Forum des amoureux de la littérature et de la culture anglaise |
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| Raymond Queneau | |
| | Auteur | Message |
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Lady Clare Swoon addict
| Sujet: Raymond Queneau Jeu 11 Mar - 18:48 | |
| Permettez moi de vous présenter l'un de mes auteurs de prédilection, Raymond Queneau dont le Zazie dans le métro est mon livre culte... Petite présentation de l'auteur :Raymond Queneau est né au Havre le 21 février 1903, il a grandi dans cette ville, il évoque d'ailleurs son enfance dans Chêne et Chien (1937) : Je naquis au Havre un vingt et un février En mil neuf cent et trois, Ma mère était mercière et mon père mercier : Ils trépignaient de joie.Il fait ses études à Paris, son service militaire au Maghreb, au Maroc et en Algérie. Tous ces souvenirs très personnels deviendront la matière de ses oeuvres. Il deviendra plus tard lecteur chez Gallimard. Son premier roman, Le Chiendent, paraît en 1932. Queneau se sent alors en concurrence avec Céline et son Voyage au bout de la nuit, dans le sens où c'est " le premier livre important où l'usage du français parlé ne soit pas limité au dialogue, mais aussi au narré", projet littéraire qui lui tient tout particulièrement à coeur. Par la suite, il n'aura de cesse d'exploiter cette particularité dans ces romans, cherchant toujours à se jouer de la langue, à dépasser les limites, " tout ce que je prétends, c'est écrire comme ça me plaît, selon ma petite idée". Avec Zazie dans le métro (1959), il atteint le sommet de son art (et du succès). Ce roman lui donne l'opportunité de développer ses théories sur ce qu'il appelle le "néo-français". Le critique Jean-Marie Cotonné en donne une bonne définition : " c'est un idiome assez proche du français et qui, malgré ses fautes de syntaxe, ses désaccords verbaux, ses licences argotiques, ses néologismes abscons, appartient à un registre finalement très littéraire...". J'en veux pour preuve le début de Zazie... "Doukipudonktan, se demanda Gabriel excédé. Pas possible, ils se nettoient jamais. Dans le journal, on dit qu'il y a pas onze pour cent des appartements à Paris qui ont des salles de bains, ça m'étonne pas, mais on peut se laver sans. Tous ceux-là qui m'entourent, ils doivent pas faire de grands efforts. (...)" Il est vrai que la lecture d'un roman de Raymond Queneau n'est pas une lecture habituelle, le but caché de cet auteur est de faire participer son lecteur, car " pourquoi ne demanderait-on pas un certain effort au lecteur? Il finit par être vexé de se voir si méprisamment traité, le lecteur", comme il l'explique lui-même. Raymond Queneau nous a quitté en 1976, nous laissant plusieurs romans (comme " Les Fleurs bleues", "Le Dimanche de la vie" ou encore " Pierrot mon ami"), une grande oeuvre poétique, des paroles de chansons, des essais, des articles... |
| | | Emjy Bookworm
| Sujet: Re: Raymond Queneau Jeu 11 Mar - 19:14 | |
| Merci pour ce topic, Lady Clare ! Je garde un très bon souvenir des Fleurs Bleues. Je l'ai lu au lycée et cette lecture m'a émerveillée. Je ne l'ai pas relu depuis, de peur en quelque sorte de briser le charme qui a agi il y a déjà de cela quelques années ^^ J'ai aussi lu Zazie dans le métro, qui m'a moins plû. Je suis très étonnée que cet ouvrage se trouve dans les rayons jeunesse des librairies et des bibliothèques. Pour moi, il est bien trop transgressif et crû pour qu'on l'apprécie à un si jeune âge. _________________ |
| | | Popila Bookworm
| Sujet: Re: Raymond Queneau Jeu 11 Mar - 19:26 | |
