Crime et châtiment, chapitre 1 à 3

Je vous propose de commencer la lecture de Crime et châtiments en commençant par les trois premiers chapitres du roman entre le 4 et le 10 octobre 2021.

Ensuite, chacun de nous pourra donner son avis sur ces premiers chapitres, poser des questions et continuer les semaines suivantes.
En sachant qu'on respectera le principe de "lecture à toute petite dose", donc 50 pages environ par semaine, comme ça, on pourra mieux apprécier notre lecture (on va l’espérer ) et cela nous permettra aussi de lire d'autres livres en parallèle.

Chaque personne participant à la lecture commune peut bien sur créer un topic pour la semaine suivante et poser des questions pour que les autres lecteurs puissent y répondre.

S'agit-il du premier roman que vous lisez de Dostoïevski?
Qu'avez-vous penser de ces trois premiers chapitres?

C'est parti  
S'agit-il du premier roman que vous lisez de Dostoïevski?
J'ai lu il y a très longtemps: L'idiot (2 fois); le double; le joueur.
Qu'avez-vous penser de ces trois premiers chapitres?
Je retrouve cette atmosphère particulière des romans cités plus haut, une impression de voile nocturne un peu poisseux qui transpire dans les pages.
C'est accentué par les personnages et leur situation de précarité: Raskonikov (à l'esprit "torturé"pour l'instant, ses dettes); l'alcoolisme de Marmeladov qui lui fait tout perdre et entraine sa famille dans le malheur.
On entre vite dans les différents personnages, j'espère que le rythme de lecture ne me fera pas oublier trop vite  qui est qui.  
Pour l'instant, je suis bien dedans

 S'agit-il du premier roman que vous lisez de Dostoïevski?

Oui. j'ai essayé il y a quelques années L'idiot, parce que c'était le livre le plus court de l'auteur  Je n'avais pas tellement accroché au récit  et n'avait lu que quelques chapitres.

Qu'avez-vous penser de ces trois premiers chapitres?

Je suis un peu surprise que l'on entre aussi vite dans le vif du sujet, avec Raskolnikov  qui semble animer de mauvaises intentions dès le début du roman (sinon, pourquoi s’inquiéter que son chapeau le fasse trop remarquer dans la foule..), notamment chez la préteuse d'argent.
Je ne m'attendais pas non plus à ce que chacun des chapitres soit sur un personnage différent, soit Raskolnikov, Marmeladov puis la mère de Raskolnikov

Qu'avez-vous pensez du 2eme chapitre où Marmeladov raconte sa vie à un jeune Raskolnikov quasiment muet?

Le récit de Marmeladov, une véritable logorrhée sur sa vie misérable dont il est le seul responsable m'a paru un peu long, surtout que Raskolnikov  l'écoute sans l'interrompre.
Doit-on se prendre de pitié pour cet homme qui raconte les malheurs de sa vie, dont son alcoolisme est le principal responsable?
Son récit estintéressant puisqu'il se contredit sans arrêt: son épouse est une sainte femme qui élève leurs enfants dans la misère malgré une santé fragile, mais elle déteste cordialement sa belle-fille, frappe ses enfants quand ils ont faim etc..
De même, elle pousse sa belle-fille à la prostitution (si j'ai bien compris les propos embrumés du père de famille) et lui tire les cheveux quand elle le voit soul

Avez-vous été surpris par le caractère de Raskolnikov?

Il a abandonné ses études, ne cherche pas à gagner de l'argent mais se permet de juger sa mère quand il lit sa lettre pourtant pleine d'amour et de dévouement?

Citation :

Un lourd, amer et cruel sourire se jouait sur ses lèvres

Il n'apparaît pas tellement sympathique...
L'attention qu'il porte à la préteuse d'argent en devinant dans quel tiroir elle met son argent ne laisse rien présager de bon..

S'agit-il du premier roman que vous lisez de Dostoïevski?

Non, c'est déjà pour moi une re-lecture, j'ai aussi lu "Les frères Karamazov" et "L'Idiot", j'ai aussi "Les possédés" dans ma PAL...

Qu'avez-vous penser de ces trois premiers chapitres?

J'avais gardé en souvenir que le roman montait en tension... effectivement on entrevoit le visage de Raskolnikov lors de ses rencontres et ses déambulations... ne serait-il pas un peu fou ?

Qu'avez-vous pensez du 2eme chapitre où Marmeladov raconte sa vie à un jeune Raskolnikov quasiment muet?

Raskolnikov le méprise... on peut se rendre compte, alors que lui même n'est pas au mieux dans ses finances, qu'il prend les gens de haut, comme la femme de ménage qui lui propose une soupe de chou, il n'a aucune empathie. Marmeladov est résigné ce qui doit sans doute déplaire à Raskolnikov.

