Our Zoo est une série de 6 épisodes qui vient d'être diffusée sur la BBC. Ce period drama s'inspire de l'histoire de la famille Motterheard qui, malgré une opposition farouche et de grands sacrifices personnels, a fondé le Zoo de Chester à la fin des années 20. Le scénariste de la série est Matt Charman, un dramaturge acclamé.
Intriguée par les très bonnes critiques que la série a obtenues de la part du public et de la critique (la presse a été très élogieuse à son sujet), je me suis lancée dans cette nouvelle série, sans forcément être une grande passionnée ni connaisseuse du sujet. J'ai regardé les 6 épisodes en très peu de temps, séduite par le scénario (extrêmement soigné, intelligent et efficace), les acteurs et le ton de l'ensemble, qui rappelle les meilleurs productions de la chaîne.
George Mottershead vit dans un appartement au-dessus de l'épicerie de son père Albert, avec sa femme Lizzie et leurs deux filles Muriel et June. Il souffre de stress post-traumatique suite à son service dans l'armée durant la Première Guerre Mondiale, mais sa mère, la caractérielle Lucy est frustrée que son fils vive encore chez eux et veut que sa famille et lui déménagent. Sa famille commence à s'inquiéter de sa santée mentale lorsqu'elle apprend que George s'est rendu sur les docks et qu'il y a acheté un petit singe et un perroquet qui étaientsur le point d'être euthanasiés. George leur promet de vendre les animaux à un cirque mais finit par acquérir un chameau du nom de Sidney que les propriétaires du cirque étaient sur le point d'abattre.
Les trois animaux sont gardés dans la petite arrière cours de la famille. Mais pendant que certains voisins paient bien volontiers pour leur rendre une petite visite, l'épicerie, elle, perd ses clients ...
En traversant le petit village d'Upton pour se rendre à Chester pour une réunion de l'armée, George tombe sur un beau manoir du nom d'Oakfield, qui est mis aux enchères. Pris d'une inspiration soudaine, il projette de convertir ce domaine en un zoo où les animaux ne seraient pas emprisonnés. Bien que sa famille se montre sceptique et que Lucy refuse catégoriquement l'idée, George obtient un prêt de 3000 £ à la banque. A la vente aux enchères, les Motterhead remportent le manoir d'Oakfield pour 3500 £ mais Albert doit vendre son épicerie et l'appartement... Poussés par l'enthousiasme et la passion de George, chacun commence peu à peu à croire à son rêve ...
La famille s'installe bientôt à Upton mais décide de garder secret son projet aux habitants, du moins pendant les tout premiers mois. Malheureusement, le singe (que June a appelé Mortimer) s'échappe de sa cage et entre dans une boutique du village, causant la frayeur de la commerçante et par la même occasion, la méfiance et la rancoeur de certains habitants du village ...
Our Zoo nous montre un autre visage de l'Angleterre des années 20, bien différent de celui de
Downton Abbey ou
Peaky Blinders mais tout aussi fascinant.
C'est une série familiale mais qui surprend par la qualité et la richesse de son script. On pense à
Call the Midwife mais aussi un peu à
Cranford avec cette petite communauté villageoise repliée sur elle-même, en proie à de terribles interrogations face au progrès et au changement. Cette série, ce n'est pas seulement le récit de la création d'un zoo, c'est aussi et peut-être avant tout l'histoire d'un homme qui réapprend à vivre. George Motterhead est un homme profondément blessé, traumatisé par la guerre mais qui retrouve un sens à son existence grâce aux animaux et à son désir profond de préserver la vie.
C'est très émouvant de voir de quelle manière, grâce à sa persévérance, son courage et son énergie, il entraînera toute sa famille - même les membres plus sceptiques
- dans son incroyable aventure. En souhaitant reprendre le modèle du zoo sans barrières de Hambourg, George est une sorte de révolutionnaire. Il se mettra alors à dos presque tous les habitants du village d'Upton, convaincus que son projet mettra en danger leur tranquillité et surtout leurs valeurs.
Comme toute bonne série-chorale qui se respecte,
Our Zoo est portée par une galerie de personnages attachants et passionnants qu'on prend beaucoup de plaisir à suivre d'épisode en épisode.
L'opposition est incarnée par Mrs Radler, l'épicière revêche et par le révérent Aaron Webb (remarquablement incarné par Stephen Campbell Moore, comme toujours
), une sorte de force tranquille mais qui n'en est pas moins hostile et menaçante.
Lee Ingleby, qui incarne le héros, est excellent et incarne avec fougue et une touchante vulnérabilité ce personnage passionné et idéaliste. Je ne connaissais pas cet acteur, pour moi c'est une vraie révélation.
Ravie aussi de retrouver d'autres acteurs bien connus du petit écran anglais à ses côtés (Peter Wight, Anne Reid et Liz White, repérée dans
Life on mars).
Les filles Motterhead sont quant à elles interprétées par 2 jeunes actrices qui crèvent l'écran (et qu'il faudra suivre, à mon avis).
Sophia Myles campe quant à elle un superbe personnage de jeune aristocrate, qui vit recluse pour dissimuler un mystérieux passé. Notons aussi la présence d'un beau-frère volontaire et espiègle, d'un charmant petit facteur, d'un jeune médecin intègre (qui s'improvisera vétérinaire !) et d'une attachante réceptionniste.
Our Zoo offre de très belles scènes avec les animaux mais ne néglige pas pour autant l'aspect psychologique de ses personnages. C'est l'histoire d'un homme, qui se reconstruit grâce au soutien de sa famille mais aussi grâce à sa passion et à ses idéaux et des êtres qui gravitent autour de lui.
Même si la série se veut chaleureuse et optimiste, elle ne tombe pas dans le sentimentalisme. Le ton de l'ensemble m'a rappellée un peu les livres de Gerald Durell. On y retrouve un peu la même verve et le même humanisme
Encore une excellente production signée par la BBC, une de plus !