Ethan Frome

Akina a écrit:

Je trouve Henri James beaucoup plus ardu qu'Edith Wharton... Autant je peux dévorer les romans de la seconde, autant le premier nécessite une concentration absolue pour voir où il veut en venir.

Je partage ton point de vue... je n'ai pas lu énormément de livres de cet auteur, mais je le trouve souvent opaque.

Je suis d'accord avec vous. Ce que je voulais dire c'est que je ne suis pas une inconditionnelle de Wharton.

Je suis furax contre la personne qui a rédigé le 4ième de couverture de mon édition d'Ethan Frome chez Gallimard.

Car si on comprend dès le départ que le destin d'Ethan est tragique, Edith Wharton a écrit son livre de façon à ce que le pourquoi du comment se découvre petit à petit, avec un véritable coup de poing final.

Pour moi cela ne s'est pas passé comme ça du tout, puisque le résumé du livre dit texto ceci

Spoiler:

. Merci beaucoup ! Du coup, je me faisais une fausse impression sur ce livre, m'attendant à l'histoire de l'"après".

Franchement très déçue, même si je ne peux en aucune façon blâmer Edith Wharton ou son intrigue.

Je te comprends ! C'est lamentable, cet événement n'arrive qu'à la toute fin, dans l'avant-dernier chapitre (si mes souvenirs sont bons).

Il y a une nouvelle traduction qui vient de sortir chez POL par Julie Wolkenstein (qui est aussi écrivain, mais je ne la connais pas) et je viens de l'acheter   
Je n'ai jamais lu le livre donc je ne pourrai pas vous dire si elle meilleure que l'ancienne.

J'ai remarqué cette édition en librairie l'autre jour. J'aime bien la couverture !

J'ai essayé de la mettre mais serving n'a pas voulu (c'est mon ordi qui rame ce soir).

La voici  

Merci tu as compris mon appel du pied   

As-tu déjà vu son adaptation par John Madden ?

Non, elle a bonne réputation ? Tu l'as vue ?

Elle n'est pas trop mal notée sur les sites. Je n'ai pas lu les commentaires par peur de me spoiler. Mais, elle me tente bien (après ma lecture). C'est avec Liam Neeson et Patricia Arquette. Elle date de 1993.

La couverture est sympa!

J'ai fini Ethan Frome hier et j'ai été moi aussi séduite par ce livre et par le destin éminemment tragique d'Ethan Frome.

J'ai adoré la description des paysages de la Nouvelle-Angleterre, de cet isolement, de cette neige qui recouvre tout. Je ne suis pas une adepte du déterminisme géographique (les paysages influent sur les habitants), mais je trouve qu'il sied particulièrement bien et accentue l'idée de tragédie par la blancheur du paysage en opposition avec la noirceur du destin d'Ethan.

Ethan m'a tout de suite plu. C'est un taiseux, blessé par la vie, psychologiquement et physiquement. Le fait de le voir au travers des yeux du narrateur qui l'apprécie nous le rend sympathique aussi.

Edith Wharton excelle dans l'art du non-dit. Ce n'est pas Ethan qui nous raconte son histoire, on ne sait jamais vraiment ce que pense sa femme, à part dans une seule phrase qui est livrée, on ne sera jamais vraiment ce qu'il s'est passé pendant la vingtaine d'années entre l'accident (annoncé dès les départ) et la rencontre avec le narrateur.

Le triangle amoureux qui se met en place n'est pas traditionnel dans le sens où je n'ai pas l'impression que les personnages soient "réellement" amoureux. Je pense qu'ils en sont persuadés, mais que c'est plus un amour de circonstance, dû à la profonde solitude qui les étreint et le fait que leurs rêves aient été brisés. Ils se raccrochent alors à la seule personne qui leur accorde un peu de sympathie et de réconfort.

Wharton est aussi l'un des rares auteurs qui arrivent à m'émouvoir avec de minuscules gestes (un frôlement de mains dans Le temps de l'innocence) comme ici quand Ethan embrasse le bord de l'ouvrage de Mattie alors qu'il ne rêve que de l'embrasser elle.