Avez-vous été surpris par le caractère de Raskolnikov?

Et bien pas vraiment car on entre dans la tête d'un mec chez qui tout peut basculer rapidement... alors je ne suis pas étonnée de ressentir déjà une colère voir une certaine haine dans son attitude, ce n'est pas une personne rassurante et son comportement malsain est déjà bien visible.

@Miss Woodhouse
Le manque d'empathie de Raskolinov est en effet très marqué, surtout lorsqu'il raccompagne Marmeladov chez lui ou après avoir lu la lettre de sa mère.

S'agit-il du premier roman que vous lisez de Dostoïevski?

Oui c'est le tout premier. J'avoue que ma culture de la littérature russe est très très limitée, je n'ai lu que Guerre et Paix de Tolstoi (suite à l'adaptation de la BBC il y a quelques années). J'avais beaucoup aimé. Je sais que cette lecture-ci va être bien différente, j'espère que je vais aimer aussi quand même.

Qu'avez-vous pensé de ces trois premiers chapitres?

On rentre dans l'histoire tout de suite, avec les pensées de Raskolnikov. On voit tout de suite qu'il n'a pas la conscience tranquille et qu'il pense à faire quelque chose d'important et grave. On ne sait pas encore quoi mais on se doute que ce n'est pas joli-joli.
Quant à Marmeladov, il se trouve des excuses et raconte son point de vue, je n'ai pas beaucoup de patience pour ce genre de personnalité dans la vie. Il détruit tout autour de lui et encore après il faudrait le plaindre... Moi je plains plutôt sa fille poussée à la prostitution par la belle-mère sans cœur et le père ivrogne !

Arwen a écrit:

Quant à Marmeladov, il se trouve des excuses et raconte son point de vue, je n'ai pas beaucoup de patience pour ce genre de personnalité dans la vie. Il détruit tout autour de lui et encore après il faudrait le plaindre... Moi je plains plutôt sa fille poussée à la prostitution par la belle-mère sans cœur et le père ivrogne !

C'est surtout ça que j'ai retenu de tout son discours, il n'arrête pas de se plaindre qu'à cause de lui, sa famille est dans une grande misère, que sa femme et ses enfants souffrent, mais on plaint plus ses jeunes enfants qui ont faim et qui sont frappés par leur mère et par sa fille ainée poussée à la prostitution (et à qui il demande de l'argent pour se souler en plus!)

J'ai terminé le chapitre 3 hier soir. Voici donc mon retour.

* S'agit-il du premier roman que vous lisez de Dostoïevski?

Oui. C'est d'ailleurs pour cela que je me suis plongée dans cette lecture commune, car j'ai plusieurs romans de Dostoïevski dans ma bibliothèque depuis fort longtemps (1982 pour celui-ci) et je n'ai jamais osé m'y attaquer !

* Qu'avez-vous pensé de ces trois premiers chapitres?

J'ai été surprise par la facilité de lecture, je ne sais pas pourquoi je pensais que le style était ardu. Une idée toute faite sur les auteurs russes. Pourtant j'aime beaucoup Tchékhov et Tourgueniev.

J'ai été choquée par la pauvreté, la noirceur et le fatalisme des personnages. J'ai retrouvé beaucoup de similitudes avec les romans de Dickens, son contemporain.
Les personnages masculins semblent d'emblée antipathiques : vivant aux "crochets" des femmes de leur famille (épouse, fille, sœur, mère ) , gaspillant cet argent , incapables de garder leur emploi ou de poursuivre leurs études. Ils semblent se complaire dans cette misère, ne se remettent jamais en question. Marmeladov accepte assez facilement que sa fille se prostitue et vole même cet argent pour boire. Raskolnikov engage ses maigres possessions et envisage de voler (ou même tuer ) l'usurière.
Les femmes sont résignées, se sacrifient pour leur mari / frère / père, même si parfois elles se rebellent. Sonia et Dounia ont la même abnégation et acceptent leur sort avec résignation. Je ne pense pas que le mariage de Dounia soit voué à un grand bonheur .
J'ai ressenti beaucoup de fatalisme et de tragique dans ces premiers chapitres, assez caractéristiques de "l'âme slave".

S'agit-il du premier roman que vous lisez de Dostoïevski ?
Non, j'avais lu il y a 15-20 ans ans Le Joueur. Je ne me souviens pas en détails de l'intrigue, mais en revanche, je me souviens très bien qu'il m'avait fait forte impression. J'avais été extrêmement mal à l'aise, touchée/déprimée par le côté inexorable de la passion du jeu qui habitait le personnage et le détruisait. J'avais eu du mal à me remettre de la lecture (vous savez, quand l'atmosphère d'un roman vous poursuit même les pages fermées).