| De Queneau, je ne connais véritablement que Zazie dans le métro... J'ai vu le film petite - et mon frère me trouvait une certaine ressemblance avec le personnage qui donne son nom au film, quant au livre, je ne l'ai découvert que bien plus tard, vers l'âge de vingt ans, et je l'ai beaucoup aimé. _________________ |
| | | Miss Virginia Bookworm
| Sujet: Re: Raymond Queneau Jeu 11 Mar - 19:39 | |
| J'ai étudié les Exercices de style en prépa, et j'avais trouvé cette idée très originale. J'aime le mélange des genres : comique, burlesque, fantastique... sur un même thème. |
| | | Akina Bookworm
| Sujet: Re: Raymond Queneau Jeu 11 Mar - 19:50 | |
| Je ne connais que les Exercices de style, qui est un de mes livres favoris. C'est un bouquin d'une grande intelligence et qui me ravit à chaque fois que je l'ouvre... J'ai Zazie dans le métro dans ma PAL depuis Noël mais ... je n'arrive pas à l'ouvrir... Si quelqu'un est tenté par une lecture commune, on pourrait le lire à plusieurs, non ? |
| | | Miss Virginia Bookworm
| Sujet: Re: Raymond Queneau Jeu 11 Mar - 19:57 | |
| C'est une bonne idée!! je suis partante!! |
| | | Bonnie Delicious silence
| Sujet: Re: Raymond Queneau Ven 12 Mar - 17:50 | |
| Comme Emjy j'ai découvert Les fleurs bleues au lycée (oh, mais ce roman n'aurait-il pas été au programme de lettres du bac à la toute fin du 20ème siècle ? ) que j'avais bien aimé ... et dix ans après je repense à Cidrolin à chaque repas de cantine pas terrible : encore un de foutu ! Depuis j'ai également lu Zazie dans le métro et Le chiendent, mais ça fait déjà pas mal de temps tout ça ( d'avant que 80% de mes lectures soient "made in UK" ) Encore des idées de relectures en gros ! |
| | | Lady Clare Swoon addict
| Sujet: Re: Raymond Queneau Sam 13 Mar - 11:29 | |
| Emjy, je peux te dire que ma première lecture de Zazie a été un fiasco! j'y suis revenue par le biais du film et là j'ai eu un coup de foudre à retardement! En fait, je crois que pour ma part, je n'avais pas suffisamment capté le côté désopilant & décalé du texte. Je reviendrai dans quelques jours vous faire une petite présentation du livre et du film, j'ai cela dans mes archives... Sinon, je vous conseille vivement, si vous avez aimé Queneau, la lecture de Un rude hiver qui est une réécriture (très personnelle) de Hamlet... |
| | | Lady Clare Swoon addict
| Sujet: Re: Raymond Queneau Dim 21 Mar - 0:07 | |
| Double post pour la bonne cause, je reviens vous faire une petite présentation de ce livre que j'adore Zazie dans le métro, peut-être que cela donnera à Emjy l'envie de le relire... Zazie dans le métro est le roman qui a rendu populaire Raymond Queneau, le livre est en effet un des plus gros succès de librairie de l'année 1959. Pourtant Queneau n'en est pas à son coup d'essai, il a publié de nombreux romans, dont certains ont été adaptés au cinéma ou à la télévision ( Pierrot mon ami ou encore Le Dimanche de la vie)...C'est ce roman aussi qui va laisser dans l'imaginaire collectif une connotation iconoclaste au style de Queneau, voire humoristique, alors qu'il se défend absolument d'appartenir à cette catégorie...Son idée était d'avantage de faire de ce roman un laboratoire d'étude de la langue que de faire rire... Car Queneau veut faire dans ce livre de pertinentes recherches sur le langage, en usant notamment de ce procédé cher à Lewis Caroll, la création de "mots-valises" ou encore en écrivant les mots tels qu'on les entend au détriment de toute logique orthographique...