Le retour au pays natal de Thomas Hardy

Petite intro pour commencer !

Citation :

Présentation de l'éditeur
Le Retour au pays natal commence par l'une des plus prodigieuses descriptions de la lande qu'ait produite la littérature anglaise " la vraie matière tragique du livre " pour reprendre l'expression de D.H. Iawrence, grand admirateur de 'Thomas Hardy. Sur cette lande, un homme entièrement rouge, des pieds à la tête, avance très lentement dans une petite carriole, c'est " l'homme au rouge " qui marque les moutons de sa craie vermillon. Nous voyons à travers ses yeux : tout près, à l'intérieur de cette carriole, une femme dort ; au loin, les paysans ont allumé des feux sur un tumulus, on se rapproche un peu et l'on apprend les nouvelles du pays : Clym Yeobright, parti à Paris, va revenir à Noël ; sa cousine, la douce Thomasine devrait bientôt épouser Wildeve. Un peu plus loin, la très belle et sauvage Eustacia Vye se morfond en attendant son amant...
Le Retour au pays natal, d'abord publié en feuilleton en 1878 dans le magazine Belgravia, a été révisé par Hardy en 1912 lorsqu'il rassembla l'ensemble de ses œuvres de fiction sous le terme générique de Wessex Novels. Le Wessex est le nom qu'il donne au territoire sur lequel se déroulent tous ses romans et qui comprend six comtés du sud-ouest de l'Angleterre (dont le Dorset). Véritable unité territoriale mi-fictive (il réinvente une toponymie), mi-réelle (on reconnaît aisément les lieux), le Wessex devient un personnage à part entière.

J'ai lu/fini/dévoré le roman de Hardy que je viens de refermer à l'instant. J'ai bien mis 5 minutes pour me sortir de la phase "aaaah ce que c'était bien !!!"

Plutôt difficile de faire un résumé du roman... Je vous laisserai donc sur votre faim avec ce qui est présenté dans cette présentation...

J'ai beaucoup aimé le personnage de Diggory Venn, l'"homme au rouge". Il ressemble un peu à l'ange gardien des personnages : il est toujours là pour veiller sur eux d'une certaine façon et on sait qu'il va toujours sauver la situation.

Spoiler:

J'ai beaucoup aimé l'audace d'Eustacia au début. C'est un personnage féminin fort et déterminé, ça nous change des autres héroïnes hardyennes ! J'ai pas réussi à détester les personnages même après leurs actes plus ou moins pardonnables. Sa fin est tragique, et on ne saura jamais vraiment si

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Clym Yeobright est un personnage que j'ai aussi beaucoup apprécié. Tant de tendresse et de gentillesse réuni dans ce personnage, c'est à se demander pourquoi il est resté attaché à Eustacia. J'aime bien le fait qu'il arrive tard dans le roman alors que c'est lui le "natif"...

La mère de Clym m'a beaucoup émue... J'ai adoré les passages qui décrivent son attachement si fort pour son fils et vice versa, Hardy fait passer les sentiments des personnages avec une telle délicatesse et sobriété !! Je trouve que c'est le personnage le plus admirable du roman (j'ai failli dire "de la pièce" mais j'y reviendrai).

Et enfin Wildeve... bon là par contre j'ai quelques réserves. Il me faisait penser à Alec d'Urberville de Tess, ça devait un peu être son portrait avant l'heure. C'est un personnage souvent agaçant mais finalement il a juste eu le défaut de toujours vouloir ce qu'il ne possédait pas...

Oups j'ai failli oublier la (trop) gentille Thomasine. Personnage un peu aux antipodes d'Eustacia ce qui n'est évidemment pas un hasard.

