Lodore est l'avant-dernier roman écrit par Mary Shelley, paru en 1835.
Le roman s'ouvre sur le personnage de Lord Lodore, un homme très fier mais malheureux dans son mariage. Un jour, il est provoqué en duel par un homme qui s'avère être son fils caché. Ne pouvant se résoudre à se battre contre cet homme, Lodore refuse le duel et passe aux yeux de la bonne société anglaise pour un couard. Pour fuir cette réputation, il décide d'émigrer aux Etats-Unis, prenant avec lui sa fille de 5 ans, Ethel, malgré l'opposition de Lady Lodore.
Le temps passe, Ethel devient une jeune femme accomplie et très instruite, selon les souhaits de son père, et aimant la vie simple que tous deux mènent aux Etats-Unis. Mais Ethel est courtisée par un homme qui ne trouve pas grâce aux yeux de Lord Lodore, et pour éviter un mariage, il décide de retourner en Angleterre. Mais durant le voyage de retour, un terrible événement survient, bouleversant la vie d'Ethel et de Lady Lodore (qui apprend le retour de son époux et de sa fille par la même occasion)...
J'ai longtemps cherché ce roman de façon désespérée (comme
Falkner, le dernier roman de Mary Shelley, qui n'est plus édité même en anglais), aussi quand je suis tombée sur cette édition universitaire il y a quelques années dans une librairie anglaise, j'ai sauté de joie et eu du mal à croire en ma chance
Surtout qu'elle est maintenant épuisée elle aussi... J'ai longtemps attendu avant de me plonger dans
Lodore et je le regrette presque car j'ai énormément aimé ce roman, qui m'a semblé à première vue assez inhabituel : on change complètement de registre par rapport à
Frankenstein,
Valperga ou
Mathilda avec
Lodore, qui semble très proche des romans de société de l'époque victorienne où à travers la vie des personnages et leurs nombreux rebondissements, l'auteure nous livre une réflexion sur la société anglaise de l'époque, ses codes, son fonctionnement... Si je devais comparer ce roman, je dirais qu'on est assez proche des romans de George Eliot dans le sens où Mary Shelley expose ici ses opinions politiques et ses réflexions philosophiques, mais truffe également son récit de références littéraires (le duo Lodore / Ethel fait penser à Prospero / Miranda dans
La Tempête de Shakespeare et c'est même dit clairement dans le roman) ou d'inspirations tirées de sa propre vie : la relation entre Lodore et Ethel rappelle la relation que Mary Shelley entretenait avec son père William Godwin, les luttes entre Lodore et sa femme pour la garde de leur fille font penser au combat acharné de Claire (la demi-soeur de Mary) pour préserver sa fille Allegra de son père, Lord Byron...
Contrairement à ce qui peut parfois se passer avec George Eliot, Mary Shelley nous donne à lire avec
Lodore un roman très prenant, même si j'ai trouvé la troisième partie un peu en dessous des deux premières (il y a quelques longueurs et l'intrigue prend une tournure momentanée un peu moins passionnante que le reste). Il n'empêche que mon intérêt n'a pas faibli jusqu'à la fin, qui là aussi surprend un peu quand on est familier des romans de Mary Shelley car on a un happy end !!!
J'ai refermé
Lodore avec regret, tant j'ai trouvé ce roman passionnant et bien écrit : Mary Shelley nous propose notamment trois beaux portraits de femmes, en particulier Cornelia Lodore, pour laquelle les sentiments du lecteur évoluent le plus.
Iil est vraiment dommage que
Falkner ne soit plus édité car on le compare souvent à
Lodore sur le style et les thèmes évoqués, ce qui me rend vraiment très curieuse de le découvrir (surtout s'il est aussi passionnant et bien écrit). Pourvu qu'un éditeur s'y intéresse prochainement !!!