Comme je lisais le topic sur Vita Sackville-West, j'ai vu des avis négatifs sur ce livre qui a pour moi été un coup de coeur l'an dernier.
Donc je lui ai ouvert un topic pour le défendre
J'ai été fasciné par le personnage de
Shirin. On la rencontre une première fois à l'âge de 16 ans, jeune fille qui semble insouciante et gaie mais qui est en réalité est quelqu'un qui refuse de livrer ses sentiments par choix. Elle veut garder certains de ses secrets pour elle toute seule, en particulier ceux qui concernent les pulsions violentes qui la saisissent parfois. Et surtout, Shirin est amoureuse de
l'île de Shorn. Passion dévorante et exclusive, bien qu'elle n'y ait jamais mis les pieds, elle ressent un rapport unique avec Shorn, bien plus qu'avec aucun des hommes qu'elle a pu rencontrer. Et justement, elle va rencontrer dans cette première partie l'héritier de l'île de Shorn,
Venn Le Breton, qui va l'emmener sur le lieu de ses fantasmes. On va ensuite retrouver Shirin aux âges de 26, 36 et 46 ans. On va la découvrir en proie à des passions destructrices qui vont la dépasser d'autant plus qu'elle conserve cette volonté de ne pas se livrer même aux personnes qui partagent sa vie.
J'ai ensuite adoré détester les deux autres personnages principaux que sont
Venn et sa grand-mère. Sous des abords charmeurs, tous deux sont froids, machiavéliques et destructeurs. Venn arrive par moments à être touchant car il est passionnément amoureux de sa femme, mais aussi maladivement jaloux (même et surtout de l'île). Quant à sa grand-mère, dont le personnage de dame patronnesse castratrice m'intéressait déjà beaucoup, elle m'a tout simplement scotchée par la dureté du dernier dialogue qu'elle adresse à son petit fils.
A la moitié du livre, vient s'ajouter le personnage de Cristina qui va jeter le trouble entre les personnages.
J'ai été aussi emportée par l'
ambiance du roman. Vita Sackville-West met en place des les premières lignes une atmosphère de mystère, d'oppression et de drame puisqu'elle nous prévient qu'un meurtre va être commis sur cette île. Shorn est d'ailleurs un personnage à part entière puisque Shirin en tombe amoureuse . L'île fascine par son isolement, les personnages ne peuvent qu'y accéder en bateau et de fait se retrouvent coupés du monde en cas de tempêtes qui semblent se déchaîner régulièrement, ajoutant la violence des éléments à la violence des passions. En plus de cela, Vita Sackville-West réussit à instaurer une atmosphère de sensualité trouble (voire même carrément de sado-masochisme). Le personnage de Shirin réussit à nous séduire malgré toute sa froideur. Et autour d'elle les personnages tombent comme des mouches (que dire du pauvre Tracey qui m'a profondément émue).
Enfin, ce qui me séduit encore plus que tout est
l'audace de Vita Sackville-West. Ce livre m'a fait un peu le même effet que
Les Hauts de Hurlevent. Comment une femme de la bonne société anglaise a pu écrire un livre aussi violent au niveau des sentiments et des actes ? Comment a-t-il pu être publié dans les années 30 (je pense notamment à la scène de la grotte d'Andromède ou bien encore à la relation entre Cristina et Shirin) ? De plus, certains éléments semblent trouver des échos dans la vie de l'auteure : Shirin a passé une partie de sa vie en Perse là où Vita Sackville-West a voyagé et la relation Cristina / Shirin évoque forcément la relation Virginia /Vita (même si c'est sans aucun doute réducteur) et appellent forcément à vouloir en découvrir davantage sur l'auteure.
Petite information supplémentaire : L'un des personnages secondaires de Dark Island se trouve être l'un des personnages principaux de
Haute société.
Le livre nous plonge dans une histoire très sombre. C'est un roman psychologique très noir et il peut ne pas plaire à tout le monde, mais comme vous l'aurez compris, je suis tombée sous le charme.