La mystérieuse affaire de Styles d'Agatha Christie (Hercule Poirot #1)

Hastings, soldat blessé lors de la première guerre mondiale, rencontre un de ses anciens amis, John Cavendish, qui l’invite dans la demeure familiale de Styles Court dans l’Essex. Il découvre que l’ambiance est assez tendue puisque Lady Cavendish, la belle-mère de John, s’est remariée avec un homme de 20 ans son cadet, Alfred Ingelthorp. Celui-ci est suspecté par l’entourage de lady Cavendish d’en vouloir surtout à son héritage. Les pires craintes de la famille se réalisent quand Lady Cavendish est retrouvée morte dans son lit alors qu’elle s’était enfermée à clef dans sa chambre. Rapidement, on pense qu’elle a été assassinée et tous les soupçons se portent sur son mari. La famille demande à  Hercule Poirot, dont Hastings a vanté les qualités en tant que détective, de faire la lumière sur ces événements.

Il s'agit du premier livre mettant en scène Hercule Poirot. Le livre a été publié en 1920.
J’ai beaucoup aimé cette première aventure. L’intrigue est assez classique puisqu’il s’agit de trouver la solution à un meurtre qui s’est déroulé dans une pièce fermée à clef. La grande force d’Agatha Christie est de nous emmener là où elle veut. Elle nous présente différents suspects potentiels de manière successive et on peut même anticiper un peu ceux qui vont être suspectés. Mais, j’ai perdu de vue la vision d’ensemble, doucement endormie par les faux indices livrés par Poirot. En effet, celui-ci nous lance sur « de fausses pistes » car ses déclarations ont un double sens que l’on ne saisit pas du tout lors de la première lecture. C’est seulement quand il les explique à Hastings que l’on se rend compte à quel point on a mal interprété ses propos.  Même si j’avais pensé au coupable et à son motif à un moment de ma lecture, je n’y pensais plus au moment de la révélation. J’ai beaucoup aimé me faire mener par le bout du nez par Agatha Christie. La résolution de l’intrigue se fait de manière très classique puisque tous les suspects sont réunis dans une seule et même pièce au moment des explications (je me demande d’ailleurs qui a inventé ce principe ? ? ?).

Le duo Hercule Poirot /Arthur Hastings nous rappelle un autre duo célèbre : Sherlock Holmes et John Watson. Dès les premières lignes, Hastings nous raconte qu’on lui a demandé de mettre par écrit les événements auxquels il a assisté et devient donc le narrateur des aventures d’Hercule Poirot comme Watson est celui de Sherlock. Mais, Hastings à d’autres points communs avec Watson. Tout d’abord, c’est un blessé de guerre (on apprend qu’il a participé à la première guerre mondiale). Ensuite, c’est par l’intermédiaire d’un ancien camarade qu’il va retrouver Poirot (il l’a déjà rencontré auparavant lors d’une enquête en Belgique). Hastings a aussi le même rôle de faire-valoir que Watson. Il est très souvent perdu face aux déclarations sibyllines de Poirot, à tel point qu’il se demande même si celui-ci ne perd pas la tête. Cela permet au lecteur de ne pas se sentir dépassé par les événements car, si bien souvent on ne comprend pas ce que dit Poirot, on n’a quasiment toujours un temps d’avance sur Hastings. Enfin, comme Watson, Hastings a un grand faible pour les femmes. Le passage le plus drôle du livre est sans aucun doute sa déclaration d’amour et sa demande en mariage. Le pauvre Hastings se fait rire au nez ! Il faut dire que sa demande était plus que précipitée.

J’ai aussi beaucoup aimé que le contexte apparaisse en filigrane puisque la guerre n’est pas finie (l’intrigue se déroule sans doute en 1916). Hastings y a participé, on évoque aussi les restrictions liées à ce contexte et si Poirot se trouve en Angleterre c’est parce qu’il a quitté la Belgique suite à ce conflit.

Cette aventure peut très bien être lue à part car on n’assiste pas vraiment à la première rencontre entre Hastings et Poirot puisque ceux-ci ont déjà participé à une enquête ensemble en Belgique (je me demande d’ailleurs si cette histoire a été racontée plus tard par Agatha Christie). On rencontre aussi James Japp qui, d’après ce que je sais, deviendra un personnage récurrent des aventures des héros d’Agatha Christie.

