L'adaptation d'Othello par
Oliver Parker (réalisateur des très bons Un mari idéal et L'importance d'être constant, mais aussi de l'abominable Portrait de Dorian Gray en 2009) est sortie en 1995.
Othello est interprété par
Laurence Fishburne (rôle interprété pour la 1e fois par un acteur noir dans un film d'envergure internationale et non pas par un blanc grimé en noir),
Irène Jacob joue Desdémone,
Kenneth Branagh incarne le machiavélique Iago.
C'est une adaptation assez fidèle, même si quelques petits détails ont été ajoutés comme une scène de danse, quelques scènes dans un lit (mais la passion charnelle étant un des thèmes de la pièce c'est beaucoup moins étonnant que chez Jane Austen par exemple).
La mise en scène est plutôt classique.
Evidemment, le film est vampirisé par la performance magistrale de
Kenneth Branagh en Iago. Je n'ai d'ailleurs jamais compris pourquoi les grands acteurs (Laurence Olivier, Orson Welles, Anthony Hopkins...) interprétaient le personnage d'Othello, tellement il semble évident que Iago est le personnage le plus intéressant de la pièce.
Kenneth Branagh est tour à tour charmeur et machiavélique. Il instaure une certaine complicité avec le spectateur puisque ses monologues sont adressés directement face camera (c'est efficace même si le procédé a déjà été utilisé).
Laurence Fishburne est un Othello assez attachant, plus que dans mon souvenir de la pièce, où il m'avait semblé presque ridicule à cause de son aveuglement. Ici, il semble sincèrement amoureux au début puis perd pied petit à petit. Par contre, le problème est que ce n'est pas un acteur qui a l'habitude de jouer du Shakespeare et que parfois on a un peu l'impression qu'il récite son texte sans lui donner vie.
De plus, s'il est attachant, il perd un peu de fougue. Je n'ai pas vu beaucoup d'adaptations d'Othello, mais la scène de la mort de Desdémone dans
Stage Beauty est beaucoup plus passionnée que dans cette adaptation.
Irène Jacob m'a semblé un peu transparente, il faut dire que le rôle de Desdémone ne permet pas vraiment de briller. Elle aussi lutte avec la maîtrise de la langue, ce qui rend son jeu un peu haché.
Il y a de très bons seconds rôles qui tirent leur épingle du jeu comme
Anna Patrick, l'interprète d'Emilia qui donne une vraie profondeur au rôle ou bien encore
Michael Maloney, l'interprète de Roderigo, personnage qui ne m'avait pas marquée dans la pièce.
Au final, l'adaptation est plaisante. En tout cas, elle vaut le coup d'oeil pour l'interprétation de Kenneth Branagh.