Effie Gray - scénario d'Emma Thompson (2012)

Le pauvre Greg Wise ne figure même pas sur la jaquette ! Pourtant, il tient l'un des rôles principaux

Comme quoi ça ne sert pas toujours d'être le mari de la réalisatrice
Il est quand même beaucoup moins connu que les autres (à part par nous évidemment).

Oui voilà, il ne doit pas être assez "bankable"

J'ai vu le film et mon avis est plutôt mitigé.
Au niveau des points positifs, je citerai les magnifiques paysages d'Ecosse et les vues de Venise, ainsi que les performances des acteurs, notamment de Dakota Fanning qui jongle admirablement bien entre le côté jeune fille de son personnage, qui se retrouve ensuite piégée entre son époux et la mère tyrannique de celui-ci avant de sombrer dans la dépression.

Mais j'avoue avoir trouvé le temps long, l'histoire avait du potentiel, mais on reste sur une sensation de trop peu.

Toujours pas vu, il faudrait que je m'y mette

J'aimerais beaucoup avoir ton avis!

Ce qui est intéressant dans "Effie Gray" c'est la mise en avant du point de vue féminin. D'habitude, dans cette histoire on parle beaucoup de Ruskin, Effie est souvent en arrière-plan. Ici, elle est le centre, c'est sa souffrance qui nous est montrée. Les acteurs sont tous excellents. Dakota Fanning est vraiment magnifique, elle n'en fait pas trop, elle est tout en retenue. Les paysages sont également superbes en Ecosse et à Venise. Je ne me suis pas ennuyée pendant mon visionnage mais effectivement il manque une petite étincelle, un peu de passion pour rendre ce film plus vivant, plus réussi. C'est dommage car l'idée de mettre en avant Effie était très bonne.

Merci pour ton avis, Titine.
Il faudra vraiment que je me décide à sortir ce film de ma PAV un de ces jours ...

Je l'ai vu aussi récemment et je n'en garde pas un souvenir impérissable.
Effectivement les paysages et je dirais même la photo en général est très belle, sans doute une volonté de baigner le film dans une esthétique préraphaélite.
Dakota Fanning est effectivement très bien, on sent sa souffrance, son envie de crier, son besoin d'amour, mais ce n'est jamais too much.
Après il y a qq passages trop rapides et d'autres trop lents. Et effectivement, je me suis ennuyée... La naissance de l'amour avec Millais ne passe pas pour moi. On a juste l'impression qu'il a pitié d'elle.

Il y a un côté trop sage, trop lisse dans cette adaptation. Ce qui manque également c'est l'importance du scandale du divorce de Effie et Ruskin. A l'époque, cela avait été retentissant, Ruskin était extrêmement connu et respecté. On ne prend pas assez la mesure de l'humiliation que cela va représenter pour lui.

oui absolument, c'est d'ailleurs le principal passage auquel je pensais quand je disais que c'était parfois trop rapide (alors que trop lent sur d'autres...).

Le dvd sortira en France le 1er mars.

Et bien, ça pour une surprise !

Tu m'étonnes !

S'ils pouvaient aussi sortir The Invisible woman, ce ne serait pas du luxe non plus !

Étonnant en effet!

Je suis en train de regarder Effie Gray. Et je viens de faire un lien amusant entre ce film et le livre que je viens tout juste de finir, à savoir la biographie des sœurs Brontë de Jean-Pierre Ohl. Le personnage joué par Emma Thompson, Lady Eastlake, y tient un rôle important. Elle était une femme très en vue en l'époque. Elle était écrivaine, critique et historienne de l'art et deviendra rapidement la confidente d'Effie.
Quel rapport avec les Brontë me demandez-vous ? Et bien, pour "l'anecdote", Lady Eastlake fut sans contexte l'une des critiques les plus féroces de Charlotte. Elle attaqua férocement la moralité de Jane Eyre, ce qui plongea Charlotte dans une grande détresse (elle évoqua cette incident à plusieurs reprises dans sa correspondance).

Voici un extrait de sa critique :

Citation :

‘the popularity of Jane Eyre is a proof how deeply the love for illegitimate romance is implanted in our nature’. It is a very remarkable book: we have no remembrance of another combining such genuine power with such horrid taste’.

J'aime bien ce genre de petits liens imprévus qu'on peut faire d'une œuvre à une autre.

Vous savez si le DVD est réellement sorti en France parce que je ne le vois pas sur le site de la Fnac.

Titine75 a écrit:

Vous savez si le DVD est réellement sorti en France parce que je ne le vois pas sur le site de la Fnac.

Je le vois dispo ici sur leur site : (mais chez un revendeur)

Je l'avais vu plusieurs fois à Gibert aussi 

Oui, j'ai vu ça aussi, je voulais dire en neuf.

Il est peut-être épuisé (les dvd sont épuisés tellement vite depuis quelques temps  )

Titine75 a écrit:

Vous savez si le DVD est réellement sorti en France parce que je ne le vois pas sur le site de la Fnac.

Oui il est vraiment sorti en neuf, mais je pense qu'il fait partie des dvds déjà épuisés comme Mary Shelley ou Orgueil préjugés et zombies par exemple et que ce n'est pas lié au confinement.

