Babyface, avec Barbara Stanwyck (film pre-code)

J'ouvre un topic au film de 1933 Babyface d'Alfred E. Green avec la toujours merveilleuse Barbara Stanwyck dans le rôle principal.
Babyface est sorti juste une année avant le code de censure Hays, officiellement appliqué en 1934.
Il est considéré comme l'un des 10 films qui ont poussé le code à être sévèrement renforcé.

La phrase d'accroche du film utilisée pour la promo donnait tout de suite le ton "She had it and made it pay". On est en face d'un film extraordinairement moderne et sulfureux pour son époque.

Ce drame psychologique censuré pour apologie de la prostitution reste encore à ce jour l'un des films les plus fascinants sur la séduction.



En pleine Prohibition, Liliane "Baby Face" Powers est serveuse dans le speakeasy miteux d'une ville-usine. Son père, qui la force à coucher avec ses clients rustres et brutaux, décède lors de l'explosion de sa distillerie. Fuyant alors pour New York, Lily est engagée dans une banque dont elle en gravit les échelons en utilisant sans scrupule les hommes comme marchepieds vers la réussite.



Babyface, c'est un peu LE film exemplaire de la période pre-code. Et pour cette raison, il est intéressant sur bien des aspects. Tout d'abord, c'est une oeuvre qui met en valeur et sans s'embarrasser du moindre scrupule la volonté de puissance d'une femme et son "empowerment". Cette soif de pouvoir totalement assumée avait de quoi choquer à l'époque. Le personnage de Barbara Stanwyck, magnifique aussi bien dans sa vulnérabilité que dans sa détermination, a bien compris que le sexe fait tourner le monde et décide donc d'user de ses charmes pour grimper l'échelle sociale et sortir de la terrible misère dans laquelle elle a grandi.



Comme la plupart des autres films de l'ère pré-code, Babyface se démarque par son réalisme noir et tranchant, son exploration des bas fonds, sa séduction sans fard et surtout son rapport frontal au sexe.
A travers l'exploration du destin de cette jeune femme, c'est le portrait d'une Amérique impitoyable qui se dresse. On se demande après avoir vu ce film si l'héroïne avait vraiment le choix de ses armes.
Subtilement provocateur et encore d'une efficacité redoutable (les dialogues du début sont remarquables), Babyface offre aussi un portrait de femme assez inoubliable, portée par l'interprétation d'une des meilleures actrices du cinéma hollywoodien.



Le film est disponible en dvd d'occasion et vient d'être réédité dans le formidable coffret Forbidden Hollywood de la Fnac (topic ici : ). Atention, il s'agit d'une édition limitée !

Je te lirai après car comme tu le sais, je vais le regarder. J'en ai profité pour créer un sous-forum Forbidden Hollywood où on pourra mettre tous les films du coffret.

J'ai regardé Baby face et ce qui m'a frappée, c'est que le film serait aussi scandaleux aujourd'hui qu'à l'époque. Je suis certaine que la manière dont Baby face grimpe les échelons serait encore très mal vue. Ce thème d'une femme, qui veut avoir le pouvoir, est vraiment très moderne. Et comme le dit Emjy, je pense qu'elle n'avait pas le choix de ses armes et que seuls la séduction et le sexe pouvaient lui permettre d'arriver à ses fins. J'ai trouvé Barbara Stanwyck absolument formidable, elle joue parfaitement sur tous les registres, sa beauté est éclatante. On comprend qu'aucun homme ne puisse lui résister !
Qu'avez vous pensé de la fin du film ? J'aurais presque aimé qu'elle reste inflexible jusqu'au bout ! Mais je suppose qu'elle devait quand même paraitre plus humaine, plus sensible à la fin.

Je trouve aussi que le film garde son caractère scandaleux, même en 2021. Cela dit beaucoup de la place des femmes dans notre société.

Concernant la fin, je suis assez d’accord. J’imagine que le scénariste a voulu humaniser l’héroïne...