La vie de
Charles II d’Angleterre est présentée en quatre épisodes de 60 minutes de son exil à Anvers en 1658 à sa mort en 1685. Le sous-titre de la série est le pouvoir et la passion. Le réalisateur est
Joe Wright.
Charles II (Rufus Sewell) revient en Angleterre suite à la mort de Cromwell. Il doit composer avec le
Parlement avec qui il partage le pouvoir, condition essentielle de son retour. J’ai trouvé cette opposition très intéressante. Charles II voit cela comme une situation temporaire et un moyen d’obtenir des fonds. Cette opposition politique se double d’une opposition religieuse puisque les conflits entre catholiques et protestants sont toujours d’actualité, même au sein de la famille royale puisque Charles est protestant tandis que son frère James (futur James II/ Jacques II est catholique). Les parlementaires vont même aller jusqu'à tenter d'empêcher James d'hériter du trône.
Mais, la passion prend une part importante dans cette série et, comme beaucoup de séries historiques dernièrement, on a le droit à de trop nombreuses parties de jambes en l’air. Certes, Charles II est très connu pour ses conquêtes ainsi que pour le côté très libéré de sa cour mais cet aspect prend à mon avis beaucoup trop de place, pour pas grand-chose.
Même si je ne connais pas assez l’histoire de l’Angleterre pour juger de la fidélité de la série aux événements, il y a quand même certains aspects qui m’ont fait plus que tiquer. Tout d’abord, le personnage de la maîtresse du roi,
lady Barbara Palmer, née Villiers, comtesse de Castlemaine
(Helen McCrory) est présentée comme le sont souvent les maîtresses royales, c’est-à-dire comme étant une froide calculatrice qui contrôle tout ce qu’il se passe dans le lit de Charles II, qui menace de tuer son enfant si Charles ne le reconnaît pas, qui va jusqu’à coucher avec son fils (celui de Charles) pour le rendre jaloux et qui va jusqu’à goûter un cadavre espérant ainsi trouver un moyen d’accéder à la jeunesse éternelle (d’après ce que j’ai compris). Certains aspects sont sans doute véridiques (le côté calculateur), mais on voit bien une tendance à l’exagération et à la volonté de mettre en avant la légende noire. Par exemple, on voit Monsieur (frère de Louis XIV) violer sa femme Henriette d’Angleterre, puis on la voit être empoisonnée (hypothèse plus que décriée aujourd’hui).
J’ai aussi regretté que l’on passe un peu vite sur deux événements essentiels : la Grande peste et surtout le grand incendie de Londres en 1666 (sans doute par faute de moyens).
Mais, il y a tout de même des éléments qui rendent cette série digne d’intérêt. Tout d’abord, comme à son habitude, Joe Wright, nous offre une
mise en scène soignée et de très jolis plans. Les costumes ont été très travaillés et sont magnifiques. Par exemple, la coiffure de la reine Catherine de Bragance semble directement sortie d’un tableau de Vélasquez. On peut aussi observer l’évolution de la mode : au départ, Charles a toujours sa chevelure naturelle, mais il va succomber à la mode des perruques et de la moustache.
J’ai aussi beaucoup aimé la façon dont était présenté Charles II puisque malgré sa vie qui apparaît comme très dissolue, il va rester fidèle à certains de ses principes : il ne va jamais divorcer malgré le fait que sa femme soit devenue stérile et il protège son frère, catholique, et repousse la conspiration de son propre fils (bâtard, mais protestant), par respect de la dignité royale.
Le portrait de la reine
Catherine de Bragance (Shirley Henderson) est très touchant. On sent bien toute la solitude qu’elle peut éprouver en arrivant dans un pays dont elle ne connaît pas la langue (c’est une très bonne idée de nous l’avoir présentée parlant en portugais sans sous-titre ce qui fait que nous ne la comprenons pas non plus). Elle est constamment humiliée par la présence des maîtresses royales, mais malgré cela, le roi lui témoigne quand même soutien et tendresse et ne l’a jamais abandonnée, même quand sa position a été fortement compromise vu qu’elle lui a pas donné d’héritier.
A noter qu'on retrouve les excellents
Lestrade et Watson Rupert Graves (le duc de Buckingham, fils de celui que l'on voit chez Dumas) et
Martin Freeman tout emperruqué...et évidemment excellents dans leurs rôles de conseillers du roi.
Malgré quelques maladresses et un aspect un peu trop romancé, cette série vaut le coup d’œil pour sa mise en scène et le jeu de ses acteurs. De plus, elle permet de découvrir ce succinctement la période de la
Restauration.
L'avez-vous vue ?