Munich de Robert Harris

Munich évoque la conférence éponyme de 1938 qui a scellé le sort de la région des Sudètes en Tchécoslovaquie.
Nous suivons les pas de 2 personnages principaux (fictifs). Tout d'abord, Hugh Legat, jeune secrétaire attaché au 10 Downing street qui va suivre l'action du Premier ministre Neville Chamberlain au cours de 4 journées où il va tout faire pour désamorcer les tensions avec Hitler.
En Allemagne, nous suivons les pas de Paul von Hartmann, attaché aux affaires étrangères, revenu du nazisme qui participe à une tentative fragile de coup d'État. Les deux protagonistes sont liés, nous apprendrons pourquoi par la suite.

Comme d'habitude, Robert Harris écrit un véritable page-turner, même si j'ai un peu plus de réserves que pour les précédents.
C'est une fois de plus, un excellent thriller politique où la tension vient des décisions qui sont à prendre. Les tractations sont des tours de force passionnants. Certaines scènes sont presque cinématographiques comme par exemple la rédaction du discours de Chamberlain, son trajet jusqu'au Parlement et enfin, la réaction face à ce discours. Cela tombe d'ailleurs très bien puisque l'adaptation est en cours de tournage par Netflix avec Jeremy Irons dans le rôle de Chamberlain . De même, les passages à Munich sont fascinants, tant au niveau politique qu'au niveau de la description de la ville en elle-même, même si j'ai été un tout petit peu déçue parce que l'on y arrive seulement après 200 pages.

Robert Harris fait le choix de mettre en avant le rôle de Chamberlain. Celui-ci apparaît comme un stratège politique qui essaye de pousser Hitler dans ses retranchements et qui n'est pas naïf sur ce qu'il obtient. Par contre, Robert Harris ne fait pas preuve de la même nuance par rapport à Daladier qui est présenté comme absolument passif.
D'habitude, on a toujours l'impression que les événements que l'on connaît pourraient tourner différemment. Je n'ai pas eu ce sentiment ici.
J'ai beaucoup aimé le personnage de Paul qui se trouve en prise avec le régime et qui ne sait pas trop comment jouer un rôle dans tout cela.
Malgré mes réserves, j'ai une fois de plus été rivée à mon siège pour dévorer le livre, le reposant seulement quand mes yeux se fermaient tout seul.


Je conseille aussi cette interview de Robert Harris au sujet de ces personnages

@Shelbylee

J'ai aimé ce livre autant que toi  
Même si l'histoire/l'Histoire est connue, j'ai également trouvé qu'il s'agissait d'un véritable page-turner. Robert Harris maintient la tension jusqu'au bout et permet de montrer un autre aspect de ces tractations qui ont eu tant de conséquences.

Citation :

Robert Harris fait le choix de mettre en avant le rôle de Chamberlain. Celui-ci apparaît comme un stratège politique qui essaye de pousser Hitler dans ses retranchements et qui n'est pas naïf sur ce qu'il obtient. Par contre, Robert Harris ne fait pas preuve de la même nuance par rapport à Daladier qui est présenté comme absolument passif.
D'habitude, on a toujours l'impression que les événements que l'on connaît pourraient tourner différemment. Je n'ai pas eu ce sentiment ici.
J'ai beaucoup aimé le personnage de Paul qui se trouve en prise avec le régime et qui ne sait pas trop comment jouer un rôle dans tout cela.
Malgré mes réserves, j'ai une fois de plus été rivée à mon siège pour dévorer le livre, le reposant seulement quand mes yeux se fermaient tout seul.

Je reconnais le côté très passif de Daladier, mais j'ai beaucoup aimé les efforts qu'à fait Robert Harris pour réabiliter un tout petit peu Neville Chamberlain. Ce n'est pas une chose aisée puisqu'il est presque toujours comparé à Winston Churchill, mais c'est vraiment bien écrit et en tant que lectrice, j'ai aimé découvrir plus d'éléments sur lui.

Oui j'ai trouvé ça intéressant quand même, notamment le fait que Hitler se sente perdant, parce que ça ressemble tellement à son caractère que c'est vraiment possible.

Oui, j'ai trouvé ça un peu décevant pour Daladier, j'avais lu dans un extrait de ces Mémoires qu'il se disait au contraire que ceux qui étaient venu l'applaudir après la conférence étaient "cons" et qu'il pensait au contraire être accueilli extrêmement mal d'avoir abandonné l'allié tchécoslovaque. Donc j'ai dû mal à le voir aussi passif que dans le roman.

@Shelbylee
Je ne connais pas assez (voire pas du tout) l'action de Dalladier dans la rencontre de Munich, donc je ne peux pas juger.
Je pense que Robert Harris a tenté de réhabiliter Chamberlain, il ne pouvait peut être pas faire cela pour tous

Citation :

Oui j'ai trouvé ça intéressant quand même, notamment le fait que Hitler se sente perdant, parce que ça ressemble tellement à son caractère que c'est vraiment possible.

J'ai trouvé très intéressant le manque d’interaction entre Chamberlain et les autres face à Hitler qui les révulse tant il a l'air buté/fou/fermé.
On ressent très bien le dégoût face à lui.

Je trouve effectivement le portrait de Hitler très intéressant car quand même nuancé. Il y a une phrase où il dit que c'est quelqu'un qui serait assez neutre s'il travaillait de nuit et qu'on oublierait le lendemain. Mais aussi d'un autre côté, les éléments atypiques qui font que c'est très compliqué de négocier avec lui car il ne réagit pas du tout en chef d'Etat. Et effectivement, Chamberlain comme Daladier ne se mêlent à lui qu'avec dégoût.

De même, j'ai aimé apprendre qu'aujourd'hui l'ancien appartement de Hitler à Munich est devenu...l'hôtel de police.

Ce n'est pas parmi mes préférés car je l'ai trouvé un peu trop touffu et complexe. Mas comme toujours avec Robert Harris, c'est passionnant et cela donne envie de se renseigner sur les vrais événements.