La Nuit des rois

La Nuit des rois est une comédie de William Shakespeare en 5 actes. On pense qu'elle fut écrite vers 1601 et prévue pour être jouée pendant les célébrations de l'Épiphanie, appelée à cette époque Nuit des rois (d'où le titre).
Son titre complet est La Nuit des rois ou ce que vous voudrez (en anglais The Twelfth night or what you will).

Voici l'intrigue : un bateau fait naufrage près des côtes de l'Illyrie et seule une jeune femme en réchappe, Viola. Croyant son frère jumeau Sebastian décédé et se retrouvant sans protection, Viola décide de se travestir en homme et entre à la cour du comte Orsino. Ce dernier est amoureux d'une jeune orpheline fortunée, Olivia, qui a décidé de se retirer du monde et de rester célibataire à la mort de son père et de son frère. Orsino mandate Viola (qui se fait désormais appeler Cesario et qui est secrètement amoureuse d'Orsino) pour conquérir la main d'Olivia en son nom.
Seulement, Olivia tombe sous le charme de Cesario et un quiproquo apparaît lorsque Sebastian (qui a survécu au naufrage et pense que Viola est morte) arrive à la cour d'Orsino et que l'on le confond avec Cesario.

Comme toute pièce de Shakespeare, La Nuit des rois a été adaptée au cinéma ou à la télévision à de nombreuses reprises : la plus ancienne date de 1910, la plus récente de 2003 et outre les habituelles adaptations britanniques, américaines ou française, on peut noter une version russe (en 1955), hongroise (en 1967) et suédoise (en 1969).
L'adaptation la plus célèbre est certainement celle réalisée par Trevor Nunn en 1996, avec un casting qui laisse rêveur : Helena Bonham Carter, Imelda Staunton, Toby Stephens, Ben Kingsley ou encore Richard E. Grant.


D'autre part, on peut souligner que le film Shakespeare in love contient de nombreuses références à La Nuit des rois et propose une explication concernant la genèse de la pièce et l'origine du prénom de l'héroïne, Viola.


La Nuit des rois est une pièce qui m'a beaucoup plu : l'histoire m'a tout de suite attirée car je l'ai trouvé prometteuse et plaisante et je n'ai pas été déçue. Cette pièce est très divertissante à lire car remplie d'humour, de jeux de mots et de traits d'esprit. Les différentes intrigues et les quiproquos contribuent aussi à son charme.


Connaissez-vous cette pièce ? Avez-vous vu une de ses adaptations ?

Merci Sandie pour l'ouverture du topic! La Nuit des Rois est une de mes pièces préférées de Shakespeare. Je trouve qu'elle a un ton très particulier un peu comme Le Marchand de Venise, on ne sait jamais si on doit rire ou pleurer. C'est aussi une des pièces où le jeu sur le genre des personnages est le mieux développé chez Shakespeare. On trouve tout un réseau de jeu sur les relations humaines, la sexualité des personnages qui est particulièrement intéressant.
J'ai beaucoup de tendresse pour Viola qui a un rôle assez ingrat: courtiser pour l'homme qu'elle aime une autre femme...
Une pièce pleine de quiproquo et de sentiments cachés que j'aime beaucoup.

Je n'ai pas vu d'adaptations même si celle avec Toby Stephen me tente ENORMEMENT! Sinon dans le film Rencontre à Wicker Park (qui est un remarke du film l'Appartement avec Diane Kruger, Josh Harnett et Rose Byrne), la pièce est un parallèle à l'intrigue et n'est pas trop mal utilisée!

Perséphone a écrit:

C'est aussi une des pièces où le jeu sur le genre des personnages est le mieux développé chez Shakespeare. On trouve tout un réseau de jeu sur les relations humaines, la sexualité des personnages qui est particulièrement intéressant.

Tout à fait et cela devait être encore plus flagrant à l'époque de Shakespeare où les rôles féminins étaient tenus par des hommes : d'ailleurs, est-ce que cette pièce ne comporterait pas un message caché vis-à-vis de l'homosexualité ?

