Passion et repentir (The New Magdalen) de W. Wilkie Collins

Le 5 juin, Libretto réédite un Wilkie Collins, il s'agit de Passion et repentir.

Citation :

Sur le front franco-allemand, pendant la guerre de 1870, le hasard réunit deux jeunes Anglaises. Lorsqu'un obus frappe l'une d'entre elles, l'autre décide aussitôt d'usurper son identité pour rompre avec un passé infamant et vivre enfin une vie meilleure. Au début, tout se passe pour le mieux. Mais, très vite, les événements vont prendre un tour inattendu

C'est pas mal, un titre de Collins que je ne connais. Merci pour l'info Shelbylee

Ah super, le résumé m'intrigue ! Je viens de voir qu'il fait 448 pages

Super nouvelle!

Merci pour cette info Shelbylee! J'aime beaucoup Collins et ce résumé donne envie. Et la couverture est très belle

Je trouve le résumé très intrigant, surtout le côté guerre franco-prussienne de 1870.

Le tableau utilisé est le même que celui de l'édition Folio de Middlemarch, mais il y a un personnage en plus

C'est un très joli tableau

Je l'ai lu et il est superbe! Un très beau roman terrible et très féministe je trouve (comme souvent Wilkie Collins).
Presque un de mes préférés car il m'a beaucoup touchée. A rapprocher de Ruth sur le thème de la rédemption...

Commencé hier et pour l'instant j'aime beaucoup.
C'est mon premier Wilkie Collins ! La 4eme de couverture m'a convaincue !

D'autres l'ont lu depuis mai ?

Non, je ne crois pas mais on attend ton avis avec impatience !
Le synopsis avait l'air très tentant en effet.

Je l'ai repéré dans un hotel dans lequel on logeait et j'ai failli l'entamer (avant de me dire que je ne l'aurais pas fini en une nuit ...).
Mais l'avis de Anne Dashwood et de Poppée me fait regretter de ne pas avoir tenté le coup !

Je n'avais pas vu ce post! merci beaucoup, je l'ajoute vite à ma liste et il me tarde aussi de le découvrir.

Je voudrais lire ce roman ce mois-ci mais je ne sais pas si j'aurai le temps. En tous cas, il me fait très envie, surtout depuis que je sais que Persephone Books vient de l'ajouter à leur catalogue. Ce choix est relativement étonnant de leur part étant donné qu'ils rééditent très peu d'écrivains hommes. Ils l'expliquent toutefois dans un article qu'ils viennent de publier sur leur site :


L'illustration de l'édition de 1891 est de George Du Maurier (grand-père de Daphné)

Citation :

Wilkie Collins is rightly regarded as one of the nineteenth century’s most eminent writers. Although many Persephone readers will know The Woman in White and The Moonstone, he in fact published twenty-one other novels. The New Magdalen (1873), Persephone Book No.138, is about a ‘fallen woman’, Mercy Merrick, attempting to rehabilitate her character and her reputation; and the (often reprehensible and unkind) attitude of some of those around her.

The New Magdalen is part of a genre known as the Sensation Novel (eg. The Moonstone, East Lynne, Lady Audley’s Secret, all written in the early 1860s) which is described in Matthew Sweet’s gloriously un-highbrow piece on the British Library website. He writes: ‘Sensation fiction is populated by men who cannot bear loud noise and women who cannot digest cake. On its pages you will meet wives fixated on vengeance and husbands shamed by murder… The fiction of Wilkie Collins, Ellen Wood and Mary Braddon unsettles profoundly. Its accounts of sickness, insanity, identity-theft and long-suppressed family secrets tell a story about the anxieties and uncertainties of nineteenth-century life – and our own lives, too.’

The New Magdalen is, as well, revealing about mid-nineteenth century attitudes and moral values. As James Bobin writes in his Persephone Preface: ‘Wilkie Collins’s earlier work such as No Name dealt with illegitimacy, Man or Wife centred on Scottish marriage law, and Poor Miss Finch was the story of a young blind woman and a romantic triangle with two brothers. Collins’s novels, throughout the 1860s and 1870s, grew markedly more angry at what he perceived as injustices.’