Pour moi, il s'agit encore d'un autre chef-d'oeuvre de Thomas Hardy. La construction du roman est en effet basée sur le modèle de la tragédie, j'ai trouvé ça vraiment très intéressant. On retrouve le quatuor des jeunes (Eustacia, Clym, Wildeve et Thomasine), les paysans qui représentent le choeur, un décor pratiquement unique (pour parler vaste bien sûr, puisqu'il s'agit de la région et de ses habitations), bref on retrouve presque l'unité spatio-temporel en version élargie (le roman se déroule sur une année presque jour pour jour) et le fait que Hardy ait en vérité souhaité que sa pièce face 5 grandes parties comme les 5 actes d'une tragédie. En plus de cela, les petites superstitions hardyennes refont surface, Eustacia ayant la réputation d'être une sorcière. Les landes sont très présentes, il y a donc une sorte de dimension shakespearienne (et je me souviens même de la phrase d'Eustacia à un moment : "Avouer ou ne pas avouer ?" That is the question, on a envie de lui répondre...)

Egalement le fait que Clym arrive seulement au "2e acte", on attend impatiemment sa venue, car on parle beaucoup de lui dans la 1ère partie, tel un certain Tartuffe se faisant attendre... (même s'il n'a pas la figure d'un Tartuffe évidemment). Les chapitres sur la mascarade font aussi beaucoup penser à une pièce de Marivaux (Eustacia se déguise en homme pour s'approcher de Clym qu'elle admire déjà secrètement avant de le connaître). Bref, j'ai adoré tous ces clins d'oeil !!!

Mais même au niveau de la narration, les chapitres, les scènes sont souvent décrites comme si elles devaient être jouées au théâtre (on place bien le décor, les personnages, la foule, les accessoires...)

Bien sûr, on est chez Hardy, la mort passe forcément par là et certains personnages n'y échapperont pas...

Avec Le maire de Casterbridge, ce roman est en passe de devenir un de mes préférés de Hardy !

Il existe apparemment une adaptation avec Clive Owen et Catherine Zeta-Jones. Je suis curieuse de voir ce que donne cette adaptation !! Je m'étais d'ailleurs faite un casting maison en lisant le roman, et aucun des acteurs de cette version ne ressemblent à ceux auxquels je pensais !

Merci pour ce topic, Kary !
Je n'ai fait que survolé ce que tu as écrit de peur de me spoiler. Il y a de fortes chances que je m'offre ce roman lors d'un prochain passage dans une librairie. Ca fait tellement de temps qu'il me fait de l'oeil en plus !

Citation :

Avec Le maire de Casterbridge, ce roman est en passe de devenir un de mes préférés de Hardy !

Ce que tu dis là me rend d'autant plus impatiente. Le Maire de Casterbridge est sans doute aussi le roman de Thomas Hardy que j'ai préféré.

Je te remercie aussi Kary pour cette très bonne critique de ce roman. J'aime beaucoup Thomas Hardy, j'ai adoré Tess d'Uberville et Jude l'obscur - qui m'avait plongé dans une profonde mélancolie, mon dieu, je m'en souviens comme si c'était hier, j'ai mis quinze jours à m'en remettre... En effet, Hardy, c'est quand même pas très jouasse - Le maire de Casterbridge (avec Les Forestiers aussi) est dans ma PàL et celui-ci me fait bien envie du coup maintenant. Est-il sorti en livre de poche?

Citation :

Est-il sorti en livre de poche?

Je suis presque sûre que non. L'édition José Corti doit coûter un peu plus de 20 € en plus.

Bon... Merci pour la réponse très rapide. Et je ne crois pas que ma bibliothèque le possède. Il faut que je vois.

A vrai dire, je ne l'ai pas lu dans l'édition de présentation mais dans celle des Nouvelles Editions Latines (N.E.L.) qui ressemblent à celle-ci (et qui est donc assez ancienne) :



Je me l'étais procuré sur un site de vente d'occasion pour une bouchée de pain (sans compter les frais de port évidemment). Le livre n'était pas "coupé", j'ai dû trancher les feuillets avec mon cutter ! (sinon je n'aurai pas pu le lire !)

Je suis contente que ça vous donne envie de le lire !!

EDIT :

J'avais oublié de dire qu'il existait une édition chez Omnibus qui regroupait Tess/Jude/Le retour pour un peu plus de 20€ je crois, ce qui vaut quand même le coup pour ceux qui n'ont pas encore lu les deux autres. Mais comme l'ouvrage n'est plus réédité, il est aussi disponible en occasion pour presque rien !



Et maintenant j'arrête de vous embêter !