Et que dire de la fin ? Alors que tout semble jouer dès le départ : on sait qu'il y a eu un accident, on sent bien tout l'attirance d'Ethan pour la cousine de sa femme, Edith Wharton a réussi à me surprendre 2 fois.
La première :

Spoiler:

Et surtout la deuxième que je n'ai absolument pas vu venir

Spoiler:

Le début m'a particulièrement fait penser aux Hauts de Hurlevent (narrateur étranger aux lieux qui raconte une histoire, influence de la nature sur les êtres, violence psychologique et même la scène de bal où Ethan observe Mattie par la fenêtre). Mais, il n'y a pas autant de violence physique et Ethan n'est pas un acteur de cette violence, mais au contraire, il est totalement démuni et résigné.

Merci pour ton avis Shelbylee! Je pense le lire incessamment.

Il se lit extrêmement vite   

A bon entendeur...  

Contente que tu aies aimé, Shelbylee. Ce roman est terrible mais tellement beau ...

Voici une video de Julia Wolkenstein, la traductrice. C'est très intéressant   

Merci pour cette vidéo très intéressante!

Merci beaucoup pour ton avis, Shelbylee. Comme toi, la fin m'a surprise et désespérée.

L'interview de Julie Wolkenstein est vraiment très intéressante. D'ailleurs, depuis que j'ai lu sa traduction, je suis très intéressée par les livres qu'elle a écrits (notamment un où une héroïne semble avoir le même destin que l'héroïne de Portrait de femme de James).

Lu et adoré aussi. Ce roman est un vrai petit bijou!
Les descriptions de la nature sont sublimes. Le récit est très bien amené, car même si dès le départ, l'on sait qu'un tragique accident va avoir lieu, on est quand même surpris

Spoiler:

L'écriture est vraiment subtile et s'attache à de petits détails qui font toute la beauté du texte.

C'est cette manière qu'à Wharton de nous surprendre alors même qu'on connait la fin qui rend ce livre vraiment extraordinaire.

Tout à fait! Tout repose sur son écriture, sa manière d'amener le récit.

Je viens d'achever ce très court mais ô combien poignant roman d'Edith Wharton et je n'ai qu'un regret...de ne pas l'avoir sorti plus tôt de ma malle à livres!

C'est un roman âpre et dure; l'auteur se montre d'une cruauté implacable envers les deux amants malheureux et notamment envers son personnage principal qui ne connaît que la tristesse de son existence norme et passée au service des autres: il a abandonné ses études après la mort de son père, a supporté la maladie de sa mère puis "les maladies imaginaires" d'une épouse aigrie et sans chaleur. Mattie, la jeune cousine de son épouse, représente l'unique lueur d'espoir, de vie dans l'existence de cet homme frustré: frustré dans son amour et dans son amour de la culture (il aime lire mais semble s'en cacher au narrateur, comme s'il en avait honte...). Il ressort de ce court roman beaucoup de tristesse et de mélancolie et ce, jusqu'à la dernière page...tout n'est que froid et chagrin, comme ce paysage dans lequel évolue Ethan. Une très belle découverte littéraire!

Suite au plébiscite de la recommandation de Whoopsy Daisy, j'ai eu envie de me laisser tenter par ce livre et j'ai bien fait car il m'a énormément plu !
Ce roman est très court mais vraiment intense : l'histoire est sublime de par ses descriptions (la nature, le climat de la Nouvelle-Angleterre, la vie simple mais rude de ses habitants) mais en même temps tragique, de par le triangle amoureux et la méchanceté de Zenobia mais surtout le dénouement amer et cruel. Le style qu'Edith Wharton utilise dans Ethan Frome ainsi que l'intrigue m'ont beaucoup fait penser aux romans de Mary Webb.

Par contre, gros coup de gueule contre Gallimard (éditeur de la version d'Ethan Frome que j'ai lu, à savoir celle-ci)

car le résumé de la 4e de couverture est en fait un résumé complet de l'intrigue Du coup, en la lisant on connaît le dénouement de l'intrigue donc l'effet de surprise (et le choc) est beaucoup atténué pour ne pas dire gâché

Ceci dit, je suis tout de même ravie d'avoir lu et grandement apprécié ce roman !