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The Ghost Writer (roman de Robert Harris, film de Polanski).
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Damien Bookworm
Sujet: The Ghost Writer (roman de Robert Harris, film de Polanski). Mar 2 Mar - 22:51
Demain (le 3 Mars donc) sortira en France le dernier film de Polanski : The Ghost Writer. Je pense qu'il y a de grandes chances que ce film attire certains d'entre-vous dans les salles.
Le casting est alléchant : Ewan McGregor, Pierce Brosnan, Kim Cattrall (Samantha dans Sex and The City), Olivia Williams (actrice chouchoute de certains membres).
L'histoire également : Un nègre littéraire (Ghost Writer en anglais) est employé par l'ancien Premier Ministre britannique, Adam Lang, pour rédiger les mémoires de celui-ci. Mais la vie de cet homme politique semble cacher de lourds secrets. Très vite l'écrivain se sent en danger.
Le film est l'adaptation d'un roman de Robert Harris à qui l'on doit Pompéi, et Imperium. Le romancier a lui même réécrit son livre pour le cinéma. Le roman s'intitule The Ghost en anglais et L'Homme de l'ombre en français.
Avez-vous vu le film ? Ou lu le roman ?
Popila Bookworm
Sujet: The Ghost Writer, de Roman Polanski. Mer 3 Mar - 18:05
J'ouvre un topic sur un film sorti aujourd'hui sur nos écrans, et qui va très probablement faire beaucoup parler de lui : The Ghost Writer, de Roman Polanski.
Citation :
The Ghost, un " écrivain - nègre " à succès est engagé pour terminer les mémoires de l'ancien Premier ministre britannique, Adam Lang. Mais dès le début de cette collaboration, le projet semble périlleux : une ombre plane sur le décès accidentel du précédent rédacteur, ancien bras droit de Lang...
Le film est une adaptation d'un roman de Robert Harris, L'homme de l'ombre, et son auteur, journaliste politique, semble s'être inspiré de Tony Blair pour créer le personnage d'Adam Lang.
Le scénario du film a été conçu comme un thriller politique, mais aussi comme une tragédie shakespearienne, et doit beaucoup, au moins dans les thèmes, à Alfred Hitchcock.
A l'affiche, un casting prestigieux : Ewan McGregor joue le "nègre", Pierce Brosnan Adam Lang, Olivia Williams Ruth Lhang, et Eli Wallach l'homme de l'île.
A la réalisation, Roman Polanski, qui a supervisé la postproduction du film depuis le chalet suisse où il était assigné à résidence.
Le film a reçu l'Ours d'argent au festival de Berlin 2010...
Je n'ai pas encore vu le film, mais j'en crève d'envie ! Et vous ?
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Damien Bookworm
Sujet: Re: The Ghost Writer (roman de Robert Harris, film de Polanski). Mer 3 Mar - 19:03
@ Popila. Comme je te l'avais dit je l'ai ouvert ce topic ! Hier soir. Il se trouve dans la partie romancier anglais contemporain, puisqu'il s'agit d'une adaptation.
Popila Bookworm
Sujet: Re: The Ghost Writer (roman de Robert Harris, film de Polanski). Mer 3 Mar - 19:50
Oh, mince ! Pas vu. J'efface, alors ?
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Damien Bookworm
Sujet: Re: The Ghost Writer (roman de Robert Harris, film de Polanski). Mer 3 Mar - 23:18
C'est pas grave. Je pensais juste que certains membres pourraient avoir lu le roman.
Damien Bookworm
Sujet: Re: The Ghost Writer (roman de Robert Harris, film de Polanski). Jeu 4 Mar - 13:22
Je poste la critique du site "à voir, à lire". Le film a l'air excellent !
Citation :
Oubliez l’affiche immonde... The Ghost writer est un thriller politique passionnant, qui colle avec virulence à l’actualité. Bref, Maître Polanski est de retour.
L’argument : The Ghost, un " écrivain - nègre " à succès est engagé pour terminer les mémoires de l’ancien Premier ministre britannique, Adam Lang. Mais dès le début de cette collaboration, le projet semble périlleux : une ombre plane sur le décès accidentel du précédent rédacteur, ancien bras droit de Lang...
