Dans ce récit de voyage autobiographique, l’Autrichien Heinrich Harrer retrace ses aventures dans l’Himalaya entre le début de la seconde guerre mondiale et 1951 environ. Alors que lui et son groupe tentent d’escalader un mont important en Inde, ils se font arrêter par les autorités anglaises, suite à la déclaration de guerre de l’Allemagne. Après plusieurs tentatives d’évasion, Heinrich Harrer et quelques autres parviennent à s’enfuir, et son objectif à lui est d’atteindre le Tibet, terre neutre où il pourra demander l’asile. Le périple jusque là dure près de deux ans, qui sont richement détaillées. Ma partie préférée est quand il arrive (avec son compagnon Aufschnaiter) à la capitale, Lhasa. Dans cette ville, ils sont merveilleusement accueillis, ils s’installent, se font beaucoup d’amis, trouvent du travail et mènent une vie très plaisante durant plusieurs années. Ce n’est que vers la fin de son séjour que Harrer entre en contact avec le jeune Dalai Lama, devient son instructeur et surtout son ami. C’est une relation étonnante, simple et touchante. Mais cette jolie existence est mise en péril quand les Chinois envahissent le Tibet. Harrer se voit forcé de fuir, et dans un postface déchirant, il apporte un compte-rendu de ce qui s’est passé après son départ : la destruction massive d’une culture et d’un peuple. De la superbe ville de Lhasa, où il a été si heureux, il ne reste quasiment plus rien
J’ai trouvé ce livre fascinant. Harrer écrit sans encombres, de manière factuelle et directe. Et s’il n’a pas l’air de faire des efforts, son récit n’en est pas moins efficace. Il décrit ses aventures avec précision, tout en simplicité et en sincérité. Et il frappe le lecteur en plein dans ses émotions : on tremble, on se réjouit, on craint, on rit… avec lui. Je pense que le fait que tout soit réel rend les événements encore plus passionnants.
Le film de Jean-Jacques Annaud avec Brad Pitt en tête d’affiche a très bien rendu le périple et le séjour de Heinrich Harrer. Visuellement, on peut dire qu’on voyage
Et j’étais contente d’avoir vu le film avant, car pendant ma lecture, je n’aurais pas toujours pu imaginer les paysages, les villes et l’architecture toute seule. Le livre, cela dit, reste bien plus complet, et j’ai préféré en découvrir les innombrables détails que le visionnage du film, plus en surface.
Certaines différences impotantes m’ont quand même un peu déroutée. Le personnage de Harrer est présenté très différemment dans le film que dans le livre. Celui du film est plutôt ambitieux, suffisant, voire égoïste. Il préfère voyager seul, n’en fait qu’à sa tête au point de parfois mettre les autres en danger. Rien de tout cela dans le récit de Harrer à travers ses propres mots. Evidemment, dans son propre récit, Harrer n’allait pas se montrer sous un mauvais jour. On peut dire en fait qu’il reste très discret sur les aspects personnels le concernant. Aurait-il passé sous silence certaines de ses facettes ? Ou bien est-ce que le film exagère les traits plus antipathiques de son caractère, peut-être dans le but d’illustrer avec plus de sensationnalisme son évolution auprès du Dalai Lama ? Un élément plutôt gros qui a une place importante dans le film et est totalement tu dans le livre est le fait que sa femme était enceinte quand il est parti. J’ai d’abord cru que le film avait inventé ça, mais une note biographique (par une journaliste) à la toute fin du livre indique que c’était bien le cas. Je trouve cela très étonnant qu’il ne le mentionne à aucun moment
Après, je pense que son objectif en publiant ses aventures était d’ouvrir le monde au Tibet, et peut-être aussi partager sa passion pour l’exploration, pas spécialement d’en fait un écrit personnel.
Le livre offre aussi une vision bien plus complète et nuancée de la culture tibétaine. J’ai l’impression que le film avait pour ambition de sensibiliser à la cause des tibétains, et pour cela fait tout pour rendre ce peuple le plus sympathique possible au téléspectateur. À cela s’ajoute le fait que le film s’inscrit dans la vague de popularité des spiritualités asiatiques, qui restent encore assez à la mode (surtout, justement, depuis que le Dalai Lama est apparu comme une figure publique en Occident). Tout cela a pour résultat que, à mes yeux, l’image présentée de la culture tibétaine est un peu trop lisse et idéalisée. Dans son livre, au contraire, Heinrich Harrer n’a pas peur de révéler des aspects moins glorifiants de leurs coutumes (comme les châtiments corporels, ou leur système féodal qui divise le peuple en différentes classes).
Mais bien sûr, de nombreuses facettes de leur culture m'ont fascinée. Et j'en tire une impression générale d'un peuple pacifiste, jamais pressé, qui n'a presque aucun intérêt à la compétition et qui rit beaucoup