Perséphone a écrit:

Je n'ai pas vu d'adaptations même si celle avec Toby Stephen me tente ENORMEMENT! Sinon dans le film Rencontre à Wicker Park (qui est un remarke du film l'Appartement avec Diane Kruger, Josh Harnett et Rose Byrne), la pièce est un parallèle à l'intrigue et n'est pas trop mal utilisée!

Je remarque que de tous les noms d'acteurs que j'ai cité, tu n'as retenu que Toby Stephens : je me demande ce que je dois en penser
Blague à part, merci pour l'info concernant Rencontre à Wicker Park cela me donne envie de découvrir ce film.

sandie a écrit:

Tout à fait et cela devait être encore plus flagrant à l'époque de Shakespeare où les rôles féminins étaient tenus par des hommes : d'ailleurs, est-ce que cette pièce ne comporterait pas un message caché vis-à-vis de l'homosexualité ?

Je remarque que de tous les noms d'acteurs que j'ai cité, tu n'as retenu que Toby Stephens : je me demande ce que je dois en penser
Blague à part, merci pour l'info concernant Rencontre à Wicker Park cela me donne envie de découvrir ce film.

Pour l'homosexualité dans les pièces de Shakespeare et le fait que les rôles féminins sont joués par de très jeunes hommes: pour avoir travailler dessus, je te peux te dire que c'est beaucoup plus compliqué que ça. On a tendance à lire ces intertextes à l'aune de nos propres sociétés. Sauf qu'au XVIe siècle, l'homosexualité, telle qu'on la définie actuellement, n'existe pas. Il faut attendre le XXe siècle pour que la notion se développe, donc je n'irais pas aussi loin dans l'analyse mais cela devait certainement plaire au public cette duplicité. C'est pareil pour certains sonnets de Shakespeare qui sont adressés à un jeune homme, il s'agit sans doute de forme très classique de poème qui valorisent la beauté masculine telle qu'on l'appréciait au XVIe siècle, alors que les poèmes dédiés à la Dark lady décrivent au contraire une vraie femme, très différente des canons de beauté de l'époque. Les historiens et les chercheurs en lettres classiques ne sont pas tous d'accord sur le sujet (normal quoi).

Oui Toby Stephen et alors????

Merci d'ouvrir un topic sur cette pièce que je ne connaissais que de nom ! Et l'adaptation m'a l'air extrêmement tentante !

J'ai vu l'adaptation signée Trevor Nunn que j'ai évoqué rapidement dans la présentation et elle m'a beaucoup plu

L'histoire est légèrement modifiée, notamment concernant l'époque de l'intrigue (déplacée ici au XIXe siècle) et l'ajout de scènes au début du film, mais reste très fidèle à la pièce de Shakespeare : on y trouve tout ce qui fait son charme, à savoir l'humour, les quiproquos et les dialogues incisifs.
Ceci dit, je pense que l'atout majeur de cette version réside dans le casting : outre le fait qu'on y croise plusieurs têtes connues, j'ai trouvé que chacun collait parfaitement bien à son rôle. J'ai notamment été bluffée par Imogen Stubbs qui joue le rôle de Viola / Cesario et qui livre une excellente prestation : elle a fait un superbe travail pour paraître crédible en homme, notamment en transformant un peu sa voix, en adoptant une certaine gestuelle et en montrant la gêne et la maladresse de Viola dans certaines situations. D'autre part, elle ressemble presque à l'identique à l'acteur qui joue Sebastian donc cela ajoute en crédibilité à l'histoire.
Enfin (et parce que je suis sûre que ça va être un élément déterminant pour certaines ) Toby Stephens est juste (et en plus, il y a une petite scène où on le voit dans une baignoire !)

sandie a écrit:

Enfin (et parce que je suis sûre que ça va être un élément déterminant pour certaines ) Toby Stephens est juste (et en plus, il y a une petite scène où on le voit dans une baignoire !)

Genre tu mets ça à la fin en tout petit! On t'a vu!

Perséphone a écrit:

sandie a écrit:

Enfin (et parce que je suis sûre que ça va être un élément déterminant pour certaines ) Toby Stephens est juste (et en plus, il y a une petite scène où on le voit dans une baignoire !)