( "Lagoçamilébou", par exemple ). L'histoire du roman est simple : une petite provinciale pré-ado, dont on comprend bien vite qu'elle n'a pas froid aux yeux, débarque pour le week end à Paris chez son oncle maternel pendant que sa maman va prendre du bon temps avec son nouvel amant... Et là, comme Emjy, je m'interroge, ce n'est sensiblement pas un roman pour enfants...d'ailleurs le langage fleuri de la jeune Zazie n'est pas à mettre sous tous les yeux, même si ce n'est pas bien méchant... Ce livre est pour moi fascinant à plus d'un titre, une première lecture nous raconte donc cette histoire de petite fille, les personnages secondaires (Marceline, Turandot, Mado P'tits-Pieds, Charles...) sont terriblement attachants...et l'intrigue s'apparente à une fable ou mieux encore, à un conte de fées (Zazie y rencontre d'ailleurs le loup qui apparait sous les traits mystérieux d'un personnage protéiforme drolatique à plus d'un titre)... Je l'ai dit en introduction, l'humour y tient aussi une grande part, mais pas seulement, une seconde lecture nous montre que Queneau pousse à l'extrême dans ses écrits le procédé littéraire de la parodie, le texte regorge de références à Shakespeare, Hugo et j'en passe...parfois, il reprend mot pour mot, parfois il parodie franchement, c'est notamment le cas du Booz endormi de Hugo... Queneau aimait à comparer ses oeuvres à des oignons dont chaque pelure en révèle un peu plus, dans ce livre, j'y ai vu une autre lecture, celle d'une étude de moeurs de la société des années 60 balbutiante, au moment de l'écriture nous sommes encore en 1958/59...Le texte débute d'ailleurs par une constatation très triviale, "il n'y a pas onze pour cent des appartements à Paris qui ont une salle de bains"... Zazie se projette dans un avenir où elle ira dans l'espace, nous sommes dans une France encore pleine d'espoir... Queneau a été un formidable observateur de son époque, d'où son attachement à l'Histoire, comme il l'a montré dans Les Fleurs Bleues en 1965. Et puis aussi, le roman est résolument moderne, voire osé pour l'époque, puisque Gabriel , l'oncle de Zazie - Spoiler:
est homosexuel,
Marceline - Spoiler:
un travesti,
Zazie est poursuivie par un pervers...sa maman est nymphomane...et Zazie est (peut-être) - Spoiler:
victime d'inceste...
Autre lecture possible, Queneau aime Paris, on la visite comme on ne pourra jamais le faire avec personne d'autre, Gabriel parodie Hamlet en haut de la Tour Eiffel (décrite d'ailleurs comme un puissant symbole phallique), la Sainte Chapelle devient un élément de fascination pour des touristes crédules, le Paris by night est poussé à son paroxysme avec spectacle de travestis et soupe à l'oignon...un bonheur de lecture... Reste encore le métro (qui est en grève à ce moment-là, ce qui frustre gravement notre héroïne) que rêve de prendre Zazie et qui symbolise Paris à lui seul, ...fait de rames et de ramifications, il couvre toute l'étendue de la ville comme une toile d'araignée, mais ce n'est pas par ce "moyen de transport éminemment parisien" comme il est écrit dans le livre que Zazie découvrira la ville, elle va la zigzaguer à pied ou en taxi, suivant inconsciemment les lettres de son prénom...et s'y perdre ...pour mieux s'y retrouver bien sûr... Sa balade dans Paris s'apparente alors à un roman d'apprentissage, genre littéraire que Queneau se plait à parodier également, d'ailleurs le livre se termine par ces mots de Zazie, "j'ai vieilli", voilà ce qu'elle retiendra de son voyage... En conclusion, je vous conseille en complément l'adaptation de Louis Malle, qui a admirablement rendu l'atmosphère si particulière du livre... et je me réjouis déjà de la lecture de groupe de juin... |
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| Sujet: Re: Raymond Queneau | |
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| | | | Raymond Queneau | |
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