Station Eleven de Emily St. John Mandel

Vous connaissez ces livres qui sont tellement bons qu'on les dévore en un rien de temps, qu'on a du mal à s'arrêter de les lire, qu'on y pense tout le temps et qu'une fois terminés, on a seulement envie de les reprendre depuis le début? Station Eleven est un de ces livres pour moi. Une merveille inattendue que je voudrais conseiller à tout le monde.

L'auteure canadienne Emily St. John Mantel y imagine ce que seraient nos vies, si une épidémie de grippe mortelle aux proportions gigantesques décimait l'humanité. En quelques jours seulement, la population mondiale a diminué de 99%. Pour ceux qui restent, c'est un nouveau monde qui s'éveille : un monde sans électricité, sans internet, sans eau courante, etc. Un monde dépeuplé fait de villes fantômes et où les hommes se rassemblent en petites communautés, disséminées à des kilomètres de distances les unes des autres. Un monde où on ne sait pas ce qui se passe ailleurs, au-delà de la communauté à laquelle on appartient. Un monde dangereux, hostile, effrayant, où plus rien de ce qui semblait compter avant n'a de valeur. La seule valeur à présent, c'est la survie.

Mais pour un groupe de musiciens et acteurs itinérants, la survie ne suffit pas. Il en font d'ailleurs leur devise, écrite à la peinture sur les camionnettes tirées par des chevaux dans lesquelles ils se déplacent de campement en campement : survival is insufficent. Grâce à leur musique, grâce à Shakespeare, ils ré-insufflent l'art dans les vies pragmatiques des hommes et des femmes qui ont laissé derrière eux la civilisation telle qu'on la connaissait. Et avec l'art, c'est justement la civilisation qui renaît, c'est un souffle d'espoir qui vient raviver la flamme d'humanité qui ne s'est jamais vraiment complètement éteinte. Et il semble même que les conditions les plus dures, les expériences les plus dévastatrices, puissent révéler ce qu'il y a de meilleur en l'Homme.

En suivant quelques personnages, dont les vies se sont croisées, ou du moins effleurées, avant l'effondrement de la civilisation, Emily St. John Mandel plonge le lecteur au cœur d'un futur dystopique et l'emmène dans une intrigue aux nombreuses ficelles qui se mêlent et se démêlent au fil d'événements palpitants qui tiennent en haleine. Une fois qu'on a ouvert ce livre, on a du mal à le refermer. Et ce qui fait l'attrait fascinant de ce roman, c'est l'effrayante probabilité de ce qu'il raconte, son réalisme. On ne peut que frémir et en même temps se projeter, tellement son récit fait preuve de vraisemblance.

Station Eleven fait vibrer, trembler, peut-être que comme moi il vous donnera parfois envie de pleurer. Il fait voir le monde (et la civilisation) d'un autre œil, fait réaliser la chance qu'on a d'avoir toutes ces choses que l'on prend pour acquises, et qui se révèlent être si précieuses une fois qu'on les a perdues. Il montre ce que c'est, finalement, en-dessous de tout le superflus dont nos vies sont remplies, d'être humain. Il révèle la beauté qui existe, et qui continuera d'exister, là où on s'attend le moins à la voir, et qu'on oublie la plupart du temps de remarquer.

C'est un livre profondément émouvant, qui continuera sans doute de vous hanter longtemps après l'avoir lu.

Superbe présentation

Je n'avais pas entendu parler de ce livre, mais l'histoire et ton avis me donne très envie de lire de livre
Ton résumé me fait un peu penser à la série et au livre  The Leftovers

Citation :

ils se déplacent de campement en campement : survival is insufficent. Grâce à leur musique, grâce à Shakespeare, ils ré-insufflent l'art dans les vies pragmatiques des hommes et des femmes qui ont laissé derrière eux la civilisation telle qu'on la connaissait. Et avec l'art, c'est justement la civilisation qui renaît, c'est un souffle d'espoir qui vient raviver la flamme d'humanité qui ne s'est jamais vraiment complètement éteinte

Cet aspect du livre m'intéresse. Ce n'est pas juste une histoire de comment vit le reste de l'humanité, c'est une bonne chose.
Je rajoute ce livre à ma PàL (mais d'abord, je finis la pile de livres que j'ai à lire avant d'en racheter un seul )

Diana a écrit:

Cet aspect du livre m'intéresse. Ce n'est pas juste une histoire de comment vit le reste de l'humanité, c'est une bonne chose

Oui, c'est vraiment ce qui lui donne une dimension profonde et littéraire. Ce n'est pas "juste" un récit dystopique, et il suscite une réflexion très intéressante.

Je suis contente de t'avoir donné envie de le lire, je le recommande vivement

Diana a écrit:

Superbe présentation

Je n'avais pas entendu parler de ce livre, mais l'histoire et ton avis me donne très envie de lire de livre
Ton résumé me fait un peu penser à la série et au livre  The Leftovers

Tiens, c'est exactement ce que j'allais dire mais en parlant de la série, puisque je n'ai pas encore lu le livre.

