The Edwardians - Vita Sackville West

Sebastian, jeune homme de 19 ans, est héritier du domaine de Chevron, ce qui fait de lui un duc et pair d'Angleterre.

Le roman s'ouvre sur une scène magnifique où Sebastian où l'on trouve Sebastian réfugié sur les toits de la demeure familiale afin d'échapper aux invités que sa mère a convié pour le week end. On comprend assez rapidement que ces gens, qui représentent toutefois la fine fleur de sa caste, l'ennuient au dernier degré.

L'un d'eux marquera pourtant Sebastian à jamais. Leonard Anquetil est un aventurier, un explorateur, devenu la coqueluche du beau Londres à la suite de ses expéditions. Ce dernier lui ouvrira les portes de la pensée libre et le conduira à remettre en cause son destin, lequel, du fait de son rang, est déjà tracé. Sebastian rejette pourtant Anquetil pour les charmes d'une amie de sa mère qui l'initiera aux plaisirs de l'amour.

Nous suivrons Sebastian dans ses tentatives pour se fondre dans un moule qu'il exècre, devenir le parangon du jeune lord, sans jamais toutefois trouver la paix. Nous le verrons aussi tenter de se défaire sans succès des liens que tissent autour de lui les convenances (du moins leur apparence) qui ont force de loi dans la caste supérieure à laquelle il appartient. Nous aurons aussi l'occasion de suivre sa soeur Viola, esprit libre et supérieur, qui aura quant à elle la force de se délier du carcan que la noblesse tisse autour d'elle.

Ce roman est pour moi l'un des chefs d'oeuvre de la littérature anglaise.

Nous plongeons à sa suite dans le quotidien de la haute noblesse anglaise du début du XXème siècle. Nous voyons ces gens dans leur intimité, dans leur glamour, dans leurs compromissions. Sackville West manie avec brio sa narration, passant d'une plume généralement omnisciente à quelques points de vus ponctuels permettant d'enrichir son récit. En effet, nous suivons un monde dans lequel l'image est reine et dans lequel la simple exploration d'une psychée ne suffit pas. Il faut en effet pour comprendre ces gens les voir tels qu'ils paraissent à autrui, et Sackville West le fait avec maestria.

Le propos en lui-même est passionnant et son traitement l'est tout autant. La plume de Sackville West est splendide : acérée, évocatrice, à la fois simple et belle. La peinture de Sebastian, sa soeur et des autres personnages qui interviendront dans la vie de Sebastian est vivante, inspirée et forte, ce qui donne énormément de profondeur aux personnages principaux.

Enfin, tous ceux d'entre vous qui ont aimé la première saison de Dowton Abbey adoreront ce roman, bien qu'il en soit très différent. De même, ceux d'entre vous qui aiment Waugh et Nancy Mitford devraient adorer ce roman.

Pickwick a écrit:

Ce roman est pour moi l'un des chefs d'oeuvre de la littérature anglaise.

Eh ben dis-donc, rien que ça !

J'ai toujours peiné à être complètement convaincue par les livres de Vita Sackville West ; je trouve qu'elle écrit bien, mais que ses ouvrages ressemblent plutôt à l'oeuvre d'un miniaturiste. L'intrigue est souvent très simple ; il y a peu de personnages ; en revanche, une grande importance est accordée à l'analyse (très fine) des caractères et du milieu qu'elle décrit.

Apparemment, ce livre là sort du lot ; et comme je viens de lire un livre écrit par l'une des soeurs Mitford, ça tombe bien.

Je vais proposer qu'on crée un sous-forum consacré à cet auteur ; vu qu'il y a maintenant deux topics existants.

Je comprends ce que tu veux dire, Popila. C'est vrai que Vita Sackville West décrit surtout les voyages intérieurs que font ses personnages et s'intéresse assez peu au reste. Mais je trouve que la psychologie des êtres qui composent ses romans est d'une finesse magnifique.
En tout cas, The Edwardians (ou Au temps du Roi Edouard) ne trahit pas cette idée. Il raconte la fin d'une époque, de convenances, d'une classe sociale et le début du XXème siècle et de ses agitations. Le héros, Sebastian, est déchiré entre son attachement à certaines des valeurs de cette époque, à son domaine, Chevron, et au responsabilités qu'en tant que maître et duc il a assumé (très Dowton Abbey-ien, cet aspect) ; et son mépris des gens de sa classe, de leur incapacité à voir que leur monde s'effondre, et que le changement, la vie, le progrès frappe des coups répétés contre cette institution.

Plus qu'en Sylvia (représentante du passé et de cette classe magnifique et méprisable) et Anquetil (l'aventurier ouvert sur le monde et ses avancées), pour moi le combat de Sebastian se joue entre Chevron et les idées d'Anquetil. Le domaine de Chevron est montré à travers les yeux de Sebastian comme une sorte de paradis (presque perdu), où chacun a son rôle et sa place, où chacun y est aussi heureux, et aussi prisonnier. His Grace, Sebastian, vit peut-être de manière plus confortable que le charpentier, mais chacun y est enfermé dans un rôle duquel il ne peut pas sortir

Spoiler:

En tout cas, c'est un magnifique portrait d'homme ; portrait d'une époque frontière ; d'une classe sociale vouée à la disparition - et un roman magnifiquement construit et écrit.
Et vu l'ambiance des premiers chapitres, c'est un roman qui a certainement inspiré Downton Abbey ! (et qui ne verrait pas la comparaison entre Viola et Lady Sybil ?)

Merci pour ton avis Akina! J'avais moi aussi eu l'impression que Downton Abbey s'inspirait de ce roman.

Au temps du roi Edouard est le premier roman de Vita Sackville-West que je lis (merci Akina   ) et ce fut une excellente découverte car j'ai été charmée !
Je trouve que c'est un excellent portrait de la haute société anglaise au début du XXe siècle, à une époque charnière : à l'image de son héros, Sebastian, la nouvelle génération de cette catégorie aisée hésite entre modernité et respect des traditions, tente de se rebeller et de s'affirmer pour échouer, se décourager ou réussir au prix de lourds sacrifices (la manière dont Viola est rapidement rayée des esprits, y compris dans celui de sa propre mère est assez effrayant). Les personnages sont assez cyniques et méprisables dans leur façon de se comporter entre eux et envers les autres, mais certains parviennent tout de même à nous attendrir (Sebastian surtout, mais aussi Viola).
Le style de Vita Sackville-West m'a beaucoup plu également : les premières pages sont superbes, on se sent immédiatement projeté dans un autre monde, une autre époque. La suite est écrite de manière assez simple et sans fioritures mais cela n'en rend pas moins l'histoire forte.

Et je suis complètement d'accord avec vous concernant le parallèle avec Downton Abbey : c'est criant !

Merci pour ton avis, Sandie.  
Je n'ai pas eu l'occasion de poster le mien, ma lecture remonte à des années et j'en garde trop peu de souvenirs pour rédiger un compte-rendu digne de ce nom. En tous cas, je crois c'est le roman de Vita Sackville-West que je préfère.

Merci pour ton avis sandie! J'ai beaucoup aimé ce roman moi aussi!

Merci Sandie