L'œuvre de Nick Hornby se nourrit de culture pop et
Funny Girl, le dernier roman de l'écrivain britannique, ne fait pas exception à la règle ! Je me suis régalée en le lisant, je pense même d'ailleurs le placer parmi mes préférés de l'auteur, aux côtés d'
About a boy et d'
High Fidelity. Je l'ai trouvé très inspiré, à bien des points de vue, sociologique tout d'abord mais aussi psychologique et humoristique. Nick Hornby nous plonge cette fois dans l'Angleterre du début des années 60 et plus précisément dans l'univers des studios de télévision, des comédies télé (ancêtres de nos sitcoms à nous) et de la radio. On est dans une Angleterre qui essaie de se réinventer culturellement, une Angleterre incarnée par la musique des Beatles évidemment mais aussi par une nouvelle scène de comédiens et d'humoristes.
La
Funny Girl du titre est Barbara, une jeune femme de 20 ans venue de Blackpool. Blonde et plantureuse, elle vient de gagner un concours de beauté dans sa petite ville natale. Mais tout cela ne l'intéresse pas, elle a concouru pour faire plaisir à son père et à sa tante. Ce qu'elle veut, elle, c'est faire rire les gens et mettre ses pas dans ceux de Lucille Ball, la célèbre comédienne américaine, son idole depuis toujours. Alors, elle décide de tout quitter pour partir à la conquête de Londres. Bien entendu, tout ne se fera pas du jour au lendemain mais notre héroïne est bien décidée à obtenir ce qu'elle : devenir une actrice comique. Pour le moment, elle doit se contenter de travailler dans une parfumerie et passer la plupart de son temps, à flatter les clients masculins ... Cette routine aurait pu durer longtemps si elle ne s'était pas présentée à un casting pour un nouveau programme de la BBC, scénarisé par un duo qu'elle connaît bien, Tony and Bill, dont elle a écouté les sketchs comiques à la radio avec son père pendant des années. Barbara leur plaira presque instantanément à eux, mais aussi au producteur et réalisateur, Dennis, un homme discret malheureux en mariage qui devra continuellement jongler entre les contraintes de la BBC et les desidératas de ses scénaristes, et à Clive, l'acteur séduisant et ronchon, qui deviendra sa co-star dans la série.
L'Angleterre de
Funny Girl est prise dans un véritable tourbillon. On assiste à de grands changements d'ordre social, notamment en ce qui concerne les femmes et le travail, ou encore l'homosexualité. Nick Hornby traite de cette évolution des moeurs avec la sensibilité et l'intelligence qu'on lui connaît, et sans que cela ne paraisse jamais fabriqué.
Cette époque est une source d'inspiration incroyable pour des scénaristes talentueux de shows comiques, qui peuvent ainsi mettre en scène les préoccupations actuelles des anglais, avec humour mais aussi une bonne dose d'impertinence.
C'est autour de Barbara (dite Sophie, un peu plus tard
) que le récit prend vie. C'est elle qui est au cœur du roman mais aussi au cœur de la série. Sans son charisme et son talent comique, le programme ne se serait sans doute pas fait ou aurait été tout à fait différent. Mais le charme du roman ne repose pas entièrement sur celui de son héroïne, toute la petite bande (
cast et
crew) est attachante car chaque personnalité de détache tour à tour et se révèle peu à peu, chacune à sa façon.
Avec
Funny Girl, Nick Horby redonne ses lettres de noblesse au divertissement, à la culture populaire et surtout à la comédie, comme il sait si bien le faire. Il y a des dialogues pétillants, des scènes cocasses, des références pop, de l'humour, de l'amouuuur (je ne dirais rien de plus si ce n'est
), des rivalités, des remises en question, de l'émotion et beaucoup, beaucoup de travail. Avec ce roman, on sent aussi que Nick Horby a voulu rendre hommage aux scénaristes et aux acteurs comiques et mettre en valeur un genre que les intellectuels se plaisent souvent à déprécier.
Pour l'anecdote, Nick Horby a révélé dans une interview que l'écriture de ce roman lui a été inspiré par une conversation qu'il a eu avec Rosamund Pike sur le tournage du film
Une Education. Quand on a connaît le rôle que l'actrice a incarné dans le film, on est pas étonné