Merci pour la présentation LilyBart, c'est vrai qu'elle fait envie. J'ai déjà lu Emily St. John Mandel et j'avais bien aimé son style. Je lirais surement ce titre.

Je tourne autour de ce roman depuis longtemps. Ton coup de coeur pour ce roman me donne envie de le découvrir enfin. Tout ce que tu écris laisse à penser qu'il s'agit d'une oeuvre passionnante.

Ce matin, une notification de Goodreads m'informait qu'Emily St. John Mandel avait posté des notes et commentaires sur son roman

Voici le lien

C'est très intéressant à lire, on découvre un peu ses intentions par rapport à certains passages et les thèmes qu'elles voulait aborder. Je suppose que ça aura surtout de l'intérêt si on a lu son livre, mais ça peut aussi donner une excellente idée de ce à quoi on peut s'attendre si on a envie de le découvrir

Je souhaite lire ce roman depuis si longtemps mais je n'ai toujours pas sauté le pas...

Merci pour ce nouvel élément LilyBart.

Wow, quelle histoire! Je suis intriguée et je vais partir à la recherche de ce livre!

C'est drôle, je voulais ouvrir un topic sur Emily St John Mandel dont j'ai lu 3 des romans ces dernières semaines et je vois qu'il en existe déjà un sur "Station Eleven"
J'ai beaucoup aimé ce roman , alors que je ne suis d'habitude pas très attirée par la SF, mais là, j'ai trouvé l'écriture singulière, claire; ce roman met en scène de très bonnes idées et n'est jamais plat ou ennuyeux alors que son ambiance est calme et le sujet potentiellement anxiogène.

Spoiler:

Sa structure est bien ficelée,

Spoiler:

Franchement, je le conseillerai notamment à des gens qui ne sont pas fans de SF car ici c’est “légèrement SF”, pour explorer ce genre!
Et au passage, j'ai adoré "the Leftovers" !!

@Barbara
J'aime la SF et ce livre me tente de plus en plus

Les deux autres romans de l'auteur sont biens aussi?

@Diana: 100000 fois oui! Je vais ouvrir un topic à ce sujet

Je viens de terminer la lecture de ce livre et mon avis est un peu moins enthousiaste que ceux de LilyBart et Barbara

En tout premier lieu, je tiens à preciser que j'aime énormément le style de l'auteur et sa façon "d'étoffer", de créer des personnages par petites touches pour les rendre tous marquants.
Je suis certaine de lire Sea of Tranquility qui me tente énormément ainsi que The Glass Hotel

Ce qui m'a empéché d'avoir le coup de coeur pour ce livre, c'est justement que je n'ai pas éprouvé d'intérêt pour la Traveling Symphony, malgré mon admiration pour Shakespeare, l'idée de présenter des pièces de théatre et de la musique à travers un monde désolé et dépeuplé.
C'est juste que je n'ai pas pu m'attacher aux personnages de cette troupe de théatre, et le fait que ce soit rattaché à l'arc narratif (heureusement en périphérie) du "prophète" m'a ennuyé, car c'est pour moi l'ultime cliché , le prophète/ le religieux, dans un monde post apocalyptique
Il y a finalement assez peu de mention des pièces de Shakespeare et je crois aucune mention des musiques jouées

Au contraire, tous les autres personnages m'ont énormément plu, notamment par le fait qu'ils se sont tous croisés, vus, parlés avant la fameuse grippe mortelle.
Arthur, acteur canadien qui finalement ne s'épanouit pas loin de sa petite île isolée canadienne, est un personnage que j'ai apprécié, tout comme Clark, son meilleur ami dont la vie est si différente.
Le parcours de Jeevan Chaudhary, journaliste, paparazzi et la révélation qu'il serait bien plus heureux en paramedic est intéressant mais j''aurais aimé le voir plus présent dans le livre.
Cela dit, mon personnage préféré, c'est nettement Miranda. Tous les chapitres sur elle sont mes préférés, que ce soit son épanouissement inattendu dans un travail de bureau qui lui plait et qui lui permet de se vouer à sa passion: l'écriture de la bande dessiné Station Eleven.
Sa relation avec Arthur, de leur rencontre à leur séparation, est très crédible et touchante.
Le chapitre où elle se rend compte, lors de son anniversaire de mariage, que son mari l'a trompe, est très triste.
La description de l'intrigue de Station Eleven, et l'importance que cela a pour Kirsten, est une très bonne idée.

La description d'un monde après la grippe, où l'esperance de vie est réduite suite à l'absence de médicaments, où les adultes se demandent s'il est sain de parler du monde d'avant aux jeunes qui sont nés après, est très crédible.
Cela m'a beaucoup fait penser à la série The walking dead, sans les zombie, mais avec le même questionnement: vivre isolé de crainte des autres ou vivre ensemble et construire une nouvelle vie?

Au final, j'ai bien aimé ce livre et je suis ravie d'avoir découvert cette auteur.