S'il y a bien un genre dont je suis friande mais qui malheureusement me déçoit presque toujours, c'est bien celui de l'adaptation. Lorsque j'ai appris qu'une modernisation du classique de Nancy Mitford,
The Pursuit of love allait être publiée, puis plus tard, qu'elle avait reçu une quantité d'éloges, je n'ai pas pu m'empêcher d'être très très tentée. Je l'ai découverte il y a quelques jours dans son édition de poche (magnifiquement illustrée par Holly Ovenden) et je me suis REGALEE.
Darling fait donc bien figure pour moi d'exception à la règle, finalement.
Tout d'abord,
Darling est un merveilleux hommage rendu au roman original . Le trait d'India Knight est peut-être plus doux et moins incisif que celui de Nancy Mitford mais l'ironie est aussi vive et piquante que ce que j'espérais.
Il est délicieusement excentrique, que ce soit dans son écriture, sa tonalité, son humour que dans ses portraits, tous aussi fabuleux les uns que les autres.
Linda est peut-être plus touchante et attachante que dans
The Pursuit of love mais elle gardé son intrépidité et son caractère entier, et c'est le plus important. Je ne peux évidemment pas oublier de mentionner Davey, peut-être le seul personnage d'hypocondriaque pathologique de la littérature qui ne manque de ni de coeur ni de générosité. Et l'Oncle Matthew vaut peut-être à lui seul le détour. Chacune des scènes où il apparaît est un vrai morceau de bravoure. Et je ne parle même pas de ses répliques, toutes plus tordantes les unes que les autres. Il est lui aussi plus sympathique que dans le roman original mais est resté le grand excentrique que l'on connaît. La liste longue de trois pages (au moins) sous forme de diatribe de tout ce qu'il déteste dans la vie (des bougies parfumées aux gens qui disent "chin chin" en passant par les ceintures de smokings) est un sommet de comédie anglaise. Je l'ai relue une deuxième fois juste pour le plaisir. Et quelle heureuse idée d'avoir fait de lui une ancienne rock star qui a décidé de vivre reclus avec sa famille dans une ferme du Norfolk !
La scène où il découvre les joies d'instagram avec une connexion wifi défaillante est aussi un grand moment d'anthologie, je ris rien qu'en y repensant !
India Knight montre avec talent à quel point l'intrigue de
The Pursuit of love peut s'adapter à l'ère moderne. Elle se moque allègrement des travers et petites excentricités de notre société (les influenceurs en prennent d'ailleurs pour leur grade).
Darling est roman qui porte divinement bien son nom. C'est une formidable histoire d'amours au pluriel. Oncle Matthew et Tante Sadie s'aiment tendrement et l'amour que Linda n'a de cesse de poursuivre et fini par trouver est véritable. Et Linda nous est chère, comme elle l'est à ses parents, sa famille, sa cousine Fanny, et tous les autres.
Darling est aussi un récit qui brille par ses descriptions d'intérieurs, il est plein de jolies choses et d'objets qui ont une vie. La ferme des Radlett est cosy à souhait. Ici, "
home is where the heart is", indéniablement.
De plus,
Darling a une petite touche de glamour qui ne dépareille évidemment pas avec l'ascendance Mitford ! J'en veux pour preuve toute la séquence parisienne.
Darling est un roman au charme caustique réjouissant. C'est aussi un livre profondément humain, plein de sentiments, de chagrin, d'humour, de joie, et de coeur tout simplement.
Pour moi, il a déjà tout du roman culte et je rêve d'en voir un jour une adaptation !
Darling se savoure sans doute davantage quand on connaît et quand on aime le roman de Nancy Mitford (toutes les références sont littéralement fabuleuses) mais il est tellement solide et bien écrit qu'il peut, à mon avis, également s'apprécier indépendamment du roman qui l'a inspiré.