Genre tu mets ça à la fin en tout petit! On t'a vu!

En plus, je voulais vous mettre l'image qui va avec pour achever de vous convaincre mais les seules que j'ai trouvé sont toutes petites ou de très mauvaise qualité

Et l'humour/les mots d'esprit ne vous ont pas posé problème dans la pièce ? Ce qui m'a frappé le jour où je l'ai lue c'était la quantité de notes explicatives qui m'ont fait me dire "Effectivement, pas évident à comprendre, même pour un locuteur natif contemporain !". Pour être honnête, je pense que si on la voit jouer on passe outre et on se concentre sur autre chose que les jeux de mots qu'on n'a pas compris, mais je voulais avoir votre opinion sur la question.
Sinon pour l'anecdote, la première fois que j'ai vu jouer cette pièce je devais être en primaire, et si elle m'a marquée, je me suis rendue compte a posteriori que j'avais complètement oublié toute l'intrigue secondaire (Malvolio/Toby/Andrew/Maria/Fabian) !  

Je ne me souviens pas avoir été gênée plus que ça par des problèmes de compréhension à la lecture de la pièce   Ca dépend peut-être aussi de la traduction ?
En tout cas, j'ai eu l'occasion de voir une représentation sur scène de La Nuit des Rois l'an dernier et je n'ai eu aucune difficulté avec cet aspect, bien au contraire car j'ai beaucoup ri. Mais c'est différent de lire une pièce et de la voir car certains éléments de l'intrigue ou du texte sont plus explicites dans le second cas.

Je viens de lire cette charmante comédie qui est tout à la fois amusante, et laisse à réfléchir. Elle joue habilement sur le thème de l’identité, et sur la question de ce qui fait que chaque individu est unique. Viola est mon personnage préféré de la pièce: malgré son déguisement, elle parvient à toujours être honnête et son amour pour Orsino est vrai et profond. Son sens du sacrifice est immense: aller courtiser la femme qu’il aime pour lui

La toute première phrase qui ouvre la pièce me plait beaucoup: “If food be the food of love, play on, give me excess of it that, surfeiting, the appetite may sicken and so die” (c’est le duc Orsino qui parle). En français ça donne: “Si tant est que l’amour se nourrisse de musique, poursuivez, que j’en sois repu; que, saturé, l’appétit soit pris de nausée et qu’il en meure”.

J'ai lu il y a quelques jours la pièce de théatre pour la première fois et j'ai ensuite regarder l'adaptation, les deux m'ont beaucoup plu.

J'aime beaucoup le concept des jumeaux séparés et Viola qui se fait passer pour une homme, et tout s'enchaine très vite : Orsino aime Olivia, qui aime Viola sous les traits de Césario, qui elle même est amoureuse d'Orsino.
Et s'y ajoute l'intrigue secondaire où les domestiques d'Olivia veulent ridiculer le pompeux et méprisant intendant Malvolio.

L'intreprétation est vraiment parfaite, surtout Imogen Stubbs qui rend tout à fait crédible son personnage de Césario, bien ennuyé de se rendre compte qu'Olivia est attirée par lui/elle au lieu d'Orsino.
Helena Bonham-Carter est très bien également, elle passe d'une jeune femme décidée à garder le deuil de son frère pendant des années mais change rapidement d'avis après avoir parlé à Césario/Viola et ses tenues sont de plus en plus éclatantes (noir, puis violet puis rose).

Je n'avais jamais vu Toby Stephens aussi jeune et il joue parfaitement bien Orsino qui se croit amoureux d'Olivia alors qu'il l'a connait à peine.

Le début est un peu lent car il faut placer tous les personnages, mais la dernière demi heure est très enlevée et rythmée avec quiproquos, révélations et finalement une fin heureuse pour tous.

J'avais beaucoup aimé cette pièce (je préfère vraiment les comédies de Shakespeare à ses drames) mais je ne m'étais jamais posé la question des adaptations ! Je vais essayer de mettre la main sur celle de Trevor Nun et celle de 2003 !