Citation :

Et maintenant j'arrête de vous embêter !

Mais pas du tout

Je savais qu'une édition Omnibus existait mais je ne l'ai encore jamais vu "en vrai".
Je pense que je finirai un jour par craquer pour l'édition José Corti, elle me plaît plus et puis comme j'ai déjà Tess et Jude ...

Merci Kary pour l'info.
Rah !!! Flûte, j'ai moi aussi Tess et Jude. Enfin à voir le prix... Peut-être que ça me fera basculer.
Et en effet, Le retour au pays natal n'est pas à ma bibliothèque.
Mais je vais fouiller les sites de bouquinistes, je trouverais, je pense. Si je serais bien incapable de revendre mes livres, je bénis, ceux qui, eux, le peuvent parce que comme ça, on trouve des sacrés bons livres dont on ne comprend pas qu'ils ne soient pas plus facilement trouvables.

Je reviens encore à la charge avec mon avis sur l'adaptation de 1994 !

Dans l'ensemble, je l'ai trouvée fidèle et plutôt pas mal. Le seul problème est que c'est une adaptation qui a beaucoup vieilli

En tout cas je ne sais pas si c'était l'intention du réalisateur mais parfois j'étais écroulée de rire, il y a un côté ringard et "petite maison dans la prairie", en plus de la qualité plus que médiocre du DVD qui renforce le côté téléfilm de l'après-midi sur M6...

Catherine Zeta-Jones m'a plutôt plu en Eustacia. Vive, fougueuse, impertinente. Un peu trop maquillée peut-être ! (Tout comme Thomasine d'ailleurs.) Celle-ci est jouée par la Mrs John Dashwood 2008, ça fait bizarre de la voir avec 15 ans de moins ! En tout cas, on voit très peu Thomasine, donc elle n'a pas eu l'occasion de la rendre trop niaise, ce que je craignais avec ce personnage.

Dommage aussi qu'on ne voit pas plus Damon Wildeve (Clive Owen). J'aime bien cet acteur, mais sa perruque l'enlaidit un peu à vrai dire ! J'aurai peut-être voulu plus de fougue et de passion de sa part envers Eustacia.

Mrs Yeobright était bien aussi. Je me répète, mais dommage qu'on ne s'attarde pas plus sur sa douleur et son amour pour son fils.

J'ai trouvé l'acteur qui faisait Diggory un peu âgé pour son rôle, mais bon, on ne le voit pas beaucoup. Je l'imaginais un peu plus charmant tout de même.

Et enfin, j'ai gardé le meilleur pour la fin : Clym Yeobright ! Alors, excusez-moi, je vais peut-être paraître dure mais qu'est-ce que je l'ai trouvé niais !!!!! En plus de n'avoir aucun charisme, l'acteur a transformé le personnage en benêt de service !!! C'est lui qui m'a fait le plus rire dans l'adaptation !! Et dieu sait que chez Hardy on ne rit que très peu, voire pas du tout ! Mais bon, en fait là ils me faisaient rire malgré eux, bien sûr (les scènes d'Eustacia et Clym).

Et sinon c'est vrai que c'est un peu court 1h40 pour une intrigue pareille, je trouvais que ça passait jusqu'aux scènes finales !!! Quelle maladresse de passer si vite

Spoiler:

Enfin, dans l'ensemble je trouve l'histoire assez bien restituée et cela reste une adaptation moyenne mais sympathique.

Je ne serai cependant pas contre une nouvelle adaptation !!! Si la BBC pouvait m'entendre ! (J'ai même des idées de casting, je vous en ferai part juste pour m'amuser prochainement.)

Le roman sort en poche chez Archipoche le 4 mai 2016 !

Et voici le visuel :

Depuis le temps que je veux le lire! Trop contente qu'il soit sorti en poche!

ce roman est du grand Hardy. L'écriture est magnifique, les descriptions de la lande, personnage à part entière, sont sublimes.
L'atmosphère du roman est particulière à Hardy, on retrouve le monde paysan avec ses superstitions, son parler "patois"...
Le personnage féminin Eustacia est un personnage de femme indépendante qui reve de se créer une vie et non pas de dépendre de la volonté des hommes pour ce faire.
Parmi les personnages masculins, celui qui m'a le plus marquée est l'homme au rouge, personnage un peu mystérieux et émouvant, qui surgit dans la vie des trois personnages principaux dans des moments parfois peu opportuns pour eux.