At the time it came out as a novel it also had a very successful run on the London stage – which is why it is divided into two ‘scenes’ and why much of the dialogue does in fact feel like a play. (It was also made into a silent film, twice, in 1910 and 1912.) From the outset the novel was seen as scandalous due to its title. ‘Magdalen’ was the name for a reformed prostitute, a subject that was not to be discussed in proper society. In any case, contemporary reviewers did not seem to be shocked by either the play or the novel, and only a few years later, in May 1880, The Spectator would highlight The New Magdalen as one of Collins’s novels which ‘enlighten humanity in regard to certain moral problems of deep and momentous import, and hold up to nature a mirror which educated the soul even more than it diverts the understanding’; which is why the writer thought the plot ‘no more than the necessary vehicle for the inculcation of profound ideas.’ Nowadays we might find ‘profound’ stretching it a bit. Nevertheless, The New Magdalen is absorbing and thought-provoking, despite the sometimes almost pantomime-ish conventions.

In essence, Wilkie Collins manages to challenge clichés about the ‘fallen’ woman; most importantly, he gives Mercy Merrick agency and self-determination in her own story. As the Preface observes: ‘This is the great strength of The New Magdalen and perhaps also of Wilkie Collins’s work in general. He was a man who was ahead of his time not only in his attitudes to women, but also to the world around him. He was a man with integrity who fought for the less fortunate, but also who entertained and enthralled the man and woman on the Clapham Omnibus.’

Tout ceci m'intrigue beaucoup !

Et pour ne rien gâcher, le marque-page de cette édition, qui reprend un motif victorien est superbe

J'avais repéré cette nouvelle sortie Persephone books (un écrivain masculin en plus, c'est rare !), je pensais qu'il n'était plus édité en français en plus, mais je m'étais basée sur Wikipédia et ils n'ont pas donné le bon titre VF pour ce roman

Du coup, j'hésite entre l'édition VF ou l'édition Persephone. Le marque-page est très tentant, il est vraiment superbe

Je n'ai pas craqué pour l'édition Persephone parce que j'avais déjà le roman en français dans ma PAL. 
Elle est en tous cas très tentante, pour le mp évidemment mais aussi pour la préface qui est sûrement très intéressante.

Sinon, je viens de le finir et j'ai adoré. Quel page turner ! Je vous en reparle très vite.

J'ai commandé l'édition française cette semaine chez mon libraire, j'ai hâte de le lire vu ce que tu écris

Comme je le disais un peu plus haut, j'ai vraiment beaucoup aimé ce roman 

Je ne sais pas pourquoi je ne lis pas W. W. Collins plus souvent car j’ai aimé tout ce que j’ai lu de lui, et c’est une fois encore le cas avec ce titre. Il est rare que Persephone publie des auteurs masculins mais à chaque fois qu’ils le font, leur choix apparaît plus que cohérent. En effet, ce roman, en plus d’être un thriller gothique victorien extrêmement efficace, propose un portrait de femme forte inspirant. Au delà de sa dimension roman à sensation très en vogue dans l’Angleterre victorienne, Passion & Repentir dénonce ouvertement les injustices et l’âpreté morale de la société de l’époque. L’auteur s’oppose ici aux clichés liés au stéréotype de la femme déchue. En ce sens, son roman ne constitue pas seulement le récit d’une rédemption. Il réinvente le concept même d’anti-héroïne. Un vent de scandale et de progressisme souffle sur ce roman captivant que j’aimerais beaucoup voir un jour adapté à l’écran (la BBC, si tu m’entends )

Pour ma part, j'ai opté pour l'édition Persephone (mon tout premier ). J'ai été séduite par la qualité de l'édition, le papier est vraiment agréable, je n'avais pas compris que chaque livre était accompagné d'un marque-page ( ) et comme le mentionnait Emjy, on a des illustrations de l'édition de 1891 (4 de C S Reinhart et 2 de George du Maurier).

