Years and years 2019 bbc/Hbo

Je pense évidemment à la mort de Daniel dans des circonstances affreuses. Mais aussi moins tragique mais dramatique la perte de la vente immobilière de Stephen qui les plonge dans une crise financière terrible.

Tout m'a plus dans cette mini-série, le rythme effréné du premier épisode qui fait défiler les années après la naissance de Lincoln, la rencontre Viktor/Daniel, le conflit Sino-américain et l'omniprésence de Signor, l'outil numérique qui sert à communiquer au sein de la famille Lyons.
Les épisodes suivants, avec les dommages causés à la planète énoncés rapidement (disparition des papillons, de 70% des insectes etc..) et les événements politique plus terrible les uns que les autres (double mandat de Trump puis Pence, banqueroute de certains pays, fascisme et révolution en Europe) avec en toile de fond Edith qui se démène sans se faire remarquer, Daniel d'un optimisme sans faille pour pouvoir vivre avec Viktor, optimisme partagé par sa sœur Rosie qui ne renonce jamais et Stephen qui essaie de rester droit jusqu'à commettre l'irréparable (trahison envers Viktor puis ensuite travailler pour Vivian Rook..)

J'ai beaucoup aimé qu'en arrière-plan, on suive l'évolution de Vivian Rook, petite personnalité bruyante et sans complexe, puis propriétaire d'une chaine de télévision,candidate malheureuse en politique puis son ascension vertigineuse à coup de discours creux et de vaines promesse.
Emma Thompson est hallucinante dans ce rôle. La scène qui m'a le plus marqué avec elle est dans l'épisode 5 où devant un groupe de réflexion auquel appartient Stephen, elle parle des premiers camps de concentration pendant la guerre des Boers. Ce qu'elle dit est tellement effroyable qu'on en reste bouche bée

Citation :

“If you filled a camp with oranges, it would be a concentration camp, by dint of the oranges being concentrated, simple as that.(..) “The British found a way to empty those camps in South Africa.(..) : Have they ever heard of the British camps in South Africa? Of the Boers who died there in their thousands?

Cette scène est précédée d'une très courte scène où le talent d'Emma Thompson est impressionnant, quand elle dit à Stephen qu'elle ne peut plus reculer "they would have killed me". On voit sur son visage sa peur, l'impossible non-retour.



A noter que ce qui m'a le plus choqué dans cette mini-série fut la mort de Daniel. Je ne m'y attendais tellement pas que je suis restée sonnée comme Viktor sur la plage près de son corps
La scène qui m'a rendu la plus joyeuse est celle de la fin de la saison 6 où Edith et ses amis font exploser la tour qui bloque la réception des téléphones et qu'ils peuvent exposer ce qui se passe vraiment en Angleterre.

quand la bombe nucléaire tombe sur l'île en Chine Ils ont très bien fait de faire au téléspectateur vivre cet événement en direct à travers le personnage d'Edith, ça rend le moment tout simplement bouleversant.

Par exemple, à un moment on voit la grand-mère de la famille devant sa télévision qui émet des cris de "God save the king!", ce qui implique, à mon avis, que la reine Elizabeth est morte et a été succédée par Charles (ou William ?). Des petites choses de ce genre fourmillent, et tout n'est pas sur-expliqué, ce qui me plait bien.

La mort de Daniel, évidemment. Il y a le fait qu'on ne s'y attend pas, et puis surtout la réalité qu'elle illustre. Se dire qu'il y a des tas de personnes réfugiées, prêtes à tout pour passer les frontières, qui prennent des risques inouïs, mettent en péril leur vie, et meurent dans des conditions aussi horribles... ça me fait froid dans le dos.

Le comportement de Stephen, en général On dirait qu'il descend progressivement dans une spirale infernale, qu'il perd le contrôle et va de plus en plus loin. Déjà quand il renverse le vélo du livreur après l'enterrement de leur père, on a une petite idée de son besoin de vengeance et de l'agressivité dont il peut faire preuve envers ceux à qui il fait porter le blâme. Mais alors quand il en veut à Viktor, j'étais horrifiée ! Et le faire déporter comme ça, c'est juste d'une cruauté déconcertante. Surtout quand plus tard on voit la scène à travers l'écran de Beth, et qu'on voit son sourire après avoir accompli le transfert

L'omniprésence de plus en plus forte des technologies, au point d'être intégrées dans les humains quand Beth se fait implanter un téléphone, et ensuite plus, dans le corps. Et avec ça, on voit la disparition progressive de toute vie privée ! Vers la fin aussi, j'étais un peu effarée, quand Celeste explique à sa belle-grand-mère qu'elle n'a plus besoin de l'enceinte Signor puisqu'il est maintenant présent partout dans les murs de sa maison...  

