Résumé de l'éditeur : Rome, fin du XVe siècle. Bien plus qu'un art, l'empoisonnement est un véritable métier à la cour des Borgia. Et c'est celui de Francesca, comme de son père avant elle, jusqu'à ce qu'il meure dans la rue, roué de coups. Déterminée à venger son assassinat, la jeune femme prend la charge d'empoisonneuse au service du cardinal Rodrigo Borgia.Désormais au coeur des intrigues d'une des familles les plus puissantes de Rome, Francesca devient la confidente de Lucrèce Borgia et l'amante de César. Mais surtout, sa vendetta fait d'elle la pièce maîtresse d'une partie d'échecs immémoriale, dont l'issue pourrait replonger l'Europe dans l'obscurantisme...
Je pensais tomber sur une romance historique mais en fait, on penche plus vers un roman d’aventures ce qui n’a pas été pour me déplaire.
Le personnage principal, Francesca, est assez original puisqu’il s’agit d’une tueuse et qu’en plus elle le revendique puisque c’est en assassinant son rival qu’elle obtient la place d’empoisonneuse auprès des Borgia. Elle va commettre d’autres meurtres au cours de cette aventure. C’est un personnage complexe car même si elle assume totalement ces meurtres, elle s’inquiète quand même pour le sort de son âme. Il est assez rare d’avoir une meurtrière comme héroïne (en tout cas plus rare qu’un meurtrier) et surtout on le sait dès le départ.
Comme annoncé dans le résumé, Francesca va coucher avec César mais l’auteur pour une fois ne sent pas le besoin de nous de nous expliquer en détail leur nuit passée ensemble. D’ailleurs, elle ne leur invente pas une histoire d’amour, puisque Francesca, même si elle a du mal à se l’avouer, est amoureuse d’un verrier, Rocco, qu’elle a refusé d’épouser car elle jugeait que sa position d’empoisonneuse était trop dangereuse pour lui et surtout pour son fils.
Le contexte historique est bien restitué. L’auteur connaît bien la période et ses descriptions des tenues et des décors sont très réussies. J’ai aussi beaucoup aimé son portrait de Rodrigo Borgia. Elle rend bien le caractère ambivalent du personnage. Sous des dehors affables, c’est un fin tacticien qui ne laisse rien au hasard et qui peut se révéler cruel. Il prend Francesca sous sa protection mais en échange, elle sait très bien qu’elle devra faire tout ce qu’il lui demande sans qu’il ait besoin de la menacer ouvertement. Leur relation est très intéressante car elle est faite autant de confiance que de méfiance.
Une grande partie de l’intrigue évoque le sort des juifs d’Europe. En 1492, ils ont été chassés du royaume d’Espagne et affluent à Rome notamment dans le ghetto. Francesca va devoir nouer des alliances avec eux, même si elle n’est pas exempte des préjugés de l’époque. 1492 est aussi une date essentielle pour la famille Borgia puisqu'il s'agit de l'année où Rodrigo devient pape. Le conclave est raconté de manière fort divertissante avec de nombreuses intrigues.
Le rythme de l’intrigue est échevelé. Les héros se retrouvent à courir aux quatre coins de Rome pour effet d’empêcher qu’une décision catastrophique soit prise. On a le droit à une évasion du château Saint-Ange et à une course-poursuite dans les catacombes de la basilique Saint-Pierre qui se termine sous la charpente de la Chapelle Sixtine. C’est peut-être un peu trop pour être plausible, mais c’est extrêmement divertissant à lire d’autant plus quand on connaît Rome.
Le seul vrai bémol est qu’à la fin du livre Francesca commence à avoir des « visions ». Ce sont en fait des images de lieux qu'elle a déjà vus, mais elle n’avait pas besoin de cela.
Francesca est une héroïne intrépide qui n’a pas la langue dans sa poche et qui n’hésite pas à se mettre dans des situations dangereuses pour défendre ses idées et les personnes auxquelles elle tient. Même si évidemment il lui arrive 1000 fois plus d’aventures qu’à toutes les femmes de son époque réunies, j’ai passé un très bon moment avec ce livre et je compte bien lire la suite un jour prochain.