Notre avis : Evacuons immédiatement le visuel de l’affiche de The ghost-writer , particulièrement ringard, pour nous attaquer à l’essentiel, au film ! Une claque, une vraie, l’une de ces belles leçons de cinéma dont sont capables les plus grands. Avec l’adaptation du roman L’homme de l’ombre de Robert Harris (également ici co-scénariste), Polanski dissipe des mois de scandales judiciaires pour livrer la plus belle des vengeances, un nouveau must cinématographique au goût délicieusement salé. Thriller austère dans son rythme (deux heures dix et une absence quasi totale d’action) et son goût esthétique pour la dépression (une météo insulaire morose, baignant dans une photographie désabusée), Ghost-writer est l’incarnation du film malin. Le cinéaste construit avec la dextérité d’un cinéaste Hitchcockien, un récit opaque aux vertus fascinantes de l’hypnose, rassemblant les pions d’un puzzle politique, sans jamais trop en dévoiler, brouillant les pistes pour mieux nous captiver, et érigeant la femme en maîtresse trouble d’un jeu de manipulation à plusieurs niveaux.
Le nouveau Polanski plonge Ewan McGregor, nègre d’un ancien premier ministre britannique (Pierce Brosnan, solide), le temps d’une autobiographie événement, dans les coulisses du pouvoir. L’homme de l’ombre qu’il est (cf. le titre du bouquin original) débarque sur l’île américaine où le politicien, son élégante femme, et son équipe se sont retirés.
En marge de la société, dans un environnement balayé par les éléments, le voilà à essayer d’extirper des vérités d’un homme policé par le décorum de son ancienne fonction. Remplaçant au pied levé l’ancien « ghost-writer », mort sur une plage de cette même île, des suites d’un suicide qui ne convainc personne, l’écrivain intervient dans la vie de cette haute figure mondiale au moment où éclate un scandale ravageant sa vie. Le premier ministre est rattrapé par ses « erreurs de gestion » d’une guerre contre le terrorisme dont il s’est fait le chantre, avec sa proche alliée, l’Amérique, et qui lui vaut aujourd’hui des accusations de crime contre l’humanité, pour avoir favorisé des actes de torture. L’écrivain de l’ombre voit ainsi l’homme du jour au pied du mur, abandonné par ses amis du gouvernement et par Downing Street, éclaboussé par ses agissements secrets. Pris dans un engrenage, entre reconstruction d’une biographie qui lui est imposée et qui ne colle pas, le nègre bascule dans une spirale de faux-semblant, quasi schyzophrène, dans le royaume énervé de la com. où l’être et le paraître ne font plus qu’un, au service d’une cause plus grande qui doit absolument rester dissimulée du public. Dans ce jeu de mystère, Polanski intervient comme l’ancien maître du suspense qu’il a été quarante ans plus tôt. Nourrissant ses rebondissements d’une clairvoyance médiaticopolitique particulièrement d’actualité - au moment où le film sort, Tony Blair est lui-même sujet à une polémique sur son engagement aveugle dans la guerre en Irak, aux côtés de George Bush, avec lequel il aurait signé un accord secret -, le cinéaste offre une vraie épaisseur aux personnages de ce whodunit à grande échelle, balayant les thèses simplistes pour étoffer les discours les plus subversifs (l’homme politique, ancien acteur de théâtre, ne serait-il pas une poupée dans les mains de forces qui le dépassent ?).
Tout cela offre finalement à Polanski, l’homme pourchassé par les juges américains depuis plus de 30 ans, une opportunité, qu’on imagine mal inconsciente, de régler ses comptes avec l’état où il est lui-même persona non grata. Les USA apparaissent dans le film isolés, en particulier leur chef d’état, honni par ses propres compatriotes. Avec ironie, c’est d’ailleurs en Amérique que le premier ministre déchu doit partir en exil, alors que le monde entier réclame que justice soit faite ! Si avec Ghost-writer on ne parlera pas d’apothéose dans une carrière marquée par le génie, dans les années 70 du moins, on saluera respectueusement le sursaut salvateur que représente ce thriller dans la carrière d’un homme dont les derniers films (Le pianiste et Oliver Twist), même s’ils étaient réussis, ronflaient d’académisme.
