Crime et châtiment, 6eme partie : chapitres 6 et 7

Je vous propose de continuer notre lecture de la sixième partie en lisant les chapitres 6 et 7 de Crime et châtiment.


Svidrigailov va-t-il tuer quelqu'un?
Advotia sait que son frère est un meurtrier, que va-t-elle faire?
Et Porphyre, où est-il?

J'ai feuilleté la fin du roman, et une fois la 6eme partie terminée, il y a un épilogue en deux parties, un chapitre "notes et brouillon" et ensuite "le journal de Raskolnikov".
Avez-tous ce contenu ? (j'en ai parlé à Arwen qui n'a pas "le journal de Raskolnikov".

Si j'ai bien l'épilogue en 2 parties, je n'ai pas non plus le journal de Raskolnikhov, ni les notes et brouillon.

Par contre j'ai une vingtaine de pages de "commentaires" :
Après une notice biographique rapide (dates + événements), Georges Philippenko* analyse le roman en 7 parties :
- Genèse du roman
- "Crime et châtiment" , roman "policier"
- le roman social
- la tragédie de l'intelligence
- l'oeuvre, miroir de l'homme
- le travail de l'écrivain
- le livre et son public
Quelques "pensées de Dostoïevski" closent l'ouvrage.

Dans le premier tome j'ai aussi une préface de Nicolas Berdiaeff**
-
* Maitre de conférence à l'Université de Paris Nanterre, département d'études slaves (en activité)
** Philosophe russe (1874-1948)

Par ailleurs j'ai emprunté à la bibliothèque le film de Lev Koulidjanov (1969), que je me propose de visionner une fois notre LC terminée...

Et pour l'anecdote, voila maintenant 15 jours que plusieurs lectrices me réclament à la bibliothèque du Dostoïevski ! L'idiot, puis Crime et châtiment...

De mon côté, j'ai l'édition Folio classique, et j'ai bien Le journal de Raskolnikov. Juste avant, j'ai aussi une section "Notes et brouillon". En début de livre, il y avait une Préface que j'ai laissé de côté pour ne pas me spoiler, je pense que je la lirai à la fin. Et l'épilogue est découpé de la même manière.

J'ai aussi un livre d'analyse du roman (chez Folio aussi), de Jean-Louis Backès, et que j'avais acheté à l'époque de mon achat, pressentant une certaine complexité  

@Dviolante : je viens de regarder mais ma bibliothèque n'a pas cette adaptation à son catalogue. En revanche, je crois que j'en ai trouvé un sur Youtube, mais je ne sais pas si c'est celle-ci. Elle dure plus de 3h

Parenthèse joie personnelle, j'ai rattrapé le train de la lecture de groupe !
Comme j'ai fini ces deux chapitres, je propose de lancer la discussion

Le chapitre 6 est consacré à Svidrigaïlov. Maintenant que l'on sait ce que Svidrigaïlov voulait faire du pistolet, est-ce que cela change votre regard sur le personnage ? Que pensez-vous de ses dernières actions ? De sa nuit de délire ?

Le suicide de Svidrigaïlov était une de mes hypothèses, mais cela m'a malgré tout bien surprise. Tout au long des chapitres, je m'imaginais le personnage encore plus manipulateur, mais finalement, est-ce que tous ces "bienfaits" n'étaient pas une manière d'expier ses crimes, à sa manière ? Avant de mourir, il prend le temps distribuer son argent, et prévoit même que Sonia va suivre Raskolnikov au bagne. Il recommande aussi Razoumikhine. Finalement, je me dis que j'étais trop sévère (ou que vu tout ce que Dostoïevski nous a fait traverser, je prenais par défaut la pire hypothèse !). Pour reprendre la discussion précédente, là je réponds oui, il a des sentiments. Reste encore la lettre d'adieux, je me demande ce qu'il y a dedans. J'imagine qu'elle a de l'importance et c'est pour qu'on la trouve qu'il se suicide devant témoin.
Quant à la nuit de fièvre, elle m'a mise très mal à l'aise. Dostoïevski est très fort pour susciter l'oppression (je me souviens avoir lu Le Joueur dans le cadre de mes études. Je ne me souviens pas de l'intrigue, mais le sentiment d'oppression très fort qu'il a suscité chez moi est resté). Je n'ai pas bien compris le rêve de la jeune suicidée. Etait-ce sa première victime ? Ce suicide est-il le "châtiment" de ses crimes, celui qu'il s'impose à lui-même ?

Dans le chapitre 7, il semble que Raskolnikov soit enfin décidé à se dénoncer. Que pensez-vous de son entretien avec sa mère puis avec sa sœur ?

