Le roi Jean /
King John ou
The life and death of King John a été écrite dans les années 1590. Cette pièce relate la fin de règne du roi Jean sans terre, en lutte pour le pouvoir avec Philippe Auguste et son propre neveu Arthur.
Rappel historique très accéléré : Henry II, roi d’Angleterre et d’une partie de la France grâce à son mariage avec Aliénor d’Aquitaine a eu, entre autres, trois fils : Richard, Joffrey et John.
Richard est devenu roi et a été surnommé « Richard Cœur de Lion ». Joffrey s’est marié avec Constance de Bretagne et fut donc Duc de Bretagne. Son fils Arthur, âgé de 14 ans au moment de la pièce de théâtre, a été pendant longtemps désigné comme le successeur de Richard avant que celui-ci ne change d’avis et nomme son frère John comme héritier. Ce changement d’héritier ne convient pas du tout au roi de France Philippe Auguste.
Le roi Jean est entré dans l’Histoire sous le nom de « Jean Sans terre/ John Lackland » puisqu’il a perdu la totalité des possessions française que son père et son frère avait conquis.
La pièce:Au début de la pièce, le roi Jean, au côté de sa mère, la reine mère Alienor, reçoit un émissaire français. Celui-ci lui demande de céder le pouvoir à son neveu Arthur, ce qu’il refuse.
Il doit également départager une querelle d’héritage entre les deux fils de Lord Faulconbridge : L’ainé est considéré comme un bâtard par son frère cadet qui veut l’héritage pour lui tout seul.
Reconnaissant dans la figure du bâtard une certaine ressemblance avec Richard Cœur de Lion, Alienor propose à celui-ci (qui ne sera jamais que « le bâtard » dans la pièce) de choisir : soit l’héritage et le nom de son père, ou alors tout renoncer pour être reconnu comme bâtard du précédent roi et être fait chevalier : il choisit la seconde proposition.
Le bâtard va être très présent dans la pièce de théâtre, et va se permettre certaines paroles et actes que les autres ne peuvent faire.
Le roi Jean rencontre Philippe Auguste et le Dauphin. Ces derniers soutiennent le jeune Arthur comme héritier et veulent lui faire épouser Blanche de Castille, nièce du roi Jean (sa mère est la sœur du roi)
Croyant pouvoir amoindrir les prétentions d’Arthur au pouvoir, le roi Jean propose que sa nièce se marie plutôt avec le dauphin (futur Louis VIII) et lui donne ainsi plusieurs territoires français. Philippe Auguste, qui a pourtant fait de grandes promesses à la veuve de Joffrey, accepte.
L’une des scènes les plus forte est celle qui suit, lorsque Constante de Bretagne, mère d’Arthur, apprend non seulement que Philippe Auguste ne soutient plus son fils, mais que celui-ci a été capturé par les Anglais.
Constance s’arrache les cheveux devant Philippe Auguste «
Je ne suis pas folle ! Ces cheveux que j’arrache sont à moi ; mon nom est Constance, et j’étais la femme de Joffrey ; Arthur est mon fils, et il est perdu. Je ne suis pas folle, plût au ciel que je le fusse ! Car alors il est probable que je m’oublierais moi-même (..) Oh ! Sui ces mains pouvaient affranchir mon fils comme elles rendent à ces cheveux leur liberté ! »
Il faut comprendre que la scène précédente ne laisse que peu de chance de survie à son fils.
Le roi Jean : Hubert, jette les yeux sur ce jeune garçon : je te le dirai, mon ami, c’est un vrai serpent sur mon chemin : partout où je pose mon pied, il est là, rampant devant moi. Me comprends-tu ? Tu es son gardien
Hubert : Et je le garderais si bien qu’il ne fera plus mal à Votre Majesté
Le roi Jean : La mort !
Hubert : Monseigneur !
Le roi Jean : Une tombe !
Hubert : Il ne vivra pas.La pièce
Le roi Jean me paraît avoir trop de thèmes : excommunication du roi Jean, allégeance soudaine de Philippe Auguste au Pape, guerre en Autriche, invasion des troupes française en Angleterre etc…, cependant les scènes intimistes sont très réussies.
L’une des scènes majeures est celle où Hubert entre dans le cachot où est détenu le jeune Arthur pour le tuer.
Arthur, qui ne se méfie pas de lui, commence à lui parler calmement et gentiment, semble à un moment résigner à sa mort et promet de ne pas se débattre. Hubert, ému, change d’avis mais proclame sa mort. Cette annonce écœure le peuple anglais qui commence à se retourner contre le roi Jean (qui bien sur blâme Hubert, prétendant n’avoir jamais demandé la mort du jeune duc).
Alors que le roi Jean semble regagner des forces en apprenant qu’Arthur n’a pas été assassiné, celui-ci s’échappe de son cachot et se tue en tombant.
Accablé, malade, encerclé par les troupes française, le roi Jean se rend dans un monastère où il est empoisonné par un moine. Il se meurt en présence du bâtard et de son fils, le futur Henry III.
J’ai bien aimé cette pièce de théâtre qui ne semble pas être la plus connue des œuvres de Shakespeare. Elle m’a paru un peu confuse en ce qui concerne les combats et les invasions diverses, mais les dialogues entre les personnages sont intéressants et vivants, il y a peu de monologues (s’il y en a, ils sont du bâtard) et les personnages principaux : Le roi Jean, le bâtard, Arthur, Constance, Philippe Auguste et le Dauphin ont de la profondeur.
Et vous, connaissez-vous cette pièce de théâtre ?