
Daunt Books vient de rééditer
Parallel lives de
Phyllis Rose, un essai publié en 1983 et qui fait référence pour tous les passionnés de l’Angleterre victorienne.
Phyllis Rose, biographe, essayiste, critique littéraire, et spécialiste de Virginia Woolf (entre autres) s’intéresse dans cet ouvrage aux mariages de plusieurs grandes figures victoriennes.
Il est question notamment d’Effie Gray et John Ruskin, de Catherine Hogarth et Charles Dickens ou encore de George Eliot et George Henry Lewes. J’ai trouvé cet essai absolument remarquable. Il se dévore avec plaisir, car il est écrit avec subtilité et une grande finesse d’esprit. A travers ces portraits saisissants, l’auteur ne se contente pas de nous plonger dans des histoires purement sentimentales, d’amour ou de désamour, si passionnantes soient elles. Elle fait également preuve d’une grande faculté d’analyse psychologique, en s’appuyant notamment sur l’histoire des mœurs et sur la correspondance et l’œuvre des auteurs (la partie sur Dickens, à cet égard, est proprement fascinante).
Phyllis Rose montre que le mariage est également une affaire d’état et une expérience aussi intime que politique, surtout dans cette Angleterre victorienne éminemment patriarcale. Une société alors bien plus encline à renforcer le pouvoir du mari et du père qu’à exprimer de la compassion pour l’épouse bafouée ou indépendante d’esprit.
Phyllis Rose ne s’évertue pas seulement à nous embarquer dans un captivant voyage dans l’Histoire littéraire, elle dissèque le mariage victorien en tant qu’institution et nous montre à quel point il est aussi affaire d’imagination, et de cheminement intellectuel.

Comme à chaque fois que je suis très enthousiaste, j’ai envie de prolonger le plaisir ! Je lirai sans le moindre doute un roman de George Eliot prochainement et reverrai le film
Effie Gray scenarisé par Emma Thompson ou encore
The Invisible Woman (qui relate l’histoire d’amour entre Charles Dickens et l’actrice Ellen Ternan). A noter que la jaquette intérieure de cette réédition reprend un motif de William Morris.
Le livre a été édité il y a quelques temps déjà en français sous le titre (plus parlant, il est vrai)
Mariages victoriens, chez Albin Michel. Il est épuisé mais vous pouvez le trouver relativement facilement d'occasion.