Comme le topic de ce film avait été remonté récemment suite à des échanges cela m'a intrigué et j'ai vu le film. Je connaissais John Ruskin ainsi qu'Everett Millais mais uniquement leurs carrières d'un strict point de vue de l'histoire de l'art. Je n'avais jamais entendu parler d'Euphemia Gray et je ressors bouleversée de ce film. J'ai filé sur Wikipédia pour en savoir plus. Quel soulagement de savoir qu'Effie et Everett ont finalement pu se marier et avoir huit enfants! Ayant lu certains livres de Ruskin pour mes études je savais qu'il n'était pas le plus fun de l'époque mais le portrait intime qui est fait de lui est abominable. Quel affreux parcours pour cette jeune femme. Le film montre bien sa descente aux enfers. Effie épouse un homme brillant qu'elle idéalise et semble aimer. Comment ne pas être séduits par les quelques mots qu'il déclame à son sujet lors de leur mariage, la décrivant comme sa muse! Elle quitte son Ecosse natale pour une belle demeure londonienne et une élévation sociale évidente. Dès lors elle attend avec impatiente sa nuit de noces et de pouvoir assister son époux. La douche n'est pas froide mais glacée ! Ses beaux-parents sont obsédés par la réussite de leur fils, elle n'a littéralement rien à faire de ses journées, on ne lui demande jamais son avis et son mari ne cache plus son dégoût envers elle au fil des années. On atteint le paroxysme avec le séjour du couple en Ecosse, alors que Millais doit faire le portrait de Ruskin et qu'Effie est censé se requinquer dans sa région natale. Heureusement avec la complicité de Lady Eastlake elle parvient à faire annuler son mariage. Le comportement de son mari est odieux mais celui de ses beaux-parents également. La scène d'invitation des Eastlake à diner est terrible : on la force littéralement à quitter son lit alors qu'elle est malade. Emma Thomspon est fabuleuse dans le rôle de cette alliée. Un vrai rayon de soleil dans ce film si sombre! De même pour Tom Sturridge qui incarne brillamment Millais. Il ressemble beaucoup au vrai peintre, tout comme Greg Wise très proche physiquement du vrai Ruskin et qui l'interprète avec brio (il est profondément détestable!). J'ai été totalement convaincue par Dakota Fanning, qui est vraiment meilleure actrice que sa sœur cadette... Le film en soi n'a rien de spectaculaire. Les décors sont assez pauvres et sombres, même les scènes vénitiennes auraient pu être plus réussies. Les atouts du film sont le scénario et la direction d'acteur. Le film montre bien les espoirs avortés d'une jeune femme qui pensait que son mariage serait une aventure heureuse. Son effondrement psychologique est bien montré. C'est un film dur mais je le recommande. A noter que l'intime et le psychologique volent la vedette à l'art et à l'esthétique dans ce film. Certes Ruskin évoque ses écrits, discute parfois d'esthétique avec Effie, et le dîner à l'Académie Nationale de Peinture offre un échange intéressant au sujet des préraphaélites mais cela se limite à cela.

Contente que nos derniers échanges t'aient donné l'idée de découvrir ce film, Summerday 

Mon avis rejoint globalement le tien. L'intérêt de ce long métrage réside pour moi aussi avant tout dans la qualité de son scénario (le sujet est passionnant et traité avec finesse) et son casting. J'ai trouvé Greg Wise et Tom Sturidge tous deux convaincants et Dakota Fanning très touchante. Julie Walters est dure et glaçante dans le rôle de Mrs Rushkin, je n'ai pas l'habitude de la voir incarner des personnages aussi noirs mais j'ai totalement cru à son interprétation. 
Malheureusement, la mise en scène est assez pauvre, elle manque de souffle et d'inspiration. Et c'est dommage, surtout avec un tel sujet et de tels personnages ...
Je connaissais déjà l'histoire d'Effie Gray car j'ai lu pas mal de choses sur internet sur elle et surtout je venais de découvrir l'excellent essai sur les mariages victoriens Parallel lives de Phyllis Rose, dans lequel tout un chapitre est consacré à la relation entre Rushkin et Effie (puis entre Effie et Millais). Pour celles qui voudraient en savoir plus, je vous le conseille, il est captivant. L'emprise des beaux parents sur la vie d'Effie, la personnalité trouble de Rushkin, les scrupules de Millais, ainsi que le scandale retentissant qu'a causé la demande de divorce (non traité dans le film) y sont évoques en détail. Le topic est ici :  

Sinon, je vous mets des portraits de Millais et de Rushkin avec les photos des acteurs qu'ils incarnent dans le film. C'est vrai que physiquement, ils auraient pu plus mal choisir ! 

Titine75 a écrit:

Il y a un côté trop sage, trop lisse dans cette adaptation. Ce qui manque également c'est l'importance du scandale du divorce de Effie et Ruskin. A l'époque, cela avait été retentissant, Ruskin était extrêmement connu et respecté. On ne prend pas assez la mesure de l'humiliation que cela va représenter pour lui.

Je ne l'ai pas encore revu parce que je peine dans Desperate Romantics donc déjà c'est sûr que je préfère Effie dont je garde quand même un bon souvenir.

Je suis assez d'accord avec l'avis de Titine ce qui me dérange c'est qu'on a l'impression que cela se finit sur une note positive (dans mon souvenir) alors qu'en fait il manque toute la suite où Effie sera mise à l'écart de la société. Elle ne sera reçue par Victoria que parce que c'est la dernière volonté de Millais sur son lit de mort, alors que lui-même avait une carrière officielle très importante (il finit président de la Royal Academy) donc elle était vraiment mise à l'écart et cela manque dans ce portrait.
Ou dans un autre film