"Même en fuyant l'on est pris ;
Ce qui me donne la vie me cause la mort ;
Les deux n'en font qu'un ;
Ainsi puis-je mourir..." Maxime gravée sur le linteau de la cheminée du château de Tourlaville.
Gabrielle Dancel, écrivain, revient de sa lune de miel avec Philip Sedley. Ils emménagent dans le
château de Tourlaville, demeure qui a connu bien des drames au cours des siècles, notamment celui de
Julien et Marguerite de Ravelet dont Gabrielle décide d'écrire l'histoire. Mais rapidement Gabrielle découvre que son mari lui a caché bien des secrets...
Ce que j'ai le plus apprécié dans le livre, c'est
l'ambiance étouffante que met en place Viviane Moore. Gabrielle est une jeune femme qui s'est mariée rapidement (un mois après sa rencontre avec son mari). Elle a toujours aimé ce château de Tourlaville et a rêvé d'y habiter. Son mariage lui semble un conte de fées dans les premiers temps, mais quand elle emménage dans le château, elle découvre que son mari emploie une inquiétante gouvernante ainsi que bon nombre de domestiques. Elle apprend aussi qu'ils vont faire chambre à part (alors qu'ils vivent au début du XXIe siècle). La demeure l'angoisse, surtout quand elle se retrouve seule la nuit avec ses craquements. Tous ces éléments m'ont fait penser à
Rebecca de Daphné Du Maurier (que je n'ai pas lu).
Gabrielle tente de passer au-dessus de tous ses éléments et de s'adapter, surtout qu'elle-même cache bon nombre de secrets à son mari. Elle se plonge dans l'écriture de l'histoire (véridique) de Julien et Marguerite de Ravelet qui ont vécu sous
Henri IV et dont l'histoire va peu à peu sembler faire cruellement écho à la vie de Gabrielle. Devient-elle paranoïaque ou bien son mari est-il vraiment un homme dangereux ?
Au début du roman, les éléments sont un peu longs à se mettre en place, mais rapidement nous sommes plongés dans 2 histoires que l'on n'a plus du tout envie de lâcher avant de connaître le dénouement final de chacune d'entre elles [et même quand on le connaît (je savais comment cela se finissait pour Julien et Marguerite)].
J'ai aimé la finesse de l'auteure sur un sujet extrêmement glissant (l'inceste). Elle ne condamne jamais les sentiments de Julien et surtout ceux de Marguerite (sans les approuver bien évidemment), mais s'en sert pour évoquer le destin de cruel de cette jeune fille (mariée à 13 ans à un homme qui la battait) et sauvée de cette emprise à 16 ans par son frère. On comprend qu'elle puisse éprouver des sentiments extrêmement intenses pour lui qu'elle niera d'ailleurs avec force. Leur destin est vraiment émouvant et a déjà inspiré Barbey D'Aurevilly.
J'ai aussi aimé les nombreuses références à la littérature que ce soit celle du XVIe siècle
Amadis de Gaule ou bien une très belle allusion au
Horla de Maupassant, ainsi que des références plus contemporaines.
Connaissez-vous le château de Tourlaville ? Ou bien l'histoire de Julien et Marguerite ?