Hantise de George Cukor (1944)

En 1944, George Cukor délaisse la comédie et nous livre avec Hantise (Gaslight) en VO, l'un des sommets du thriller psychologique et gothique.

Citation :

Pendant des vacances en Italie, Paula Alquist rencontre un pianiste charmant, Gregory Anton, qui la séduit. Ils se marient et Gregory propose à Paula d'aller vivre à Londres dans la demeure que la tante de Paula, mystérieusement assassinée, lui a léguée. Le couple vit heureux mais peu à peu Paula est en proie à d'étranges hallucinations tandis que son mari devient froid et lointain. Entre-temps, un détective de Scotland Yard, amirateur de Paula, réexamine le dossier du meurtre obscur de la vieille dame...

L'histoire de Hantise n'est pas sans rappeler celle de Rebecca. Dans les deux récits, les personnages sont en proie aux souvenirs d'une femme disparue et doivent vivre dans un lieu encore marqué par sa personnalité et le drame qui s'y est noué. Cependant, la force de ce film-ci ne repose vraisemblablement pas dans le traitement de l'intrigue "policière", sa résolution, quoique marquée de quelques surprises, est finalement plutôt attendue. Ce qui constitue la force de ce film, c'est la mise en scène soignée de Cukor qui livre ici un film ténébreux et extraordinairement léché.
Le jeu sur la photographie repose beaucoup sur cette fameuse lampe à gaz (gaslight), à la lumière aussi vacillante que l'esprit de la jeune femme. On vit dans un presque constant sentiment d'opression, du notamment à l'interprétation de Charles Boyer, qui effraie autant qu'il séduit ...
C'est aussi un film qui repose beaucoup sur la psychologie de ses personnages. Paula, notre héroïne (interprétée par une Ingrid Bergman époustouflante de fragilité et de vulnérabilité), doute de sa santé mentale mais essaie tant bien que mal de s'y raccrocher. Gregory, son séduisant et affecteux mari, se révèle finalement être un tyran qui n'aura de cesse de la faire douter d'elle-même en la manipulant de la pire des façons.
L'histoire se passe dans l'Angleterre victorienne et on sent à quel point le réalisateur a pris plaisir à reprendre les codes de cette époque pour tisser et mettre en scène son intrigue.


On notera également la présence de la jeune Angela Lansbury, formidable en servante effrontée, l'un de ses tout premiers rôles.

Et vous, avez-vous vu Hantise

Je ne connais pas du tout ce film, bien que ce soit un grand classique. Le casting est d'ailleurs assez prestigieux !

Ce que tu en dis me rappelle à moi aussi Rebecca d'Alfred Hitchcock, mais également un autre film du Maître que je n'ai pas encore vu, à savoir Soupçons, avec Cary Grant et Joan Fontaine. Cette dernière soupçonne son play boy de mari de vouloir l'assassiner... ce qui donne droit au spectateur à des scènes remplies de suspense. L'une d'entre elle, où le mari prévenant apporte à sa femme souffrante un verre de lait que celle-ci soupçonne fort d'être empoisonné, est devenue célèbre.

Je serais assez curieuse de voir Joseph Cotten et Angela Lansbury dans ce film, même s'ils n'occupent que des rôles secondaires.

Je l'ai vu il y a quelques années et j'avais beaucoup aimé! Les points communs avec Rebecca sont flagrants, en effet. Il y a d'ailleurs une analyse très intéressante sur ce site : http://www.critikat.com/Hantise.html

Je ne connais pas, mais 1/ ton billet, 2/ la référence à Rebecca et 3/ la photo tirée du film que tu mets m'allèchent terriblement !

@ josephinemarch : le site de Critikat est généralement très intéressant ; j'aime bien le consulter de temps à autre.

Je pense qu'ils ont fait une erreur en comparant Hantise à L'homme qui en savait trop de Hitchcock (l'intrigue de ce film n'a pas grand chose à voir avec celle de Cukor) et qu'ils ont confondu avec Soupçons du même réalisateur. Visiblement, la fin de Hantise est jugée plus vraisemblable... Fait intéressant, ces trois films - Rebecca, Hantise et Soupçons - ont été réalisés à peu près à la même période.

Merci pour le lien, Josephinemarch. Je trouve cette analyse très intéressante