Le Club Vesuvius: Une aventure de Lucifer Box
Mark Gatiss
- Citation :
- Une immersion étourdissante dans le monde fascinant de la haute société edwardienne - et de ses bas-fonds. Plongez dans cette aventure de Lucifer Box, portraitiste de talent, dandy, bel esprit, mauvais garçon... et le plus irrésistible des agents secrets de Sa Majesté. Où il découvre qui s'amuse à assassiner les meilleurs scientifiques du royaume - tout en déterminant la façon la plus seyante de porter un oeillet blanc à sa boutonnière.
Avant de commencer la critique, je ne peux que saluer les éditions Bragelonne pour le magnifique objet, n'ayons pas peur des mots, qu'ils nous offrent avec ce livre: visuellement, son habillage vert et doré attire l'oeil et quand on voit le soin apporté au livre, on ne peut que se dire que cette maison d'édition respecte ses lecteurs, en leur évitant des couvertures hideuses, et montre à quel point, ils sont passionnés par les titres qu'ils proposent et qu'ils sont désireux de faire découvrir au plus grand nombre.
Je viens de mettre en valeur, le seul point positif du roman, son joli habillage. Pour le reste...je n'ai pas du tout été convaincue par le roman. Mark Gatiss, je le connais avant tout comme étant le Mycroft de la série
Sherlock, le dandy impeccable et co-créateur de la série. C'est une personnalité que je trouve attachante, sincère dans sa démarche et que j'imagine vivre une existence aussi farfelue que Sherlock (à ce qu'il paraît, il vit dans un ancien laboratoire à Londres, cela vous laisse entrevoir le bonhomme).
Avant de parler du livre, je me dois de faire un aparté, des plus courts, rassurez-vous, sur mon opinion sur la série
Sherlock. J'ai adoré la première saison (au point de la regarder plusieurs fois), eu quelques réserves sur la seconde saison (promis, je ne parlerai pas de l'épisode sur Irène qui me questionne encore aujourd'hui) et j'ai clairement...pardon pour les fans, détesté la troisième saison des premières minutes de l'épisode un jusqu'au final (oui parce que j'ai continué d'espérer, jusqu'au bout). Pour en revenir à Mark Gatiss, j'étais quelque peu fâchée contre lui après la fin de la troisième saison de
Sherlock et je tenais à lui accorder une seconde chance avec ce roman: Mark Gatiss qui délaisse
Sherlock? Allons-y! En plus la couverture est jolie.
Je suis chagrinée d'admettre que la réconciliation n'a pas eu lieu et que ce roman a mis fin à notre histoire entre Mark Gatiss-Mycroft et moi.
La première partie du roman, avant que l'enquête ne commence réellement est sans saveur et traîne en longueur: on apprend à découvrir l'univers du héros Lucifer Box dont le nom donne déjà un aperçu du héros: beau, futé, capable de faire de l'humour, homme à femmes et à hommes, espion au service de sa majesté ( "My name is Box, Lucifer Box.."). Je déteste ce genre de héros. L'humour au début passe bien mais petit à petit, il devient bien lourd. Le roman étant écrit à la première personne, Box s'auto-décrit et à s'auto-complimenter, c'est amusant au début mais au bout de dix pages, c'est agaçant. On le sait que tu es beau, mince! Tu viens de te décrire précédemment!!!
L'enquête me direz-vous? Box est menacé de mort (par une ancienne conquête, apparemment) et doit enquêter sur la disparition de trois scientifiques. Après quelques cabotinages, un début d'enquête fort lent et une rencontre avec une apprentie peintre (oui parce que Lucifer est aussi peintre!) dans le Londres poisseux et brumeux des dandies, l'enquête se poursuit à Naples.
Et là, je ne vous raconte pas l'embrouille, j'ai vraiment eu du mal à comprendre la suite de l'enquête et à démêler ce plat de spaghetti scénaristique. L'intrigue s'emballe d'un coup, Box fait la rencontre d'un jeune homme mais doit veiller sur son apprentie qui l'a suivie jusqu'en Italie tout en pénétrant dans le mystérieux Club Vesivus, un lieu de débauche où se déroule des orgies, en lien avec le meurtre des trois chercheurs. Notre fouineur, après avoir passé quelques petites nuits taquines et coquines avec le jeune homme rencontré à Naples, se rend compte que son enquête s'avère plus complexe qu'il n'y paraît et que le monde (rien que ça!) est menacé par un terrible danger.
Voilà pour l'intrigue dans ces grandes lignes car j'avoue que je n'ai pas gardé un souvenir très précis de cette enquête. L'écriture est plutôt fluide mais je reproche surtout à ce roman, un gros manque de profondeur: certes, ce roman n'a pas pour évocation de gagner le
Prix Booker mais doit-on à ce point mettre en scène un personnage aussi creux pour satisfaire les lecteurs? Lucifer Box a beau se présenter comme un dandy beau et subversif, je le vois avant tout comme une belle petit huître sans âme qui n'a pas réussi à me faire sourire. Sans compter, le fameux "je vais faire un personnage bisexuel et montrer des scènes un peu olé-olé pour émoustiller le lecteur" que je trouve absolument insupportable. En fait, Lucifer Box, c'est le lord Henry de Dorian Gray, avec un peu d'Oscar Wilde auxquels on rajoute une pincée de James Bond; sauf que, ce n'est pas en mélangeant plusieurs ingrédients savoureux qu'on est sûr d'obtenir une recette succulente: par exemple, j'aime le saumon, le chocolat et le thé au citron, je ne suis pas certaine qu'un saumon sauce citron enrobé de chocolat fasse un met des plus délicieux.
Je reproche également au roman de multiplier les références cultes ou intellectuelles qui séparément sont plutôt sympathiques mais qui au final sonnent creux et rendent le scénario et les personnages vides de toute substance propre. L'univers présenté manque lui aussi de corps: j'aime l'Angleterre à l'époque victorienne (comme beaucoup, j'imagine
) mais je trouve que ce cadre avec tout ce qu'il comporte de fascinant n'est pas assez exploité par l'auteur, c'est assez regrettable. Naples également sert uniquement de décor et n'est guère exploité, excepté le Vésuve (encore heureux, vu le titre du roman...)
Enfin, je ne suis pas spécialiste de littérature policière ou d'enquêtes mais je ne suis pas certaine que l'enquête proposée dans ce roman puisse satisfaire l'appétit des lecteurs assidus d'enquêtes. L'enquête est confuse, lente et se révèle un brin grotesque dans son dénouement.
La conclusion de ce verbiage est que ce roman est un bel objet visuel mais contient une histoire que je trouve peu passionnante, longuette et sans saveur. Je pourrais le comparer à un beau dandy mais sans esprit et qui se préoccupe davantage de son apparence que de son intellect.