivants des camps et brocarde avec une colère non retenue la part de responsabilité d’une certaine population française qu’elle n’a eu de cesse de côtoyer de près pendant la durée de la guerre. Elle s’interroge aussi dans un article qui fait froid dans le dos sur la nature du sadisme à l’origine de ce conflit. Un texte fascinant et incroyablement littéraire que je conseille à tous. 
Pas un mot de trop, tout est à sa place dans ce recueil bouleversant, aussi profondément dramatique que poétique. 

Sa publication en 1957, aux Éditions de Minuit est passée quasiment inaperçue. Peut être qu’à l’époque on voulait tenter d’oublier … Heureusement, Stock l’a réédité en 2009. Persephone Books le compte aussi dans son catalogue depuis quelques années. Un témoignage à lire en parallèle avec l’un de leurs plus beaux romans, le  Little Boy Lost de Marghanita Laski.

La page consacré à ce livre sur le site de Persephone : Maman, What Are We Called Now? – Persephone Books

Je suis tellement déçue qu'il soit épuisé en poche car j'ai grandement envie de le lire vu ton avis !!! Il ne me reste plus qu'à écumer les bouquineries et mettre une alerte de stock sur le site de Gibert

Pas mieux, on va encore se battre pour être la première à répondre à l'alerte