L'entretien avec sa mère m'a émue, surtout pour sa mère. C'est un moment avec de la tendresse : "je suis venu vous assurer que je vous ai toujours aimée", lui dit-il. Je ne pensais pas l'entendre dire cela.
Ensuite, il rentre chez lui pour tomber sur sa sœur. "Dois-je entrer ou sortir ?" Je trouve que cette phrase géniale. Elle résume tout, de manière simple.  On découvre que sa sœur a passé la soirée avec Sonia. Ce rapprochement entre les deux femmes est touchant. Pour une fois, l'auteur ne nous montre pas tout ce qui s'est passé, mais on apprend cela via un dialogue. On imagine leur angoisse...
On voit encore une fois la force de Dounia dans cette scène également. Sa sœur ne le rejette pas, cela lui donne à mon avis une force supplémentaire pour aller se dénoncer. Les trois femmes qui sont les plus proches de lui l'assurent de leur amour, de leur soutien dans ce chemin d'expiation.
Malgré tout, Raskolnikov revient à sa théorie : "je ne comprends décidément pas pourquoi il est plus glorieux de bombarder de projectiles une ville assiégée que d'assassiner quelqu'un à coups de hache..." On sent qu'il a encore du chemin à faire...    

On se rapproche de la fin. Que pensez-vous du rythme et du ton ?

J'ai l'impression que le rythme continue à s'accélérer depuis les derniers chapitres. Fini l'accumulation de nouveaux personnages. On est dans des scènes qui font avancer la narration, et même qui nous emmènent vers la conclusion de plusieurs intrigues. J'ai vraiment envie d'enchaîner les chapitres, savoir ce que l'auteur réserve à ses personnages, comprendre où il voulait nous mener. Après se posera la question de savoir si la fin est intéressante, ou si elle n'est qu'accessoire, et que c'était finalement le chemin qui comptait le plus !
Au niveau du ton, après une grosse moitié saturée par la misère, puis la suite par la méchanceté et la manipulation, j'ai l'impression que ça s'allège. Certes, on parle encore d'une nuit de délire glauque et d'un suicide, mais il commence à y avoir de l'espoir. Svidrigaïlov, grâce aux fonds qu'il distribue tel une fée marraine, va  sauver des existences de la misère. Raskolnikov est allé voir sa mère, ce qui représente énormément pour cette dernière. Il parle avec sa sœur enfin honnêtement. Même s'il ne réalise pas encore complètement la portée de son crime (comme il le dit lui-même), il est prêt à se dénoncer, à recevoir son châtiment. Il a évolué...

Bravo pour nous avoir rattrapées !!

Je pense que l'adaptation de You tube est la même, le DVD de la médiathèque est le suivant :

Pour ma part je n'ai lu que le chapitre 6, mais quel chapitre ! les personnages sont vraiment tous torturés et Dostoïevski m'a fait douter encore une fois de mes premières impressions...

Dans ma version (ebook gratuit), je n'ai que l'epilogue en 2 parties. J'en suis au chapitre V de la 6eme partie, je vous rejoins tres bientôt !

Le chapitre 6 est consacré à Svidrigaïlov. Maintenant que l'on sait ce que Svidrigaïlov voulait faire du pistolet, est-ce que cela change votre regard sur le personnage ? Que pensez-vous de ses dernières actions ? De sa nuit de délire ?

Je ne pensais vraiment pas qu'il se tuerait, mais plutôt qu'il essaierait de nuire à Dounia. Il est plutôt généreux avec l'argent qu'il a hérité de son épouse. Est-ce le remords, ses hallucinations, qui ne s'arrangent pas avec les cauchemars de sa dernière nuit ?
A-t-il finalement des regrets de ses actes, qu'il tente de réparer avec la seule consolation qu'il connaît, l'argent ? On pourrait croire que le refus de Dounia lui a ouvert les yeux et qu'il se voit comme un être ignoble. Pour ma part, je pense qu'il a atteint un stade avancé de délire (la souris qu'il sent courir sur lui est-elle réelle ? ) et qu'il se retrouve, comme Raskholnikov, à errer entre deux mondes, la réalité et ses cauchemars.
Son suicide est-il le seul moyen qu'il a trouvé pour échapper à ses fantômes ?

Dans le chapitre 7, il semble que Raskolnikov soit enfin décidé à se dénoncer. Que pensez-vous de son entretien avec sa mère puis avec sa sœur ?

Comme Svidrigaïolov au chapitre précédent, il est temps pour Rodion d'en finir. Mais, au contraire du précédent, il ne se suicide pas, même s'il en a éprouvé la tentation. Peut-être est-ce justement parce que trois femmes (Sonia, Dounia et sa mère) l'aiment et le soutiennent, chacune à sa manière. Il ne cherche pas à s'expliquer auprès de sa mère, mais lui demande juste son amour, comme lorsqu'il était enfant.
Avec sa sœur, il essaie encore de se justifier, de jouer les durs. Il finit néanmoins par abdiquer et se rendre à l'évidence. Il va devoir expier son crime, même s'il ne le regrette pas.

On se rapproche de la fin. Que pensez-vous du rythme et du ton ?

Les actions s'accélèrent. Le sort des personnages semblent être fixé. Le chapitre suivant devrait être la confrontation finale entre Raskholnikov et Porphyre. Rodion va-t-il faire son malin ou se dégonfler complétement ? Porphyre aura-t-il le triomphe modeste ? Certains détails restés mystérieux vont-ils être éclaircis ?

