Hamlet de Kenneth Branagh

J’ouvre un topic sur l’une des adaptations de Shakespeare l’a plus souvent cité comme étant « la meilleure adaptation d’Hamlet » et également une des meilleures adaptations de Shakespeare avec le Henry V de Kenneth Branagh.

Citation :

Petit résumé pour ceux qui n’ont jamais entendu parler d’Hamlet : Hamlet, prince danois, ne se remet pas de la mort soudaine de son père, le roi du Danemark. Il se remet encore moins bien du remariage très hâtif de sa mère, la reine, avec son beau-frère Claudius qui devient roi à ses côtés. Et puis tout se complique lorsqu’Hamlet voit le spectre de son père qui lui révèle qu’il a été assassiné par son propre frère.
Afin de ne pas éveiller les soupçons, Hamlet feint la folie légère, écarte Ophélie, la jeune femme qu’il aime , et prépare sa vengeance. Et pendant ce temps-là, personne ne se soucie trop du prince héritier de Norvège, Fortinbras, qui s’approche petit à petit …

La version de Kenneth Branagh est la première adaptation de la totalité d’Hamlet, sans aucune coupure, abréviation ou ellipse. Le film dure 4h02 et est captivant, sans temps mort, et se regarde d’une traite.
Cela commence par une apparition, cela est  suivi d’une somptueuse célébration du mariage de la reine avec son nouveau mari, son beau-frère. Et cela finira dans le sang…
La présence d’Hamlet au mariage de sa mère fait tache. Alors que tout le monde est joyeux, virevoltant et vêtu de rouge écarlate – Hamlet, vétu de noir, apparait déprimé et plus tard profondément dégouté par ce mariage qui lui fait dire que « Les viandes cuites pour les funérailles ont été servies froides sur les tables du mariage ».
Cette scène est d’une grande beauté visuelle. Tournée à Blenheim, somptueux château du duc de Malborough, dans une salle de réception tapissée de miroirs et pavés de noir et blanc, elle montre dès le début l’antagonisme entre Hamlet et son nouveau beau-père.
Dès le début du film, Kenneth Branagh casse le rythme des très nombreux monologues de la pièce en montrant ses émotions, son désarroi, en rageant et en prenant souvent comme témoin son seul ami Horatio.
il faut l’avouer, Hamlet s’écoute parler, tergiverse pendant des lustres avant d’agir, et le fait que Kenneth Brannagh montre si bien ses sentiments en les déclamant/murmurant/hurlant est une idée de génie.
De même, l’apparition du spectre de son père, tout de bruit et de fureur, est marquante déstabilisante.
Tous les personnages de Hamlet sont joué à la perfection, même si un tout petit bémol sur Julie Christie en Gertrude qui ne me plait pas vraiment. Derek Jacobi joue un Claudius subtile.
Très amoureux de sa femme et de sa nouvelle position (il faut l’entendre dire « we » en parlant de lui), il se méfie à juste titre de son neveu et cherche par tous les moyens à savoir ce qu’il mijote, et ce en lui envoyant deux amis Rosencrantz et Guildenstern . Il est tout de même humain et est quelque fois rongé par le remord.

Kate Winslet joue une jeune Ophélie avec beaucoup de subtilité. Jouant l’innocente devant son père, le très brusque Polonius lorsqu’il lui parle des intentions d’Hamlet  - les flash-back la montre très clairement maitresse d’Hamlet -  elle est néanmoins obéissante à son père et à son frère Laertes, ce qui ,combiné au comportement d’Hamlet, vont l’amener à la folie. La scène avec Hamlet lors du fameux « to  be or not to be » puis celle en camisole de force  sont glaçantes.

Alors que le défilé de star aurait pu gêner le film, il n’en est rien. Même Billy Crystal en creuseur de tombe reste sobre, tout comme Robin Williams dans un petit rôle porté en dérision. L’apparition de John Gielgud qui a tant joué Hamlet au théatre est un très bel hommage.
Deux personnages se détache à part Hamlet : Horatio, meilleur ami d’Hamlet, le seul digne de confiance, qui, même silencieux, soutient son ami dans sa folie et  Laertes qui sera malheureusement manipulé par Claudius.