Frédérique Mignard
Popila Bookworm
Sujet: Re: The Ghost Writer (roman de Robert Harris, film de Polanski). Jeu 4 Mar - 16:34
Merci pour cette critique, Damien !
Sans trouver l'affiche sensass', je ne la trouve pas aussi horrible qu'ils le prétendent dans l'article.
Sinon, l'analyse qui y est développée me donne vraiment envie d'aller voir ce film.
Pour finir, j'ai fusionné les deux sujets ; par contre, je verrais plutôt ça dans la rubrique cinéma : pas toi ?
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Dernière édition par Popila le Jeu 11 Mar - 16:55, édité 1 fois
Damien Bookworm
Sujet: Re: The Ghost Writer (roman de Robert Harris, film de Polanski). Ven 5 Mar - 16:30
C'est comme tu veux. J'ai l'impression que le topic n'attire guère de personne ici, alors c'est sans doute plus judicieux de le mettre dans la partie cinéma. Je te laisse le faire ?
Popila Bookworm
Sujet: Re: The Ghost Writer (roman de Robert Harris, film de Polanski). Ven 5 Mar - 16:36
C'est fait.
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Mona Indian Shawl
Sujet: Re: The Ghost Writer (roman de Robert Harris, film de Polanski). Ven 5 Mar - 21:09
J'ai failli y aller aujourd'hui et le beau temps a eu raison de mon envie de ciné ! Mais j'ai vraiment envie de le voir, j'adore les thrillers politiques.
Popila Bookworm
Sujet: Re: The Ghost Writer (roman de Robert Harris, film de Polanski). Jeu 11 Mar - 19:22
J'ai été voir ce film mercredi après-midi, et j'ai été absolument époustouflée par ce thriller à la fois haletant et passionnant.
Ce qui fait la force et l'efficacité de The Ghost-Writer, c'est à la fois l'extrême économie des moyens utilisés et la précision des mouvements d'une caméra mise au service d'un scénario extrêmement bien ficelé - même si la fin, déconcertante, invite à revoir le début du film pour vérifier si la cohérence scénaristique est bien assurée jusqu'au bout.
La première scène du film, paraît-il, ressemble beaucoup à la première scène du film de Scorsese, Shutter Island. Un ferry dépose sur le continent des passagers au volant de leur véhicule. Toutes les voitures défilent, une seule reste à bord : le spectateur comprend que le passager est très probablement mort.
Ce passager, c'est le "ghost-writer", c'est-à-dire le "nègre littéraire" de l'ex premier ministre britannique, Adam Lang, qui était chargé d'écrire ses mémoires. Tout le monde croit à un accident : l'homme avait bu et est passé par dessus bord.
Il faut cependant un second nègre pour achever le travail, et c'est le personnage joué par Ewan McGregor, dont l'identité nous restera à jamais mystérieuse - tout au long du film, il est "The Ghost" - qui est chargé de superviser la phase finale de la rédaction de ce livre. Il n'y connaît rien en politique, et pourtant, c'est à la demande de l'épouse de l'ancien ministre, incarnée par Olivia Williams, qu'il est chargé de ce travail, après qu'elle a lu sa biographie d'un grand magicien...
Notre héros, qui n'est pas sans rappeler le personnage de Cary Grant dans La Mort aux trousses, se rend donc sur une île située non loin de la côte des Etats-Unis, lieu de séjour de l'ancien ministre et de son équipe. C'est à ce moment là qu'éclate le scandale : Adam Lang aurait autorisé l'extradition de quatre citoyens britanniques pour qu'ils soient interrogés par la CIA, qui les aurait torturés. L'ancien premier ministre britannique est menacé d'être jugé par la Cour Internationale de La Haye...
Dans ce contexte troublé, notre écrivain débarque sur l'île, dans cette maison qui a tout d'un bunker, à la fois luxueux, froid et glacé, dont les baies vitrées ouvrent sur la mer et sur un jardinier qui s'obstine à ramasser des feuilles mortes que le vent fait s'envoler...
