The Wonder Years, créée en 2011 (et remake de la série
Les années coups de coeur de 1988) est peut-être un des rares exemples de série que j'aurais adoré suivre adolescente et qui se révèle finalement aussi réussie pour la spectatrice adulte (et plus critique
) que je suis.
La saison 1 est disponible sur la plateforme Disney + et je m'en suis délectée.
The Wonder Years met en scène les souvenirs d'un afro-américain qui se remémoire sa jeunesse à Montgomery dans l'Etat de l'Alabama, à la fin des années 1960, avec en toile de fond le contexte historique de l'époque.
Sans le talent d'écriture de ses scénaristes, le résultat aurait pu être didactique à outrance et convenu au possible. Heureusement, même si cette comédie familiale s'adresse à un large public, elle a le mérite d'apporter une vision originale de l'Histoire des Etats-Unis.
Dean (incarné par le formidable Elisha Williams, croquignolet comme ce n'est pas permis), est un enfant de 12 ans, élève curieux et studieux d'une école sortie récemment de la ségrégation. Son père (Dule Hill) est professeur de musique le jour et musicien de funk la nuit (la classe incarnée, je vous le dis) et sa mère travaille comme comptable tout en jonglant avec ses responsabilités au sein de sa famille de sa communauté. Forte et solidaire, elle a de quoi beaucoup inspirer sa fille aînée, Kim, militante en herbe au caractère bien trempé. Et il y a Bruce, le grand frère, parti servir au Vietnam.
Même si Dean grandit dans un état qui a connu la violence et la lutte pour l'obtention des droits civiques, c'est un petit gars heureux et épanoui, bien qu'un petit peu complexé.
Le regard que la série pose sur le passé penche peut-être plus intensément vers l'espoir que vers le chagrin et c'est aussi une des ses plus grandes réussites. Pour autant, le ton n'est jamais édulcoré. La série reste très lucide sur le chemin parcouru et celui qu'il reste encore à parcourir ...
La douce narration de Don Cheadle est fabuleuse (piquante, attendrissante, émouvante) et donne une saveur toute particulière à la série et il en est de même pour la présence paternelle de Dule Hill, qui incarne un père attachant et ultra-charismatique.
Le personnage de la mère n'est pas en reste. La vision résolument progressiste et féministe de la série nous offre notamment un remarquable épisode sur son lieu de travail. Et nous pousse ainsi à réfléchir sur les différents types de discrimination.
La série traite d'une quantité de sujets sociétaux avec finesse et sensibilité : le racisme et l'antisémitisme (Dean est très ami avec un petit garçon juif), les conflits de générations (le personnage du grand-père est extra - une sacrée personnalité !), la guerre et son difficile retour, les blessures liées à la ségrégation.
Le ton se veut aussi parfois plus léger grâce notamment aux premiers émois amoureux de Dean, ses échanges très amusants avec ses camarades, son quotidien au sein d'une famille dans laquelle on ne semble jamais s'ennuyer ...
Et la bande son très funk (l'une de mes musiques préférées au monde) est aussi un sérieux atout.
L'humour de la série est efficace, et repose aussi bien sur l'émerveillement et la sensibilité toute juvénile de Dean que sur la sagesse du narrateur, son alter égo, qui relate les évènements avec beaucoup d'esprit.
Il nous permet de montrer que les choses qui nous semblent insurmontables à 12 ans prennent une toute autre dimension quelques années plus tard. Et surtout que les choses réellement importantes peuvent passer au second plan.
Une série réjouissante à tous points de vue.
& vous, connaissez-vous
The Wonder Years ?