J'ai beaucoup aimé ce roman, que j'ai dévoré. J'ai été un peu déstabilisée, car je m'imaginais un livre avec beaucoup plus d'action, un peu comme les autres grands romans de Wilkie Collins et il m'a évoqué une pièce de théâtre. C'est normal car le roman est sorti en 1873 en même temps que la pièce du même titre (je n'avais pas lu le résumé détaillé qu'avait posté Emjy avant ma lecture, où c'était expliqué). Ainsi, le nombre de lieux est limité, et on a une construction théâtrale, avec une succession de "scènes", de dialogues entre certains personnages.

Shelbylee a écrit:

Je trouve le résumé très intrigant, surtout le côté guerre franco-prussienne de 1870.

Finalement, la guerre n'a que peu d'importance pour elle-même, elle n'est que dans le début du livre (ce n'est pas comme d'autres grands romans comme Vanity Fair ou Guerre et Paix). En revanche, elle donne une situation exceptionnelle à l'héroïne, qui va la décider à prendre une décision autour duquel tourne tout le livre.

Il y a un moment où je me suis dit : mais en fait, c'est assez simple comme histoire. Sauf qu'avec l'écriture de Collins, on s'inquiète, et surtout on se demande ce qui va finir par se passer, si l'épée de Damoclès qui est au-dessus de la tête de l'héroïne va tomber et les conséquences que cela va avoir (je reste très vague pour ne pas vous dévoiler trop de l'intrigue). Il y a une intensité qui fait qu'on avance dans le roman.

Emjy a écrit:

Ce roman, en plus d’être un thriller gothique victorien extrêmement efficace, propose un portrait de femme forte inspirant. Au delà de sa dimension roman à sensation très en vogue dans l’Angleterre victorienne, Passion & Repentir dénonce ouvertement les injustices et l’âpreté morale de la société de l’époque. L’auteur s’oppose ici aux clichés liés au stéréotype de la femme déchue. En ce sens, son roman ne constitue pas seulement le récit d’une rédemption. Il réinvente le concept même d’anti-héroïne. Un vent de scandale et de progressisme souffle sur ce roman captivant que j’aimerais beaucoup voir un jour adapté à l’écran (la BBC, si tu m’entends )

Absolument C'est d'ailleurs le premier livre (de cette époque) que je lis où on voit une femme considérée comme déchue par la société être l'héroïne d'une histoire. La manière dont Collins défend son droit à accéder à une nouvelle vie est remarquable et révolutionnaire pour l'époque !

Toutefois je ne sais que penser de Julian Gray, je suis un peu ambivalente (et serais curieuse de connaître vos impressions). D'un côté, il est lui aussi inhabituel par son modernisme, son intérêt pour ceux que la société délaisse, sa bienveillance (tout en restant dans une grande moralité - c'est d'ailleurs, je suppose, ce qui permet de rendre son propos légitime dans le contexte de l'époque). Et en même temps, on a l'impression que Mercy Merrick ne peut rien faire de bien si elle n'est pas guidée, ce qui m'a gênée... Ca m'a fait penser aux critiques de certains lecteurs envers Edmond Bertram (qu'il forme/dirige les pensées de Fanny), mais ici c'est décuplé car écrit noir sur blanc !

Concernant la fin :

Spoiler:

Pour finir, quelque chose qui m'a amusée : j'ai été surprise par la théâtralité du style, notamment dans les réactions physiques (elle tombe à genoux comme on le voit sur l'illustration postée précédemment), tout semble exacerbé, voire exagéré (mais ça fonctionne bien dans le texte !).