L’usage des flash back et scènes extérieurs apportent du souffle à un drame qui aurait pu étouffer entre deux pièces.
Les flash back d’Hamlet et d’Ophelie sont lumineux et tendres. L’assassinat du roi du Danemark est filmé sans paroles.
L’arrivé du jeune Fortinbras (Rufus Sewell) sur la terre du Danemark est une superbe scène. Il semble seul sur son cheval, en route vers la Pologne. Dans la brume, derrière lui, son armée avance vers le Danemark.
Certaines scènes sont filmés de façons très imaginative, surtout la fameuse scène du To be or not to be, filmé  dans la salle de réception, face à une dizaine de miroirs dont certains sont sans tain. Claudius et Polonius regardent, Ophelie va être détruite.
De même, la scène où Hamlet s’imagine tuant son oncle est surprenante.

Et puis il y a la fin dont je ne parlerais pas trop pour ne pas tout dévoiler, mais qui comporte le duel à l’épée entre Laertes et Hamlet.

Hamlet est un superbe film qui, malgré sa durée, fait oublier la longueur de la pièce de théatre.
Et vous, connaissez-vous cette adaptation?

Merci pour cette magnifique présentation   

J'ai vu cette adaptation l'an dernier, mais j'ai appris des choses dans ton billet comme le lieu de tournage.

Je suis d'accord avec toi la réalisation est magnifique et le casting 5 étoiles ne vient en aucun cas éclipser la pièce, bien au contraire, chaque acteur donne à chaque rôle une importance, notamment dans les rôles secondaires où ils sont plus marquants quand on connait déjà l'acteur.
Mais comme tu le dis tous s'effacent derrière leur rôle (notamment les acteurs réputés comiques) et livrent une magnifique performance.

L'utilisation des couleurs tient une grande place dans les films de Kenneth Branagh et cette opposition entre le noir et le blanc est très frappante.

Par contre, j'ai été moins séduite par les flashs-backs, notamment ceux où l'on voit Hamlet et Ophélie au lit, parce que justement dans la pièce, s'est laissé à l'imagination.

Pour ma part, je n'ai pas réussi à regarder les 4 heures à la suite !

Mais ton billet me donne envie de la revoir à nouveau !

Shelbylee a écrit:

L'utilisation des couleurs tient une grande place dans les films de Kenneth Branagh et cette opposition entre le noir et le blanc est très frappante.
Par contre, j'ai été moins séduite par les flashs-backs, notamment ceux où l'on voit Hamlet et Ophélie au lit, parce que justement dans la pièce, s'est laissé à l'imagination.
Pour ma part, je n'ai pas réussi à regarder les 4 heures à la suite !

C'est justement les flash back sur Ophélie et Hamlet qui me plaisent le plus et qui ont le plus d'intérêt pour moi. Ces scènes sont filmées avec beaucoup de tendresse et montre le couple très heureux. Cela permet de comprendre pourquoi l'attitude d'Hamlet ensuite détruit totalement Ophélie.

L'utilisation des couleurs de vêtements est remarquable, avec une continuité dans les tenues du roi: rouge ou vert foncée, la tunique de Polonius est toujours la même, et Hamlet porte pendant presque tout le film le deuil de son père.
Pour les 4heures, c'est effectivement très long et rien n'interdit un ou plusieurs entractes    Regarder la version abrégée serait dommage, on perd beaucoup trop de choses.

Merci pour cette belle présentation, Diana   
Je n'ai pas encore vu ce film, j'espère pouvoir y remédier très bientôt. Par contre, je ne savais pas qu'il durait plus de 4 heures (bon, en même temps, ça ne me refroidit pas plus que ça, je le regarderai en plusieurs fois si besoin est ...)

Emjy a écrit:

Merci pour cette belle présentation, Diana   
Je n'ai pas encore vu ce film, j'espère pouvoir y remédier très bientôt. Par contre, je ne savais pas qu'il durait plus de 4 ans (bon, en même temps, ça ne me refroidit pas plus que ça, je le regarderai en plusieurs fois si besoin est ...)

Kenneth Branagh a également diffusé une version de 2 heures , mais bon, ces 4 heures (et pas 4 ans   ) passent très vite et permettent de faire plus ample connaissance avec la pièce.
J'espère qu'il te plaira  

Oui 4 heures et pas 4 ans.   Je louerai le DVD en espérant qu'il proposera la version longue ...

Je salue ton abnégation Emjy vu que tu étais prête à donner 4 ans de ta vie à Hamlet   

A ma connaissance, il n'y a eu qu'une version du dvd qui est sortie donc tu devrais avoir dessus la version longue.
Je suis d'accord avec Diana, il vaut mieux regarder la version longue (je n'ai d'ailleurs jamais vu la version abrégée).