Le chapitre 6 est consacré à Svidrigaïlov. Maintenant que l'on sait ce que Svidrigaïlov voulait faire du pistolet, est-ce que cela change votre regard sur le personnage ? Que pensez-vous de ses dernières actions ? De sa nuit de délire ?

Non, mon point de vue est toujours aussi négatif sur ce personnage, quoiqu'il fasse à la fin, il aura bien traumatisé les autres et hop, paye un coup par ci par là, se "rachète" une bonne conduite? Non non, trop tard.
Cela me fait penser aux nobles ou autres qui se payaient une place au paradis pour se racheter de leurs mauvaises actions.
La nuit de délires entre le cauchemar et la réalité est très bien rendu. C'est encore une scène bien angoissante. (quoique le rêve du cheval au début me semble encore pire, je trouve, peut être parce que c'était la première "rafale" et que je "m'endurcis" au fur et à mesure de la lecture! ).
il a aussi son lot de passage de l'autre côté du miroir entre le fantôme de son ex femme, la jeune fille suicidée et la souris.

Dans le chapitre 7, il semble que Raskolnikov soit enfin décidé à se dénoncer. Que pensez-vous de son entretien avec sa mère puis avec sa sœur ?
Je me souviens qu'il disait detester sa mère dans un des chapitres précédents, parfois ne voulant pas la voir etc et là, lui dire qu'il l'aime est une belle chose; sachant qu'ils ne se reverront peut être pas de sitot (?).

On se rapproche de la fin. Que pensez-vous du rythme et du ton ?
Il y a un effet de pente savonneuse, le piège se referme mais je ne sais pas encore comment; l'enfermement pointe son nez. L'intensité est constante.

Le chapitre 6 est consacré à Svidrigaïlov. Maintenant que l'on sait ce que Svidrigaïlov voulait faire du pistolet, est-ce que cela change votre regard sur le personnage ? Que pensez-vous de ses dernières actions ? De sa nuit de délire ?

Je ne m'attendais pas forcément à son suicide au début du roman, mais lorsqu'il retourne dormir ou plutôt somnoler et rêver (et quels rêves..), avec des vétements encore humide, j'ai pensé qu'il n'irait pas beaucoup plus loin.
Il ne se rachète pas à mes yeux, mais effectivement, il place son argent de façon judicieuse et altruiste, soit avec la fratrie de Sonia, Sonia elle-même et il semble même reconnaître le bon sens de Rasoumikhine en lui conseillant de lui faire garder l'argent.

Sa nuit de délire ressemble un peu aux délires de Raskolnikov, notamment pour la souris.

Dans le chapitre 7, il semble que Raskolnikov soit enfin décidé à se dénoncer. Que pensez-vous de son entretien avec sa mère puis avec sa sœur ?

Enfin!
Cela fait tellement de temps qu'il tourne autour, qu'il fait semblant d'avouer etc.. il faut en arriver à la fin du roman pour qu'il admette , à demi-mots, son crime.
Sa rencontre avec sa mère, toujours aimante et sans jugement, était émouvante.
Par contre, il m'exaspère, avec sa soeur, à ne considerer que le meurtre de l'usurière, sans jamais penser à celle de sa soeur.

j'ai terminé le roman ! pas pu attendre...

Le chapitre 6 est consacré à Svidrigaïlov. Maintenant que l'on sait ce que Svidrigaïlov voulait faire du pistolet, est-ce que cela change votre regard sur le personnage ? Que pensez-vous de ses dernières actions ? De sa nuit de délire ?

Svidrigailov et lui aussi rongé par la culpabilité mais il va choisir un autre chemin que Raskolnikov. Chagrin d'amour puisque Dounia l'a rejeté, de sa chambre miteuse il revit l'horreur et l'épouvante de la jeune fille dont il a abusé. Et lorsqu'il ressort et erre dans la rue, il finit par se condamner lui même à la mort.

Dans le chapitre 7, il semble que Raskolnikov soit enfin décidé à se dénoncer. Que pensez-vous de son entretien avec sa mère puis avec sa sœur ?

Ce qui m'interpelle depuis le début et qui me fait peur c'est qu'on ne peut pas dire que Rodia ne reçoit pas d'amour ! Sa mère et sa sœur sont toujours adorables et affectueuses avec lui. Raskonikov et souvent agacé par leur comportement d'ailleurs mais il ne trouve pas le courage d'avouer ses crimes à sa mère. IL peut compter sur le soutien de sa soeur, qui sait qu'en lui se cache un type bon...

On se rapproche de la fin. Que pensez-vous du rythme et du ton ?

L'étau se ressert et Rodia veut en finir, il veut se rendre, on le sait assez vite. Il s'est rendu déjà par ses aveux, on attend à ce qu'il aille voir Porphyre pour tout lâcher et accepte déjà l'idée d'être emprisonné.
Le rythme s'accélère, les chapitres sont plus courts. L'auteur nous tient en haleine !