Je suis très contente que ta première lecture d'un roman Persephone t'ait plu

La dimension théâtrale du roman m'a un peu désarçonnée au début mais je me suis finalement rapidement laissée prendre au jeu. L'auteur maîtrise très bien l'aspect dramatique et le suspens de son histoire et le résultat reste très efficace même pour un lecteur du 21ème siècle. Pour cette raison, je me dis qu'une adaptation ciné ou télé serait vraiment intéressante à voir !

Je te rejoins concernant le personnage de Julian Gray. C'est un homme qui croit au pardon et qui se veut moderne (ce qu'il est à bien des égards, surtout si on le compare à ses contemporains) mais il reste aussi un homme de son temps. En tant que personnage de fiction, je le trouve nuancé et donc plutôt intéressant.

Ma remarque va vous sembler bizarre : je pensais que Persephone Books ne rééditait que des livres écrits par des femmes.

bookish love a écrit:

Ma remarque va vous sembler bizarre : je pensais que Persephone Books ne rééditait que des livres écrits par des femmes.

Non, rien de bizarre dans ta question ! En effet, il n'y a quasi que des auteurs féminins. Je ne sais pas si c'est un cas unique, mais c'est un roman très féministe et en avance sur son temps, c'est pourquoi il a été mis au catalogue

Voilà donc une bonne chose ! Merci pour ta réponse Miss Artemis

je suis contente de lire vos enthousiastes car je prévois de le lire en février. J'ai hâte de retrouver Wilkie que je n'ai pas lu depuis un moment.

Miss Artemis Holmes a écrit:

bookish love a écrit:

Ma remarque va vous sembler bizarre : je pensais que Persephone Books ne rééditait que des livres écrits par des femmes.

Non, rien de bizarre dans ta question ! En effet, il n'y a quasi que des auteurs féminins. Je ne sais pas si c'est un cas unique, mais c'est un roman très féministe et en avance sur son temps, c'est pourquoi il a été mis au catalogue

Oui, c'est la raison qu'a donné l'éditrice pour expliquer son choix de rééditer ce roman de Wilkie Collins en particulier.
A noter que Persephone Books a publié d'autres auteurs masculins, tels que Leonard Woolf, le mari de Virginia, ou encore Denis McKail (le frère d'Angela Thirkell) et RC Sherriff (dont j'avais beaucoup aimé The Fortnight in september )

Titine75 a écrit:

je suis contente de lire vos enthousiastes car je prévois de le lire en février. J'ai hâte de retrouver Wilkie que je n'ai pas lu depuis un moment.

Bonne lecture à toi !

Voilà longtemps que je n'avais pas lu un roman de Wilkie Collins et j'ai été ravie de le retrouver. J'ai apprécié la forme théâtrale du roman avec son découpage en tableaux, ses dialogues développés et les lieux de l'action qui sont restreints. Ce qui m'a frappée dans ce roman, c'est le fait que les révélations concernant les agissements de Mercy arrivent rapidement. Après le préambule, le lecteur aurait pu s'attendre à ce que cela apparaisse à la toute fin du roman. Mais le suspens n'est pas ce qui intéresse Wilkie Collins dans cette histoire.


C'est le destin de Mercy qui intéresse avant tout l'auteur. Ce qui est très novateur ici c'est le fait qu'une femme déchue, une anti-héroïne soit au cœur du roman. Cette femme cherche à avoir une seconde chance dans la vie ce que lui refuse la société victorienne si corsetée et moralisatrice. Wilkie Collins dénonce avec force les injustices qui lui ont été faites et qui perdurent. Cette nouvelle Marie-Madeleine est tombée dans le péché par pauvreté, par manque de chance et non par vice. L'histoire montre d'ailleurs à quel point cette femme perdue se montre droite et loyale lorsqu'il le faut. Même si elle est aidée en cela par un homme, ce personnage féminin est particulièrement captivant et bien dessiné.


"Passion et repentir" est un roman un peu à part dans l’œuvre de Wilkie Collins en raison de sa construction théâtrale et de son anti-héroïne. Encore une fois, l'histoire est extrêmement efficace et se dévore avec plaisir.