L'été 1816, qui a vu la naissance de l'idée du roman
Frankenstein au bord du lac Léman a décidément beaucoup enflammé les imaginations. Après
Bravoure d'Emmanuel Carrère et
Gothic film de Ken Russell, j'ai lu
La Villa des mystères de Federico Andahazi.
L'ouvrage est paru dans la collection Folio SF, mais c'est davantage un mix de parodie de roman gothique et libertin du XVIII ème siècle. Et comme dans
Frankenstein on retrouve une composition en abyme, avec une histoire lue et racontée au narrateur (actuel) d'après d'anciens manuscrits du XVIIIème siècle.
Mais l'auteur argentin s’intéresse finalement moins à l'oeuvre de Mary Shelley qu'à celle de Polidori
Le Vampire et plus précisément de la façon dont cette nouvelle a été écrite... Comme dans les deux œuvres citées ci-dessus Polidori est présenté comme le souffre-douleur des Shelley et de Lord Byron, dont il était le médecin et compagnon de voyage. Le récit va très vite tomber dans le fantastique avec l'intervention d'une étrange créature qui va proposer à Polidori de réaliser son rêve de gloire en échange de sa "semence" comme on disait dans les romans érotiques de l'époque...
Je dois reconnaître que la parodie des romans du XVIII ème est excellente et respecte les codes littéraires de l'époque. Polidori trouve dans sa chambre une lettre intrigante qui lui propose un pacte. L'auteur de la lettre, une certaine Annette Legrand, née monstrueuse a appris à survivre dans l'ombre de ses sœurs jumelles, qui sont liées à elle par un étrange sortilège. Si elle meurt, elles mourront aussi. Et bien que se détestant cordialement, elles sont obligées de l'aider à trouver sa "nourriture", récoltant par là-même une réputation de filles faciles. Mais avec l'âge les sœurs ont beaucoup de mal à être désirables et Annette, qui a dévoré (au sens propre) de nombreux livres est devenue capable de rédiger toute sortes de récits, qu'elle monnaie de façon sordide...
Polidori ne sait pas si c'est une plaisanterie montée par ses compagnons pour se moquer de lui une nouvelle fois, mais quand il découvre le premier tiers du texte en "échantillon" il n'hésite plus à "donner de sa personne" et devient donc le géniteur de l'oeuvre d'Annette Legrand....
J'ai moins aimé la chute de l'histoire où
- Spoiler:
Polidori découvre qu'Annette Legrand n'est pas à son coup d'essai et a déjà rédigé des textes pour des inconnus nommés Pouchkine, Hoffmann, Chateaubriand et même Mary Shelley...
Néanmoins je reconnais que la démarche est originale et peut être considérée comme un exercice de style plutôt réussi...