Il me semble l'avoir lu quand j'étais plus jeune, mais je ne suis pas sûre! En tout cas, je le relirai peut-être cette année

Je l'ai également lu il y a quelques jours. C'est pour moi une relecture, mais elle datait de quelques années. Comme toi, j'aime beaucoup ce premier roman. La rencontre Poirot/ Hastings est bien trouvée, et c'est plutôt judicieux d'avoir inscrit les personnages principaux dans un passé commun.

L'intrigue est classique, le coup de la chambre close est assez connu (en regardant sur wikipedia, il semblerait que la première apparition de l'énigme en chambre close se trouve dans Double assassinat de la rue morgue, d'E. Poe et Pierre de lune de W. Collins).
Le grand talent d'AC est de nous mener sur les fausses pistes, j'aime beaucoup la façon dont les paroles et les actes peuvent être interprétés de différentes façons. Je ne trouve jamais les coupables dans les romans d'AC.

Dans son autobiographie, Agatha Christie raconte avoir écrit un roman suite à un défi lancé par sa soeur Madge et c'est pendant qu'elle travaillait à la pharmacie de l'hôpital pendant la guerre qu'elle a eu l'idée d'un roman policier. Elles s'est inspirée de Sherlock Holmes pour créer son personnage, et belge parce qu'à cette époque, les réfugiés belges étaient nombreux. Et c'est dans le tram qu'elle a croisé un homme à barbe noire, qui sera le modèle d'Alfred Ingelthorp.
Une fois son ouvrage terminé, elle l'envoya dans plusieurs maisons d'édition, qui le refusèrent. Elle renvoya son manuscrit dans une autre maison d'édition et l'oublia presque. 2 ans plus tard, elle reçut une lettre, la maison d'éditions voulait éditer son roman, après quelques modifications.

Merci pour ces anecdotes !
Je compte bien entendu lire son autobiographie un jour mais j'attends d'avoir lu davantage de ses romans, je la savourerai mieux ainsi.

J'ai lu ce roman il y a quelques temps et j'en apprécie avant tout la description des personnages, et globalement la résolution de l'intrigue résulte avant tout de ce qu'on ne soupçonne pas d'eux me^me si Agatha Christie utilise ce qu'elle a pu lire par ailleurs elle se différencie par sa capacité à décrire ce que l'humain est prêt à risquer pour arriver au crime.

L'intrigue est construite, j'aime beaucoup la manière presque pédagogique dont Agatha nous initie à ses intrigues.

Je retrouve très bien l'intrigue de ce roman à lire ta preséntation Shelbylee merci à toi

Je viens de relire ce volume pour le Marathon que je prends en route. Sur mon vieil exemplaire dans la collection le masque (couverture orange), j'ai noté septembre 1981, qui est la date d'acquisition, mais à cette époque je lisais rapidement les ouvrages après l'achat... Autant dire que j'avais peu de souvenirs de l'intrigue, bien qu'il me semble avoir vu récemment une adaptation de cette histoire.
J'adore le personnage d'Hercule Poirot, toujours présenté de façon ridicule (tête en forme d'oeuf, moustaches gominées, maniaque, prétentieux...) mais qui finalement résout l'énigme la plus tordue grâce à ses "petites cellules grises".
Ce titre n'est pas forcément le meilleur, mais le côté psychologique est très détaillé et j'ai beaucoup aimé le questionnement d'Hercule Poirot

Spoiler:

Oui c'est vrai que ce questionnement était intéressant. Et puis pour un premier livre, c'est quand même vraiment intéressant.

Première lecture dans le cadre de mon marathon 1 Agatha Christie par mois dans l'ordre de parution!