Comme Diana, j'ai été fascinée par tout ce qui concerne Vivian Rook. Je trouve aussi qu'Emma Thompson est excellente dans son interprétation (cette scène devant le groupe de réflexion ). Et puis ce qui est très bien montré aussi, c'est la façon dont elle trace sa route, se rend de plus en plus populaire, et ce même auprès de ceux qui la détestaient d'abord ! Son pouvoir de manipulation glace le sang... Mais certains détails laissent à penser qu'elle n'est pas juste une personnalité seule, mais qu'il y aurait toute une organisation derrière elle, et qu'elle n'en serait que la figure publique, une sorte de marionnette (notamment quand elle dit "They would kill me").

Et puis de manière plus générale, le manque de certitudes dans ce monde où tout est susceptible d'être une manipulation, une distorsion de la réalité. Entre fake news, remises en questions incessantes des anciennes certitudes, théories du complot, mainmise du gouvernement sur les médias, des technologies qui peuvent recréer l'apparence et la voix de personnes publiques... On est tellement proche de tout ça que ça m'a fait très très peur

Surtout celui de la fin. On est tous responsables de ce que notre monde devient, et les personnages en prennent conscience grâce à leur grand-mère, et décident de devenir acteurs du monde qu'ils préféreraient avoir. Les scènes finales de révolution étaient très belles et émouvantes.

J'avoue que j'ai trouvé ça un peu dommage de faire monter le suspens pendant plusieurs minutes (et ils tirent vraiment en longueur, je trouve), tout ça pour laisser le spectateur sans réponse. Pour ma part, si j'espère que l'opération a fonctionné pour la famille, pour qu'Edith puisse continuer à "vivre", en revanche l'idée me déplaît fortement dans l'absolu. Cette forme d'immortalité ne me paraît pas enviable, et le fait qu'on y aspire me semble problématique. C'est un peu perdre de notre humanité, de notre nature, en nous débarrassant de ce qui est biologique et donc périssable.

Pour ton premier spoiler, j'ai beaucoup apprécié à quel point les scénaristes ne perdent pas leur temps à expliquer trop de chose: la reine est morte, vive le roi. Trump succédé par Mike Pence, la chute de certains pays dans la banqueroute ou le fascisme mentionné en passant etc..

Je partage ton opinion concernant la mort de Daniel, car malgré tous ses défauts, il était le plus touchant car il mettait son amour pour Viktor avant tout, au risque d'agacer ses sœurs. Sa mort fut un grand choc.
Concernant Stephen , c'est très bien fait de nous le montrer comme un homme droit, compréhensif, toujours là pour son frère, et puis le voir descendre lentement la pente vers l'abjection (n'ayons pas peur des mots, ce qu'il fait à Viktor est atroce )
Je n'avais pas pensé à sa réaction face au livreur à vélo, alors qu'il ne semblait pas apprécié son père, mais c'est effectivement un facteur déclenchant. Et puis il est franchement irritant quand il rappelle à tout le monde qu'il fait 5 métiers différents etc..

Citation :

Et le faire déporter comme ça, c'est juste d'une cruauté déconcertante. Surtout quand plus tard on voit la scène à travers l'écran de Beth, et qu'on voit son sourire après avoir accompli le transfert

C'est ce qui est le plus choquant finalement, car quand on le voit faire le transfert sur son ordinateur, on voit qu'il hésite et à peur, d'où le choc de Bethany et du spectateurs quand on voit sa joie mauvaise une fois l'action faite

Pour Vivian Rook, ce qui est glaçant, c'est que ce qu'elle dit est terriblement creux. Elle n'a aucun programme politique, sort platitude sur platitude est se fait élire.
Emma Thompson est parfaite dans ce rôle. Et oui, la scène du groupe de réflexion où elle parle des camps de concentration Boars est immonde.

Pour la fin, je pense aussi que les dernières minutes tirent en longueur, mais c'est vraiment un des rares moments un peu lent de la mini-série donc je pardonne les scénaristes.
Et même si je trouve également que digitaliser un humain est une super mauvaise idée, je préfère que ce soir Edith et non pas Bethany qui s'y colle. Son adoration envers le numérique et sa joie de se faire greffer des puces, caméra etc.. m'a fait peur.

Dernière chose, j'ai adoré comment les scénaristes ont évité le cliché de "mamie est morte". Le fait qu'elle soit vivante à la fin de la série m'a fait immensément plaisir

Diana a écrit:

Pour Vivian Rook, ce qui est glaçant, c'est que ce qu'elle dit est terriblement creux. Elle n'a aucun programme politique, sort platitude sur platitude est se fait élire.