Rapidement, notre héros constate que le sourire publicitaire d'Adam Lang dissimule des secrets et un passé trouble. Des photographies glanées par son prédecesseur, ainsi que le manuscrit laissé par lui le mèneront peu à peu vers la vérité...
Ce qui est extraordinaire dans ce film, c'est la manière dont Polanski parvient à rendre intéressants des choses aussi anodines et a priori laides comme un quai d'embarquement, un GPS, un motel minable... Dans un scène remarquable, un hélicoptère vient filmer en direct Adam Lang et ses conseillers derrière l'une des baies vitrées de la maison, image qu'ils sont amenés à voir sur l'écran de télévision au même moment : l'effet de miroir ainsi créé pour dénoncer une meute médiatique hargneuse est assez vertigineux...
Incarnant un innocent beaucoup moins naïf qu'on pourrait le croire, Ewan MacGregor, formidable, tout comme Pierce Brosnan et Olivia Williams, s'efforce de mener jusqu'au bout cette quête tortueuse vers la vérité.
La scène finale, dans une magnifique ellipse, traduit là encore beaucoup avec peu de moyens.
Bref, ce film est une réussite, et vous l'avez compris, je vous le recommande très chaudement.
En spoiler, la critique du site Critikat, avec laquelle je me sens globalement en accord :
Spoiler:
Ironie du sort : si Roman Polanski se retrouve sous les feux de l’actualité au moment où sort l’un de ses meilleurs films, ce n’est pas pour des raisons cinématographiques… Nombreux seront ceux qui analyseront The Ghost Writer à la lumière de « l’affaire Polanski » – pour notre part, nous nous bornerons à parler de l’œuvre elle-même : un film de genre exemplaire, qui redonne ses lettres de noblesse au thriller politique, et qui bénéficie d’une conjonction de talents remarquable.
L’écrivain chargé de rédiger les mémoires de l’ancien premier ministre britannique Adam Lang meurt dans des circonstances mystérieuses. Pour achever son travail, la prestigieuse maison d’édition qui l’employait envoie un nouveau nègre (en anglais un ghost writer, un « écrivain fantôme ») dans la luxueuse maison des Lang, enclos ultrasécurisé perdu sur une île isolée. Sa tâche est compliquée par la polémique politico-judiciaire qui éclate au même moment : Lang est accusé d’avoir autorisé l’enlèvement et la torture de ressortissants britanniques par les services secrets américains, au nom de la lutte contre le terrorisme.
The Ghost Writer est tiré d’un roman de 2007, L’Homme de l’ombre, dont l’auteur Robert Harris a cosigné l’adaptation avec Roman Polanski. Le résultat est une merveille de précision et d’équilibre : dialogues ciselés, suspense permanent, touches d’humour savamment distillées qui évitent au film de trop se prendre au sérieux, scénario à la fois limpide – aucun rebondissement ne paraît tiré par les cheveux – et au déroulement constamment imprévisible. Il faut souligner cet exploit, devenu trop rare : faire converger harmonieusement toutes les pistes d’une intrigue complexe sans qu’à aucun moment le spectateur ne soit perdu ou pris pour un imbécile.
