Ils s'aiment. Ils s'adorent. Ils s'embrassent, se papouillent, se caressent tout le temps, se font des farces, se cachent des cadeaux dans le poisson du petit déj' (le bon goût de là-bas, en Amérique..)
Van Stanhope (dit V.S,
prononcer Vi - Esse of course) et sa femme Linda sont mariés depuis 3 ans. Ils sont beaux, riches, bien habillés, toute la Ve avenue les admire ou les envie...
Elle, c'est Myrna Loy, porcelaine précieuse, toute en sensibilité et délicatesse.
Lui, c'est Clark Gable, éditeur de presse fonceur, démarche de taureau, séduisant, bon vivant, sans chichis, bon camarade, bon tout.
Ambiance Park Avenue, cocktails, bel appartement blanc en duplex, meubles Art déco.
Bref, on connait et on adore, évidemment..!
Ceci, c'est pour la maison.
Au bureau, Stanhope bosse comme un dingue. Il a, pour l'épauler, Whitey. Une blonde gaulée comme une chorus girl (dixit le boitier du dvd), et au sourire mutin (c'est Jean Harlow, non mais!) .
Whitey "pige" V.S. au 10e de tour, pas besoin de discours, elle est efficace, réactive, indispensable et... un petit peu amoureuse de son boss (Clark Gable, quand même). En tout cas, il lui est également indispensable.
Alors, évidemment, cancans et gossips vont bon train. L'épouse est trop aimée, trop amoureuse, trop respectée, trop respectueuse pour y ajouter foi une seule seconde.... jusqu'au jour où secrétaire et patron, pour remporter un contrat sur un nouveau magazine, travaillent en secret, chut chut, dans des hôtels de luxe, à New York, à La Havane, et même à la patinoire.... et alimentent fatalement, et malgré eux, ragots et soupçons.
Avec une trame comme celle-là, on pouvait foncer tête baissée dans les clichés purs et durs, dans le grossier, le lourdingue, l'indigeste... et c'est tout le contraire.
TOUT LE CONTRAIRE ! C'est fin, raffiné, romantique, tendre. Clarence Brown le metteur en scène (encore un de ces bosseurs discrets et modestes comme je les affectionne) sait raconter, surprendre des regards, le tremblement d'une lèvre. Il sait tellement bien émouvoir ! Il fait mouche avec une justesse, une précision!
C'est drôle, à la fois léger et tonique, parfois faussement léger, souvent émouvant (de plus en plus émouvant, d'ailleurs, à mesure qu'on avance dans le récit), particulièrement grâce à ses deux comédiennes principales et grâce, (dans le rôle secondaire mais important du soupirant de Whitey ) à un James Stewart jeune, gauche, divinement touchant !
Il ne s'agit pas du tout d'une screwball comedie. Plus simplement d'une comédie sentimentale, dynamique, sophistiquée, belle à regarder, et... vraiment très émouvante.
La relation de Jean Harlow, la secrétaire troublée par son drôle d'animal de patron, est complexe, sensible, tout en retenue. Oh ces magnifiques regards "signifiants" lorsqu'elle se rend compte que le sentiment qu'elle éprouve pour Stanhope est peut-être plus compliqué qu'elle ne le croyait jusque-là !
Je ne vous révèlerai bien sûr pas qui, de la femme vs la secrétaire, l'emporte....!
Mais la toute fin est bouleversante (Quel échange de regards!), les deux actrices y sont absolument, absolument admirables !
Clark Gable est remarquable, vraiment parfait .
James Stewart, en 5 ou 6 scènes, nous prouve qu'il était déjà un génie de l'art dramatique !
Et Clarence Brown qu'il fut un des grands maîtres sur la place d'Hollywood.
Jolie phrase, très musicale, tirée du film :
"You're a fool... for which I am grateful". Note: ce dvd qui circule est estampillé zone 1... mais il passe parfaitement sur mon lecteur externe zone 2 relié via USB à mon ordi. Dont acte. Allez, une dernière image pour la route. Juste parce que regarder les genoux de Clark Gable, ça me fait chaque fois penser à Ava Gardner qui se moque d'eux dans
Mogambo (ainsi que de ses oreilles!) Ce gars avait un sacré sens de l'auto-dérision !