Qu'avez-vous pensé de ces trois premiers chapitres ?
Comme vous, je trouve qu'on entre immédiatement dans le livre, et c'est intéressant. (D'ailleurs, moi aussi j'ai été surprise d'entrer aussi facilement dans le texte, on verra sur la longueur...) Pas de longue introduction ou de présentation des personnages. On est immédiatement dans la tête de Raskolnikov, avant même de savoir qui c'est, d'ailleurs. C'est une excellente idée je trouve.
Il y a un peu de grandiloquence, un peu ce que je m'imagine de la littérature russe de cette époque, dans la manière dont les personnages s'expriment ou réagissent (notamment sa réaction quand il reçoit la lettre, ou la manière dont on découvre son nom).
Et puis surtout, c'est le malaise et la noirceur qui prime. C'est oppressant, sombre. On sent qu'on va à la catastrophe, quel que soit le personnage qu'on considère. La misère suinte des pages du livre, ça m'a mis très mal à l'aise, car en tant que lecteur, on voit tout ça se dérouler de manière impuissante.

Qu'avez-vous pensez du 2eme chapitre où Marmeladov raconte sa vie à un jeune Raskolnikov quasiment muet ?
C'est terrible... J'ai d'ailleurs retrouvé la sensation que j'avais en lisant le Joueur. Pour moi, il y a 2 aspects dans ce chapitre : d'un côté ce qui est raconté par Marmeladov, ce qu'on découvre du personnage et de son histoire. Je déteste ces personnages veules, détruits par une addiction, et qui détruisent tout autour d'eux. Je suis désolée pour sa famille, sa fille, ses autres jeunes enfants qui meurent de faim, sa femme malade. Et surtout on sent, dans l'écriture, que le personnage se sent sous la puissance de l'addiction, qu'il ne la combat pas. Donc voir l'autodestruction est pour moi assez difficile en tant que lectrice. De l'autre côté, ce passage est intéressant pour ce qu'il dit de Raskolnikov, dans sa réaction et ses silences. Par ses pensées, il a un côté supérieur, alors qu'au fond, il en est à peu près au même point que lui (ce qu'on découvre dans la lettre de sa mère).

Avez-vous été surpris par le caractère de Raskolnikov ?
Je n'avais pas d'a priori et n'ai qu'une très vague idée de l'intrigue (juste le résumé en 1 phrase, si vous voyez ce que je veux dire !), mais au fond non, je n'ai pas été très surprise, peut-être parce que je m'attendais à quelque chose de noir.
Dans les toutes premières pages, j'ai commencé à me dire que le personnage était sérieusement dépressif, puis fou. Je n'y connais rien à la psychologie, mais il semble obsédé par quelque chose, est détaché des autres autour de lui. Je le trouve très désagréable. En même temps, je me dis que je ne connais pas toute son histoire, et qu'il y a peut-être quelque chose qui fera qu'on est désolé pour lui. Mais pour l'instant, il me fait plus peur qu'autre chose et m'est antipathique. On aurait pu le croire seul et abandonné, alors qu'on découvre que sa mère semble l'aimer et faire de gros efforts financiers pour lui. On ne comprend pas pourquoi il est aussi méprisant...

Je finis sur une touche positive, j'ai trouvé que la longueur des chapitres pour la semaine était parfaite pour une lecture commune

Miss Artemis Holmes a écrit:

Je finis sur une touche positive, j'ai trouvé que la longueur des chapitres pour la semaine était parfaite pour une lecture commune

On va continuer dans cette direction avec plus ou moins 3 chapitres par semaine, cela me semble largement suffisant car j'ai la même impression que toi en commençant ce livre, il est oppressant, la misère est partout et Raskolnikov semble déterminé à s'enfoncer encore plus, notamment à travers le crime.

Citation :

En même temps, je me dis que je ne connais pas toute son histoire, et qu'il y a peut-être quelque chose qui fera qu'on est désolé pour lui. Mais pour l'instant, il me fait plus peur qu'autre chose et m'est antipathique. On aurait pu le croire seul et abandonné, alors qu'on découvre que sa mère semble l'aimer et faire de gros efforts financiers pour lui. On ne comprend pas pourquoi il est aussi méprisant...

Je ne sais pas si on va avoir plus de sympathie pour lui au fil des chapitres .
Son sourire cruel à la fin de la lettre très émouvante de sa mère (on voit qu'il a été élevé par une mère aimante) est déstabilisant.

Tout à fait d'accord au sujet de la longueur des chapitres, c'est très bien pour l'instant.
C'est une lecture intense, l'ambiance bien pesante et je n'ai pas non plus l'impression que les personnages vont ajouter une touche de légèreté à l'atmosphère.