L’une des excellentes idées de ce scénario est d’avoir choisi, pour nous faire pénétrer dans le monde des puissants, un naïf qui n’est pas non plus un idéaliste : il avoue lui-même ne rien connaître à la politique et ne pas s’y intéresser. Avec ce rôle, Ewan McGregor, acteur longtemps assez fade, confirme, après I Love You Phillip Morris, sa nouvelle maturité : vulnérable et fébrile, il rend attachant un personnage sans nom (après tout, un nègre n’est pas censé exister !) qui aurait pu paraître trop théorique. Le reste du casting est également bien campé, jusque dans les rôles les plus secondaires. La trop rare Olivia Williams illumine le film dans un rôle fascinant et ambigu de femme à la fois forte et fragile, tranchante et blessée. Quant à Pierce Brosnan, son sens de l’autodérision, qu’il cultive depuis des années, fait ici merveille. Il achève de déconstruire la figure de chef d’État, longtemps magnifiée et aujourd’hui passablement écornée : son Adam Lang est aussi médiocre que séduisant, capable de passer en une demi-seconde de l’exaspération à un sourire Tonigencyl. Il y a quelque chose d’assez troublant de voir un bon acteur jouer un acteur raté jouant à l’homme politique…
Quant à la mise en scène, elle surprend par sa précision et son élégance, et tranche avec l’académisme qui déjà pointait sous Le Pianiste (2002) et avait fini par figer l’adaptation d'Oliver Twist(2005) dans le formol. The Ghost Writer apparaît comme une résurrection, et le rapprochement avec le lourd Shutter Island – une autre adaptation de thriller à succès signée par un grand cinéaste vieillissant et racontant une enquête sur une île mystérieuse [1] – est écrasant pour Martin Scorsese. La maîtrise de Polanski éclate dès les scènes d’ouverture, qui voient un ferry fendre la brume, accoster et se vider dans un ballet de voitures zigzagantes : la caméra discrètement virtuose installe d’emblée une atmosphère d’attente pesante, et une tension qui n’ira qu’en s’accentuant jusqu’à un final à la sécheresse admirable. Le réalisateur retrouve les qualités de ses premiers films où il parvenait, sans effets de manche, à plonger des personnages normaux dans des atmosphères vénéneuses et à composer d’étouffants huis clos. Car le nègre est assigné à résidence, son enquête ne se déroule pas sous les feux de la rampe mais dans des décors froids et inhospitaliers : les intérieurs glacés résonnent avec les paysages dénudés qui composent l’île – et avec la sourde perversité de l’entourage de Lang. Polanski parvient à transformer des scènes en apparence anodines – une balade en voiture guidée par un GPS, le voyage d’un bout de papier dans une réception – en purs moments de suspense. La référence affichée de Robert Harris n’est rien moins qu’Alfred Hitchcock, et l’adaptation de son roman n’a pas à pâlir de cette comparaison.
Mais la clef de l’énigme n’est pas qu’un « McGuffin [2] » destiné à faire courir Ewan McGregor et à tenir le spectateur en haleine. Derrière ses habits de thriller efficace, The Ghost Writer est plus documenté qu’il n’y paraît : Harris a été un journaliste politique influent, et fut proche de Blair jusqu’au début de son mandat. Et de fait, toute ressemblance avec une affaire réelle n’est pas fortuite : des citoyens britanniques de confession musulmane auraient bel et bien été kidnappés par la CIA pour être « interrogés » dans des prisons secrètes en Égypte, en Pologne ou en Roumanie. Comme Adam Lang, Tony Blair, qu’au Royaume-Uni l’on surnomme le « caniche de George W. Bush », fait actuellement l’objet d’une enquête officielle dans son propre pays : on conteste les raisons de son engagement en Irak, et certains de ses anciens amis politiques l’accusent désormais ouvertement de « crimes de guerre ». En présentant des hommes politiques comme de mauvais comédiens manipulés plus ou moins directement par une puissance étrangère, et en égratignant au détour d’une réplique l’atlantisme des dirigeants européens et la bêtise des « faucons » va-t-en-guerre, The Ghost Writer apparaît également une satire politique très actuelle, et d’une rare finesse.
Sébastien Chapuys
Notes :
[1] Les deux films étaient d’ailleurs en compétition au dernier festival de Berlin. The Ghost Writer y a obtenu un Lion d’argent pour sa mise en scène.
[2] Un McGuffin est un prétexte narratif sans importance réelle, et dont l’unique intérêt est de faire avancer l’action.
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Akina Bookworm
Sujet: Re: The Ghost Writer (roman de Robert Harris, film de Polanski). Jeu 11 Mar - 19:33
Je suis en train de lire le livre, et c'est palpitant. L'auteur arrive très bien à rendre l'impression de vide et d'absolue solitude des personnages. Une sorte de huis clos sur une île déserte, avec un adultère au milieu, et la télé comme seule fenêtre sur l'extérieur. C'est admirablement fait, et sans même les soupçons l'intrigue que je commence à voir venir, cette plongée dans le monde de la politique internationale est scotchant. J'aime beaucoup l'humour qui parsème le bouquin, les petites phrases ironiques du narrateur, comme "Rick is one of those irritatingly fit Americans in his early forties who looks about nineteen and does terrible things to his body with bicycles and canoes", dans laquelle je me reconnais pleinement (du côté du narrateur, hein ! Pas de celui de Rick !). Je vous conseille de tout coeur la lecture de ce livre !