Complètement ! Et le pire, c'est que cela existe bel et bien en politique... Ce n'est pas sans rappeler quelqu'un comme Trump, par exemple Et ça montre bien à quel point les gens peuvent être amadoués en jouant sur leurs émotions.

Diana a écrit:

je préfère que ce soir Edith et non pas Bethany qui s'y colle. Son adoration envers le numérique et sa joie de se faire greffer des puces, caméra etc.. m'a fait peur.

Là aussi, je suis d'accord avec toi. La première fois où elle en parle à ses parents, je m'étais dit, "mais quelle horreur, elle est persuadée que son bonheur est dans le virtuel !" Et puis petit à petit, on la voit littéralement sortir de sa coquille et perdre son air perpétuellement maussade quand elle acquiert de plus en plus de technologies intégrées dans son corps. C'est réellement ça qui la rend épanouie ! Et en moi-même je n'arrêtais pas de me dire "mais ce n'est pas réel, elle ne fait pas l'expérience de la vraie vie". Après, grâce à tout ça elle peut aider Edith...

Quant au fait que ce soit Edith qui se "digitalise", ça m'a beaucoup surprise. De tous les personnages, c'était d'elle que je m'y serais le moins attendue ! Mais c'est aussi un des bons côtés de la série, elle surprend et les personnages sont complexes et évoluent. Ils n'ont pas peut de montrer leurs contradictions (par exemple quand Stephen est choqué que Vivian Rook propose de soumettre la population à des tests de QI et de n'autoriser le vote qu'aux plus intelligents, et que ses proches lui rappellent qu'il tient lui-même l'argument que certains sont trop idiots pour voter...). Les personnages sont loin d'être unilatéraux, ils présentent de nombreuses facettes et prennent des directions parfois inattendues, mais sans paraître improbables pour autant.

Diana a écrit:

Dernière chose, j'ai adoré comment les scénaristes ont évité le cliché de "mamie est morte". Le fait qu'elle soit vivante à la fin de la série m'a fait immensément plaisir

Tout à fait ! Et c'est un personnage que j'ai beaucoup apprécié. Au début on peut la prendre pour une vieille dame de la vieille école, aux idées arriérées voire limite racistes. Et puis, par quelques paroles, quelques scènes, elle se révèle bien plus profonde et perspicace. Son échange avec Viktor m'a énormément touchée (quand ils parlent de ses parents à lui, qui l'ont dénoncé à la police), ou bien encore à la fin quand elle ouvre les yeux à toute sa famille sur la responsabilité de tout un chacun dans tout ce qui arrive. Et puis l'évolution de sa relation (aussi inattendue) avec Celeste m'a beaucoup émue. Quand elle la soutient face à l'infidélité de Stephen, quand elle l'inclue dans son héritage, etc. Au final, elle est une personne très inspirante, je trouve.

Et en parlant de cliché évité, je dirais que de manière générale, la série ne tombe jamais dans les clichés. Ça fait partie de son côté ultra-réaliste, on a l'impression de voir des gens comme tout le monde, qu'on pourrait croiser ici ou là, et pas à des personnages fabriqués de toutes pièces.

Citation :

Tout à fait ! Smile Et c'est un personnage que j'ai beaucoup apprécié. Au début on peut la prendre pour une vieille dame de la vieille école, aux idées arriérées voire limite racistes. Et puis, par quelques paroles, quelques scènes, elle se révèle bien plus profonde et perspicace. Son échange avec Viktor m'a énormément touchée (quand ils parlent de ses parents à lui, qui l'ont dénoncé à la police), ou bien encore à la fin quand elle ouvre les yeux à toute sa famille sur la responsabilité de tout un chacun dans tout ce qui arrive. Et puis l'évolution de sa relation (aussi inattendue) avec Celeste m'a beaucoup émue. Quand elle la soutient face à l'infidélité de Stephen, quand elle l'inclue dans son héritage, etc. Au final, elle est une personne très inspirante, je trouve.

L'échange avec Viktor était très émouvant, surtout quand on réalise que ce sont ses propres parents qui l'ont dénoncé et que le retour en Ukraine est synonyme d'arrestation ou d'emprisonnement.
Sa relation avec Céleste m'a beaucoup plu. Je n'apprécie pas tellement cette dernière car elle m'exaspère un peu quand elle montre trop visiblement qu'elle vient contrainte et forcée rendre visite à la grand-mère de son mari, puis finir par vivre chez elle.
Cependant, on voit bien un changement quand elle prend partie pour sa belle-fille quand Stephen se revèle infidèle, sans parler de la part d'héritage pour cette dernière.
On ne s'y attendais pas forcement. J'aime beaucoup la scène où elle pousse le vieille dame à dépenser son argent pour une opération des yeux, tant pis pour l'héritage

Je suis tout à fait d'accord avec toi concernant l'absence de cliché