Mary Sidney alias Shakespeare est un essai écrit par Aurore Evain qui a pour but de présenter les recherches de Robin P. Williams qui pourrait mener à penser que Mary Sidney pourrait être Shakespeare.
Cet essai est très original dans sa forme puisque Aurore Evain nous entraîne dans sa quête pour découvrir des preuves qui lieraient Mary Sidney à Shakespeare (cet essai a pour base son spectacle éponyme). Elle convoque pour cela ses amis à commencer par Charlotte, grande connaisseuse et fan de Shakespeare, mais aussi des auteurs et des autrices ayant publiés sur Shakespeare ou bien encore Katharine Hepburn ou Emma Thompson, tout en se déplaçant dans certains lieux comme la librairie Shakespeare & Co ou le château de Pembroke. La forme peut dérouter (je conseille comme toujours de lire un extrait), mais elle m'a plu notamment au départ quand un dîner est un prétexte pour expliquer certains faits de manière plus ludique. Je dirais tout de même qu'à la fin, je me suis un brin lassée de ces sauts dans l'espace et multiples apparitions de personnages, mais c'est un détail.
Passons au corps de l'ouvrage. Je pense qu'il vaut quand même mieux avoir quelques notions sur Shakespeare et l'époque élisabethaine pour apprécier cet essai. Et si c'est le cas, vous le trouverez sans doute passionnant.
Aurore Evain nous présente Mary Sidney Herbert, la sœur de Philip Sidney, la nièce de Robert Dudley et la comtesse de Pembroke. Je l'ai déjà croisée à plusieurs reprises au cours de mes lectures et j'ai toujours trouvé cette femme fascinante. Ce n'est pas cet essai qui va me faire penser le contraire. Femme de lettres, Mary Sidney a mis en place un cercle littéraire autour de sa demeure de Wilton house et a elle-même publié des livres (des traductions comme il se doit pour une femme bien née). Femme de science, elle a aussi mis en place un laboratoire dans sa (ses) demeures. Anticonformiste, elle finira sa vie en passant beaucoup de temps avec son médecin plus jeune d'une dizaine d'années pendant que ses fils seront d'importants personnages de la cour de James Ier.
J'ai abordé cet ouvrage en me disant qu'au pire j'en apprendrai un peu plus sur Mary mais j'ai trouvé la démonstration extrêmement intéressante.
Un des points les plus importants est l'accès aux sources. L'autrice essaye de relier Mary Sidney et Shakespeare aux sources des différentes pièces. On ne sait pas où Shakespeare aurait pu avoir accès à certains textes. Par contre, la plupart des sources se trouvaient dans la bibliothèque de Mary. Plus frappant encore certains textes n'ont été publiés que bien après l'écriture de certaines pièces, textes qui ont été écrits par des proches de Mary.
Pour les pièces historiques, on peut quasiment relier tous les protagonistes à la famille de Mary.
Même si vous êtes un fervent défenseur de Shakespeare, vous pourrez trouver un intérêt sur l'analyse des personnages féminins et les activités évoquées dans les pièces comme un intérêt certain pour la fauconnerie (devinez qui était passionnée par cela ?). Vous pourrez aussi découvrir le travail de traductrice et de poétesse de Mary.
Enfin, vous pourrez découvrir sa descendance avec ses 2 fils hauts en couleur qui sont aussi ceux à qui le premier folio des œuvres de Shakespeare est dédié
Force est de constater que si je l'ai lu au départ pour Mary Sidney, j'en ressors quand même troublée. Je n'irais pas jusqu'à dire que je pense qu'elle est Shakespeare, mais c'est une hypothèse qui est loin d'être farfelue.
Un essai réjouissant pour ceux qui aiment le théâtre, Shakespeare, Mary Sidney et la période élisabethaine. Il s'agit d'une nouvelle collection d'essai chez Talents hauts. J'ai hâte de découvrir leurs autres titres. Aurore Evain a aussi évoqué ses recherches sur les autrices françaises et en particulier Catherine Bernard dont l'un des textes est sorti dans la collection Les Plumées il y a quelques jours. Il me tente beaucoup.