Mariana Enriquez a écrit ce roman ("Nuestra part de noche") en 2019.
En France, il a reçu divers prix littéraires, notamment le Grand Prix de l'Imaginaire.
Voici quelques couvertures de ce pavé de 700 pages:
Alors, ce n'est pas du tout un roman agréable à lire. Il est, malgré cela, très prenant et passionnant. Et, je trouve, très bien écrit.
C'est en fait un roman d'horreur qui se déroule en Argentine dans les années 1980-1990 et quelques, dans un contexte de dictature et de troubles politiques.
La société riche de l'époque voue un culte ("l'Ordre") à un esprit des ténèbres hautement toxique qui nécessite un médium pour le nourrir. Via certaines pratiques particulièrement cruelles, les membres espèrent un jour atteindre l'immortalité.
Juan, battit comme un viking, est le medium dont l'Ordre use et abuse depuis qu'il est enfant et qui permettrait ce changement. Mais il est de plus en plus malade et fera tout pour que le potentiel talent de son fils Gaspar passe inaperçu et ne soit pas de ce fait utilisé par sa famille complètement obsédée par le culte.
Le roman démarre comme un sorte de road movie. On passe ensuite au passé, à la jeunesse de Juan.
Comment il a été enrôlé et par qui.
Comment la famille qui monopolise le culte s'est organisée, les jeux de pouvoir entre eux, les dommages collatéraux qui s'ensuivent et bien sur la vie de Juan et de son fils dont la relation est particulièrement difficile et profonde.
Il m'est impossible de dire que j'ai aimé la violence, la maltraitance physique et psychologique qui parsèment le livre.
Et je ne lis pas de romans gore.
J'ai par contre beaucoup apprécié le traitement des personnages et le développement de leurs relations (un de mes moteurs de lecture), surtout entre le père et le fils, dans le contexte du pays.
Rien n'est cliché entre eux, ni blanc et noir, on est en perpétuel questionnement, on passe du dégout à la compassion, on ne sait plus si Juan est un mec bien ou un connard absolu parce qu'il est les deux et tout entre les deux, à cause notamment de sa souffrance physique. L'auteure aborde vraiment très bien la complexité de l'amour filial.
Bref, je suis très sensible à la violence dans les films mais curieusement, ici, j'ai tenu le coup.
C'était mon premier livre argentin, je suis contente d'avoir "passé la frontière", et cela me donne envie d'explorer un peu plus la littérature de ce coté là du globe.