Une jolie fille comme ça d'Alfred Hayes

Une jolie fille comme ça d'Alfred Hayes est le premier roman que j'ai lu cette année et je l'ai beaucoup apprécié.
Il s'agit d'un roman noir écrit dans les années 50, d'un conte cruel au charme obscur.
Il n'y a pas ici d'intrigue policière, le roman se concentre sur la relation qui lie un scénariste en vogue et une jeune actrice qui peine à percer à Hollywood.

Le roman s'ouvre sur une scène toute cinématographique. C'est sur une plage que les deux protagonistes font connaissance. Lui, est adossé à une balustrade, elle, un verre à la main, entre dans le Pacifique, alors qu'une fête, derrière eux, bas son plein. Il la voit, court à son secours, l'arrache des flots et la ranime. S'ensuit ensuite une liaison adultère. Alfred Hayes décrira avec une écriture incroyablement ciselée une curieuse relation, faite d'une attirance inexpliquée.
Le narrateur n'a de cesse d'expliquer que cette femme, bien que jolie et attirante, n'est pas son genre. Cette dernière est volubile, lunatique, mystérieuse. Agée de 25 ans, elle s'était installée à Los Angeles pour devenir actrice, pour avoir comme elle le dit "Mon visage sur les murs de la ville - en VO, cela donne : " My face for the world to see ", le titre original de ce roman aussi sentimental que vénéneux. L'héroïne est humble mais crâne, farouche aussi par moments. "Je me dis qu'elle touchait au nerf même du pathos, d'une certaine façon. Il y avait quelque chose chez elle, un air de femme blessée assez touchant", décrit l'homme.
Leur relation est analysée au scalpel par Hayes, qui évoque l'ambiguïté du désir et la vanité qui les lie avec une acuité troublante.
Le décor de ce roman est celui du Los Angeles corrompu, son atmosphère celle du Hollywood du film noir, qui oscille entre effervescence et langueur.

Le roman vient d'être traduit par Agnès Desarthe et édité chez Gallimard.

Ce roman n'a pas l'air mal, ça me tente bien.

Ca à l'air effectivement bien, mais j'attendrai une éventuelle sortie en poche.

Il me tente bien aussi!

Je l'ai noté depuis sa sortie, il me tente énormément et la couverture est sublime !

C'est un roman d'ambiance servi par une très belle écriture. J'espère qu'il vous plaira autant qu'à moi

Je l'ai reçu à Noël. Je suis donc contente de voir qu'il t'a plu et impatiente de le lire.

Fanny a écrit:

Je l'ai reçu à Noël. Je suis donc contente de voir qu'il t'a plu et impatiente de le lire.

C'est un super cadeau, hâte d'avoir ton avis

A lire d'une traite, "magnifique" et bien écrit- Emjy a suffisamment donné d'éléments en ce qui concerne l'intrigue, difficile d'en dire plus sans révélations

J'ai beaucoup apprécié le personnage féminin et la manière dont elle progresse, elle devient presque lumineuse, alors qu'elle démarre de loin

J'ai éprouvé un profond malaise à la fin de l'histoire, je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé la fin, mais les deux dernières pages m'ont glacées- Bref maitrisé et efficace-

Merci pour ton avis Constance.
J'ai trouvé ce roman très maîtrisé moi aussi, et implacable. Il m'a un peu fait penser à ce qu'a écrit Fitzgerald même s'il date des années 50.

J'ai lu le roman la semaine dernière et j'ai beaucoup aimé. L'ambiance est vraiment très sombre, très trouble. La relation entre les deux personnages principaux (qui n'ont pas de noms) est étrange, ils ne se plaisent pas vraiment mais semblent irrémédiablement liés par le sauvetage des premières pages. Leur histoire est vouée à l'échec dès le départ, elle ne peut que s'achever dans le drame. Le Hollywood qui est dépeint est vraiment celui des films noirs des années 50, cela m'a fait pensé à "Boulevard du crépuscule" de Billy Wilder. L'aspect psychologique est vraiment essentiel et les motivations des personnages sont vraiment décortiquées au plus près. Et comme l'ont dit Constance et Emjy, l'intrigue est parfaitement maîtrisée et tenue de bout en bout.

Comme toi, les héros ne m'ont pas tellement plu (ils sont assez antipathiques). Ce sont surtout l'ambiance et l'écriture qui m'ont séduite
Je verrai bien une adaptation !

Titine75 a écrit:

L'ambiance est vraiment très sombre, très trouble.

.... L'aspect psychologique est vraiment essentiel et les motivations des personnages sont vraiment décortiquées au plus près.

je partage ton avis Titine sur ces deux points, qui à mon avis font le sel de ce roman, ce petit roman n'est pas un chef d'œuvre, cependant on passe un moment de lecture fort agréable malgré la noirceur de l'intrigue

De mon coté j'essaie de mon coté de mettre la main sur In love traduit chez Stock, du même auteur

Le roman sort en poche chez Folio le 10 octobre.

Le roman sort finalement le 5 octobre. L'édition poche reprend la photo du grand format, c'est cool :

De mon côté, cette lecture a été une petite déception...

Si j’ai aimé le style d’Alfred Hayes et les descriptions du milieu du cinéma, les personnages ne m’ont pas vraiment accrochée. Ce scénariste en plein succès et cette aspirante actrice lucide sur son avenir, qui joignent leurs solitudes dans une ville qui dévore les âmes de ses habitants, ne m’ont pas inspiré de sympathie. Pas assez d’émotions, trop de réflexion, je pense.

Cela-dit, j’ai aimé la peinture sans fards faite de Los Angeles.

Et j'ai également trouvé la préface signée Agnès Desarthe très belle et bien écrite ; elle donne envie de se plonger immédiatement dans l’histoire.

"Ce qu’elle possédait, en revanche, apparemment, était une espèce de désespoir, qui engendrait une forme différente, un genre alternatif de séduction."

"La solitude. C’était l’unique passion réellement active qui me restait à présent, ma seule obsession véritable."

Je pense profiter de la sortie en poche pour le lire, car il me faisait vraiment envie!