Petite info pour les éventuelles intéressées : Claire Tomalin a signé la postface de l'édition Corti dont Kary a posté une photo dans son message de présentation. Je l'ai dans ma PAL et ça me fait une raison de plus d'avoir très envie de lire ce roman !

Ah ça pourrait être intéressant, il faudrait que je regarde si je peux l'emprunter.
Pour une fois, la traductrice du Corti est la même que pour Archipoche, je ne sais pas par contre si elle a été révisée chez Corti.

J'ai beaucoup aimé ce roman de Thomas Hardy, que j'ai trouvé un peu différent des autres : le début possède une ambiance un peu mystérieuse et fantastique, car on est en plein Guy Fawkes day, avec des feux de joie et une apparition de l'héroïne quasi surnaturelle. Le paganisme et les superstitions occupent aussi une part importante, donnant au Retour au pays natal une ambiance vraiment particulière qui m'a un peu rappelé Les Hauts de Hurlevent d'Emily Brontë.

Eustacia est un personnage vraiment troublant : ses premières apparitions lui donnent un côté fascinant et mystérieux, puis on découvre une jeune femme assez volage et cruelle, qui aime jouer avec le coeur des hommes et orgueilleuse. Son aveuglement face aux aspirations de Clym la rend aussi un peu détestable car elle semble vouloir le forcer à se plier à ses souhaits au détriment des siens. Et pourtant quand le drame s'installe, on ne peut s'empêcher de ressentir de la compassion et de la tristesse pour elle.
L'intrigue du Retour au pays natal est à l'image de ces sentiments pour son héroïne : violente, fascinante, dramatique, baignée d'un climat de fantastique (j'ai adoré le personnage de Venn, qui a des allures d'ange gardien à intervenir pour contrarier les plans des personnages et une apparence presque fantomatique). Là aussi, cela a contribué à me faire penser au chef d'oeuvre d'Emily Brontë. Comme toujours chez Hardy, on voit progressivement les ressorts du drame se mettre en place et on devine que l'issue sera fatale, mais l'histoire est prenante et très bien écrite. J'ai aimé aussi le fait que, contrairement à d'autres de ses romans, on n'a pas un couple de héros mais deux, avec une sorte de triangle voire de carré amoureux. D'autre part, on retrouve une fois de plus cette atmosphère champêtre du Wessex, avec ses métiers, ses paysages, ses traditions qui marquent le cours du temps qui passe... Le tout saupoudré ici d'une pointe de croyances païennes et de superstitions liées à la sorcellerie.

Le Retour au pays natal ne me semble pas compter parmi les romans les plus célèbres de Thomas Hardy et pourtant, c'est un roman qui mérite qu'on s'y intéresse car il est très réussi et très intéressant de par son intrigue et son ambiance. J'ai en tout cas été complètement sous le charme pendant toute ma lecture.

Ton avis donne drôlement envie, Sandie. Ce que tu dis de l'ambiance m'intrigue particulièrement.
J'aimerais beaucoup relire Thomas Hardy bientôt et je pense que je choisirai ce roman.

PS : Je me dis qu'avec tous les romans de TH qu'on a lus jusqu'ici, on pourrait peut-être ouvrir un sondage pour choisir notre roman préféré...

Emjy a écrit:

Ton avis donne drôlement envie, Sandie. Ce que tu dis de l'ambiance m'intrigue particulièrement.
J'aimerais beaucoup relire Thomas Hardy bientôt et je pense que je choisirai ce roman.

Génial, je suis curieuse d'avoir ton avis sur ce roman !

Emjy a écrit:

PS : Je me dis qu'avec tous les romans de TH qu'on a lus jusqu'ici, on pourrait peut-être ouvrir un sondage pour choisir notre roman préféré...

Quelle bonne idée Veux-tu que je m'en charge ou tu préfères le faire ?

Je veux bien que tu le fasses