Et comme il parait que le film est encore mieux, je sens que je vais me régaler dans quelques jours ...
Popila Bookworm
Sujet: Re: The Ghost Writer (roman de Robert Harris, film de Polanski). Jeu 11 Mar - 19:39
J'avais très envie de me procurer le livre en sortant, Akina : tu m'en donnes encore plus envie !
De même que j'avais envie de revoir le film, car la fin m'a quand même en grande partie déconcertée...
Tu lis le livre de Robert Harris dans cette édition ?
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Akina Bookworm
Sujet: Re: The Ghost Writer (roman de Robert Harris, film de Polanski). Jeu 11 Mar - 19:46
Non, je le lis en anglais (*), dans une édition de poche avec l'affiche du film comme couv. Pas la plus belle, mais c'est tout ce que j'ai trouvé... (* Notre service se fait auditer, par un jury composé majoritairement d'anglophone, dans 15 jours. Et mon patron m'a choisie comme déléguée des thésards et post doc. "tu n'auras qu'une heure à parler, et, euh, bah, c'est en anglais." Donc je révise ...)
Popila Bookworm
Sujet: Re: The Ghost Writer (roman de Robert Harris, film de Polanski). Jeu 11 Mar - 19:50
Ah, ah, j'ai cherché vainement ce livre en librairie à la sortie du cinéma ; il va falloir que je reprenne des recherches plus approfondies...
A la réflexion, c'est vrai qu'elle n'est pas si géniale que ça cette affiche, elle aurait gagné à être épurée (c'est du moins ce que je me dis maintenant que j'ai vu le film).
By the way, bon courage pour ton audit.
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Akina Bookworm
Sujet: Re: The Ghost Writer (roman de Robert Harris, film de Polanski). Jeu 11 Mar - 19:57
Merci
Ouais, l'affiche est pas top, et ne correspond pas du tout à l'ambiance design dans la nature sauvage du bouquin jusqu'à présent... J'aurais plutôt vu une affiche dans les gris, jaune et vert...
JainaXF Locataire de Netherfield
Sujet: Re: The Ghost Writer (roman de Robert Harris, film de Polanski). Jeu 8 Avr - 16:08
Je l'ai vu cet après-midi et j'ai bien aimé !
L'ambiance est tendue à souhait et le début m'a effctivement fait pensé à Shutter Island avec la brume et l'océan ! L'intrigue est bien ficelé et les acteurs sont tous bons dans leurs rôles. Mais j'ai eu une grosse frustration !
Spoiler:
Par contre le personnage principal agit de manière complètement stupide ! On dirait qu'il n'a jamais vu de film conspirationistes (ou de livres d'ailleurs !) ! Je dévouvre un conspiration visant à cacher un secret d'état sur un ex-premier ministre et je sais que mon prédecesseur est mort de manière suspecte : la première chose à faire c'est de boire et de tout raconter à sa femme bien sûr ! De même, il va voir Emmet sans prendre aucune précaution : il aurait pu faire une copie des documents supects et les confier à quelqu'un avant d'aller voir la dernière personne que son prédecesseur a vu avant de mourir ! Je me serai aussi plus méfier de l'ancien ministre des Affaires Etrangères avant de tout lui raconter, mais bon ça reste une action plausible vu le stress de la journée. Par contre, tout balancer à la figure du suspect numéro 1 dans son jet entouré de ses hommes, quelle idée "brillante" ! Et je ne parle pas de la fin ! Mais quel idiot ! Plutôt que d'aller raconter la vérité à un journaliste, au pire à l'ancien adversaire de Lang ou en tout cas prendre le temps de réfléchir 5 minutes avant d'agir, il raconte tout à Ruth, la vraie coupable ! Et en plus, plutôt que de s'enfuir très vite et prudemment, il reste à marcher sur la route avec de la circulation ! Ou alors, il a voulu se suicider, mais ça ne m'a pas paru coller avec le personnage qu'on côtoit durant le film ! La fin m'a un peu gâchée le film : que ça finisse mal, pourquoi pas, mais au moins que ça reste logique : n'importe quel spectateur aurait agit de manière plus intelligente que "The Ghost" !