Je vais publier mon billet ce weekend je pense sur la pièce, mais j'ai été très déçue par le personnage d'Ophélie à ma lecture. Grande héroïne romantique dans la peinture, je m'attendais à un personnage exaltant. Et puis, non. Et donc, je ne l'aime pas beaucoup en fait, ce qui explique ma réticence face aux scènes d'amour car je n'ai pas eu l'impression à ma lecture qu'ils aient été amoureux, tout du moins pas elle.
D'ailleurs, c'est tout ce que j'aime dans la pièce : les nombreuses énigmes qui ne sont pas résolues quand on a fini de la lire et les personnages qui conservent tous leurs mystères !

Ca me donne envie de la relire   

Merci pour cette belle présentation! J'essaierai de voir ce film.

Shelbylee a écrit:

Je vais publier mon billet ce weekend je pense sur la pièce, mais j'ai été très déçue par le personnage d'Ophélie à ma lecture. Grande héroïne romantique dans la peinture, je m'attendais à un personnage exaltant. Et puis, non. Et donc, je ne l'aime pas beaucoup en fait, ce qui explique ma réticence face aux scènes d'amour car je n'ai pas eu l'impression à ma lecture qu'ils aient été amoureux, tout du moins pas elle.
D'ailleurs, c'est tout ce que j'aime dans la pièce : les nombreuses énigmes qui ne sont pas résolues quand on a fini de la lire et les personnages qui conservent tous leurs mystères !
Ca me donne envie de la relire   

Je suis d'accord sur un point, Ophelie ne m'a pas du tout marquée quand j'ai lu la pièce. Elle est, après tout, une jeune femme obeissante à son père (il est pas très commode le Polonius du film   ), à son frère, et elle ne cherche pas vraiment à comprendre Hamlet quand celui-ci tombe dans la folie simulée.
Dans le film, Kate Winslet rend le rôle plus intéressant, notamment dans la scène du To be or not to be et dans les scènes suivantes.

Revoir le film m'a donné envie de le relire également 

Je suis d'accord avec ce que tu écris sur Ophélie. Mais quand j'ai vu le film, je venais juste de lire la pièce et j'étais encore énervée contre elle   

Je n'ai pas pu résister, j'ai relu le début hier soir...

Je n'ai vu que le début et j'avoue que je n'ai pas du tout accroché. Il faudrait que je réessaie, mais j'avais pas été convaincue par Brannagh dans le rôle d'Hamlet.

Je suis contente d'avoir pu voir cette pièce de K Brannagh, je n'ai pas pris l'option 4h d'affilé,
j'ai d'abord lu les trois premiers actes, puis regardé le début de l'adaptation (2h environ) et ensuite terminé ma lecture d'Hamlet et vu la fin.

Au risque de me répéter sur K Winslet, elle est absolument à coupé le souffle dans le rôle d'Ophélie au début de l'acte 4,

Spoiler:

La représentation théâtrale est également un des moments clés de la pièce (mon passage préféré car sinon je crois que la cours du Danemark me serait d'un ennui mortel!) et à la lecture je ne me l'imaginais pas comme cela.

Pour ce qui est de K Brannagh, les monologues sont loin d'être ennuyeux et c'est bien là ou je lui tire mon chapeau car j'ai toujours botté en touche Shakespeare à cause de cela
Les jeux de miroirs dans le film rendus possible grâce au lieu de tournage servent également la pièce, notamment un face à face entre Hamlet et Ophélie dans l'acte 4.

Je n'ai pas reconnu Rufus Sewell   

En tout cas, j'aimerai bien poursuivre ma découverte de Shakespeare de la même façon en alternant les adaptations et les lectures des pièces.

J'ai ce dvd dans ma PAV depuis des années, il faut que je m'y mette !

Constance a écrit:

Pour ce qui est de K Brannagh, les monologues sont loin d'être ennuyeux et c'est bien là ou je lui tire mon chapeau car j'ai toujours botté en touche Shakespeare à cause de cela
Les jeux de miroirs dans le film rendus possible grâce au lieu de tournage servent également la pièce, notamment un face à face entre Hamlet et Ophélie dans l'acte 4.

C'est ce que je trouve remarquable dans ce film, car la pièce de théatre est pleine de très (et trop long?) monologues, et Kenneth Branagh, en bougeant et  parlant devant des miroirs ou à lui-même les rend courts et intéressants.
Il ne déclame jamais.
L'importance du miroir dans la scène To be or not to be est bluffante.
Kate Winslet m'a beaucoup impressionnée dans son rôle car il est court mais marquant.