La mystérieuse affaire de Styles est le tout premier roman écrit par la Reine du crime mais c’est aussi la toute première enquête du célèbre détective belge Hercule Poirot. Ce dernier se montre sous un jour pour le moins ambigu. Il agace autant qu’il intrigue. Il garde ses spéculations pour lui et nous fait languir jusqu’à la chute. Son caractère bien trempé est également à noter. Tous les protagonistes restent sans voix face à ce petit bonhomme fort perspicace. Comme je m’y attendais, l’ambiance so british est délicieuse. Le lecteur suit la résolution d’une enquête de meurtre au sein d’un petit village anglais. C’est aussi l’occasion de découvrir la machine judiciaire britannique. Tous les suspects sont détaillés et des cadavres sont sortis des placards.

Je suis en train de lire Mr Brown que j'aime beaucoup!

Je découvre enfin ce roman, j'ai bien aimé !

Ton analyse de présentation est très intéressante Shelbylee, notamment sur le parallèle entre Hercule Poirot/Hastings et Sherlock Holmes/Watson : impossible de ne pas y penser à la lecture, même si Hastings me semble moins "largué" face à Poirot que ce pauvre Watson face à Holmes. Le portrait qui est fait du détective belge est d'ailleurs intéressant, notamment pour ses dilemnes, que vous avez évoqué mais aussi sa perfectibilité (il lui arrive de se tromper ou d'être un peu perdu face à la complexité de l'affaire).

J'ai beaucoup aimé le côté Cluedo de l'intrigue, à savoir un meutre commis dans un espace clos et on sait que le meurtrier est un des habitants de Styles. Le dénouement est très malin et très vicieux en même temps, car

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Agatha Christie arrive très bien à "balader" le lecteur car à aucun moment je n'ai réussi à deviner qui pouvait être l'assassin...

Me voilà lancée à l'assaut des Hercule Poirot ! Et tant qu'à faire, autant commencer par sa première enquête... Ici, une riche héritière âgée meurt dans d'étranges circonstances et même si le coupable, son mari plus jeune, semble tout désigné, Hercule Poirot ne s'en laisse pas conter et entame sa propre enquête.
Le narrateur est Hastings -je ne me souviens pas si c'était le cas dans les autres enquêtes que j'ai pu lire- et c'est à travers ses yeux que j'ai (re)découvert le célèbre détective belge, un étrange petit homme extraordinairement perspicace.
Je n'ai pas boudé mon plaisir et j'ai maintenant hâte de lire la prochaine aventure de Poirot !

Shelbylee, j'ai pensé aussi à Holmes et Watson.

Hastings intervient surtout au début, puis il disparaît pour revenir à la fin (d'après ce que je sais, parce que je n'en suis pas à la fin).
Il faut dire que le pauvre n'est quand même vraiment pas fufute (pas dans le premier, mais dans d'autres).

Ah merci pour l'info.
Dans le deuxième déjà, je le trouvais un peu bêbête, apparemment ça ne va pas en s'améliorant.

Non et puis alors le pire c'est avec les femmes

J'avais découvert et adoré les romans d'Agatha Christie adolescente, puis pendant un long moment (plus de 10 ans, voire bien plus je pense), j'ai plutôt regardé les adaptations (notamment les séries Poirot - avec David Suchet notamment, qui a fait un remarquable travail je trouve - et les séries Miss Marple). A l'occasion du Mois Anglais et de la thématique Agatha, je me suis dit que c'était l'occasion de replonger dans les romans, et j'ai choisi le 1er roman avec Poirot.
J'ai retrouvé le plaisir de lecture que j'avais plus jeune et je me suis laissée complètement balader par Agatha Christie et Poirot, comme d'ailleurs ce pauvre colonel Hastings C'est un personnage à la fois attachant et amusant, avec son regard un peu condescendant sur Poirot (sa première réaction quand il le retrouve : le pauvre, il n'a plus toutes ses capacités, il a vieilli) et en même temps il est encore plus à côté de la plaque que le lecteur (et en effet, avec les femmes, c'est )
Comme vous d'ailleurs, j'ai aussi pensé au duo Watson et Holmes. J'ai été bluffée par la manière dont Agatha Christie menait l'enquête d'une main de maître. Dès cette première enquête, on sent le potentiel du personnage de Poirot, le fait qu'il ait vécu, son expérience, son caractère et ses manies, sa rigueur, ses questionnements sur l'impact de ses révélations... J'ai vraiment envie de continuer mes (re)lectures !
En revanche, concernant le dénouement, j'ai eu la sensation

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