The personnal history of David Copperfield de Armando Iannucci (2020)

Je suis en train de lire de David Copperfield et je me suis aperçue qu'il n'y avait pas de topic pour cette adaptation (ni pour le livre d'ailleurs, ce que je ferai quand je l'aurai terminé).

Elle devait sortir en 2020. Je doute que nous ayons la chance de la voir au cinéma, à mon avis cela risque de faire une sortie à la Emma.

Néanmoins, je serai très curieuse de la découvrir, d'autant plus qu'elle a un casting de rêve : Dev Patel, Hugh Laurie, Aneurin Barnard, Tilda Swinton, Ben Wishaw, Gwendoline Christie, Peter Capaldi....


Je ne suis pas allée au bout de la bande-annonce de peur d'en découvrir trop sur l'intrigue, mais ce que j'ai vu me donne envie. Et Hugh Laurie à l'air une fois de plus formidable.

Les critiques anglaises que j'ai pu lire sont très contrastées (notamment en ce qui concerne l'humour) mais cela me rend encore plus curieuse de découvrir cette nouvelle adaptation.

Et la bande-annonce en montre un peu trop, effectivement.

Cette bande-annonce me donne très envie de le voir ! Ça a l'air bien enjoué

J'ai enfin eu l'occasion de voir cette dernière adaptation de David Copperfield, et je suis ravie qu'elle existe ! J'ai l'impression de voir un film qui rend véritablement justice au texte de Charles Dickens, et qui aidera peut-être à le faire sortir de sa réputation d'auteur misérabiliste et dramatique dans l'esprit du public. J'ai déjà très souvent eu des conversations où j'essaie d'expliquer que ce n'est pas du tout ce qu'il est, mais l'opinion est généralement bien ancrée chez mes interlocuteurs... La faute aux adaptations à la tonalité souvent très sérieuse, voire tragique ? En tout cas, on a ici affaire à quelque chose qui tranche avec ce qu'on a déjà pu voir, et à mes yeux, tellement plus proche de l'œuvre de base

Bien entendu, la tâche de rendre le contenu du livre tout entier dans un film de deux heures environs est absolument impossible : l'intrigue est ciselée ici et là, des raccourcis sont effectués et des personnages n'apparaissent tout simplement pas du tout.

Spoiler:

Mais ce qui me réjouit, c'est que malgré ces inévitables coupures dans l'œuvre de Dickens, son esprit est merveilleusement préservé !

Tout commence quand David Copperfield lui-même entre en scène, face à une audience prête à écouter le récit de sa vie. David a à peine énoncé les premières lignes du roman, qu'il nous entraine (littéralement) dans l'univers du livre qu'il a écrit : il se tourne, et le fond de la scène se désintègre et le laisse, suivi du spectateur, pénétrer dans le monde qu'il nous raconte. Et tout au long du récit, tandis que sa voix narre les événements et ses commentaires personnels, les cassures du quatrième mur rappellent ici et là qu'on assiste à une histoire racontée, rappels constants du procédé de création et d'écriture. Et je trouve cela absolument génial, car c'est exactement ce que fait Dickens ! Il ne raconte pas les choses avec effacement ni objectivité crue, il nous présente l'histoire à travers le regard de David (un prisme pas toujours fiable) et s'adresse régulièrement au lecteur.

Il n'est pas question dans ce film d'oublier que l'on ne voit que les souvenirs de David, avec leur partialité et leurs imperfections. Par exemple, les premiers souvenirs d'enfance sont un peu flous, se mélangent et sont filmés tout près du sol : point de vue du bébé David. Ensuite, les événements s'enchaînent en des transitions évocatrices des associations d'idées et autres mécanismes de la mémoire. Ou encore, quand David rend pour la première fois visite aux Peggoty, leur maison-bateau est lumineuse et colorée à souhait, tandis que quand il y retourne plus tard avec Steerforth, la demeure paraît un peu plus terne, un peu plus misérable : le regard de David est le filtre, et ce regard a changé avec l'âge.

On souligne souvent les aspects autobiographiques de ce roman de Dickens, et l'ingéniosité de la réalisation a ici aussi trouvé une façon pertinente de le rappeler. Dès le départ, le parallèle avec Charles Dickens est évident : comme l'auteur le faisait souvent, le personnage de David donne une performance devant un public, durant laquelle il lit des passages de son livre. Et comme Dickens, ce David est observateur, à l'affut des particularités des gens qui l'entourent, vif à les capturer, les imiter et finalement les coucher sur papier. On le voit même répéter leur manière de s'exprimer, ou imiter leurs expressions faciales, devant son miroir, ce qu'on sait être une technique utilisée par Dickens quand il créait ses personnages (chose que l'on voit aussi dans le film The Man who invented Christmas). Son esprit bouillonnant, qui enregistre tout ce qu'il voit et entend, sa manie de transcrire constamment sur des petits bouts de papiers ses observations... le processus créatif est en permanence en action

Et puis cette galerie de personnages fantasques (rendus d'autant plus vivants par le talent des acteurs), ce rythme enjoué, cette fantaisie et cet humour... c'est tout bonnement dickensien, dans le plus génial sens du terme !

Je ne peux que recommander ce film : ceux qui aiment Dickens y retrouveront sa marque de fabrique, et ceux qui ne sont pas adeptes le découvriront peut-être sous un nouveau jour

Merci beaucoup pour ton avis détaillé, LilyBart. Je n'avais pas très envie de voir cette adaptation qui me semblait un peu trop excentrique au vu de sa bande-annonce, mais ce que tu en dis vient modifier sérieusement mon a priori.