Et vous, ça ne vous a pas frappé ?
Popila Bookworm
Sujet: Re: The Ghost Writer (roman de Robert Harris, film de Polanski). Jeu 8 Avr - 18:22
Effectivement, le film repose davantage sur la mise en scène que sur le scénario.
Pour ma part, je suis sans doute très naïve, mais
Spoiler:
à aucun moment je n'ai soupçonné Olivia Williams, d'où ma surprise lors du retournement final, avec les mots qui d'un coup paraissent signifiants au "héros" du film, procédé qu'on a dans Tintin et le lotus bleu et qui peut paraître un peu téléphoné... mais Ewan McGregor, avec son côté lisse et sa houppe de cheveux, me fait penser au héros de Hergé, de toute façon.
Je suppose que Polanski a voulu montrer l'écrasement de l'humain par le politique, et que le Ghost-Writer en pinçait malgré tout pour cette femme fatale...
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Summerday Bookworm
Sujet: Re: The Ghost Writer (roman de Robert Harris, film de Polanski). Jeu 8 Avr - 18:36
Popila a écrit:
Ewan McGregor, avec son côté lisse et sa houppe de cheveux, me fait penser au héros de Hergé, de toute façon.
JainaXF Locataire de Netherfield
Sujet: Re: The Ghost Writer (roman de Robert Harris, film de Polanski). Jeu 8 Avr - 18:38
J'avour que moi non plus,
Spoiler:
je ne l'avais pas catalogué comme suspecte principale, mais elle est comme même mariée à Lang, rien que pour ça j'auraiété plus prudente (elle aurait pu l'avertir par amour/pour le reconquérir) ! C'est vrai que le look de Ewan McGregor fait un peu Tintin ! Mais même s'il en pinçait pour elle, je n'ai pas l'impression que ça soit au point de se suicider quand il apprend la vérité ! Hors, c'est ça mon problème avec cette fin : soit il veut carrément se suicider et là tout s'explique, soit c'est un débile profond : il sait de quoi elle est capable : elle a fait tué Mike et s'est très probablement servi du fou pour se débarasser d'un mari qui devenait encombrant ! Et je le répète : rester à marcher sur une route avec de la circulation, c'est idiot même sans consspiration cherchant à vous abattre !
JO Bookworm
Sujet: Re: The Ghost Writer (roman de Robert Harris, film de Polanski). Mer 19 Mai - 20:23
Je suis allée voir The Ghost writer sur le tard hier... et j'ai vraiment beaucoup aimé... j'avais lu plusieurs livres de Robert Harris, que j'avais apprécié mais pas celui-là en l'occurence.
J'ai beaucoup aimé l'ambiance confinée dans la maison/bunker... l'ambiance est glaciale mais c'est juste ce qu'il faut !
Je n'ai pas été gênée comme JainaXF... on sent qu'Ewan McGregor est vraiment un écrivain, pas du tout rompu à la politique, à la conspiration, à tout ce qui lui arrive et qu'il est emporté par la vague...
Pour la fin je l'ai comprise comme
Spoiler:
si, en disant à Ruth qu'il savait, il réglait ses comptes avec elle vu leur petite aventure et le fait qu'elle l'avait bien mené en bâteau... En gros à la fin, il la défie ! et qu'il parte d'un pas léger, je l'ai donc compris comme le fait qu'il soit soulagé en fin de compte de connaître la vérité et d'avoir affronté Ruth avec son petit mot en pleine cérémonie
mais ce n'est que mon interprétation...
En tout cas un excellent film que je recommande ! J'ai bien envie de me procurer le livre...
Popila Bookworm
Sujet: Re: The Ghost Writer (roman de Robert Harris, film de Polanski). Mer 6 Oct - 20:03
Le film est sorti en dvd il y a 3 semaines : c'est le moment pour ceux qui ne l'ont pas vu de se rattraper...
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Sujet: Re: The Ghost Writer (roman de Robert Harris, film de Polanski).
The Ghost Writer (roman de Robert Harris, film de Polanski).