J'ai lu ce week-end un recueil de nouvelles intitulé
De Brocéliande en Avalon, nouvelles regroupant des auteurs français et anglophones, réunis par Lucie Chenu. Comme dans tout recueil, en particulier ceux regroupant des auteurs différents (dont la plupart m'étaient inconnus), il y a du bon et du moins bon, et j'ai un avis assez mitigé.
En fait, ça commence très mal. La première nouvelle est d'une platitude repoussante : un écrivain désabusé par le show biz parisien part se ressourcer à la campagne, et va, bien sûr, en Brocéliande où ... Vous devinez la suite ... C'est un ramassis de clichés, tant dans l'histoire (oh, la belle femme blonde qui l'initie aux mystères (sexuels) de la forêt et qui se trouve être une réincarnation de ...), que sur le style (à base de "la Bretagne et ses senteurs océanes" (en pays de Rennes, mais oui bien sûr)). J'ai vraiment cru que j'allais abandonner là, mais j'ai donné sa chance à l'auteur suivant et je ne l'ai pas regretté.
Globalement, les autres nouvelles sont toutes de bonne facture, certaines meilleures que d'autres. Comme je n'ai pas le livre à côté, je vais surtout parler de celles qui m'ont marquée. L'une (
Lancelot aux Enfers, d'Adam Roy) imagine que Lancelot débarque dans le monde moderne, à la poursuite de Guenièvre, enlevée par un Chevalier Noir. Outre l'incongruité de voir un chevalier mythique se balader en Bretagne, l'introduction des personnages d'X-files au milieu de tout cela m'a beaucoup fait rire.
J'ai aussi apprécié
Locataires découpés, de Rachel Tanner, qui s'intéresse à un immeuble vendu à la découpe - sauf que Morgane, vieillie et devenue astrologue, est une des locataires (plus on avance et plus l'histoire est tirée par les cheveux ...).
L'île Close, de Lionel Davoust, est l'une de mes deux préférées : l'auteur s'intéresse à la Geste arthurienne en tant qu'histoire sans cesse dite et redite, jouée et rejouée, modifiée, arrangée : qu'est ce que cela fait d'en être un des protagonistes, d'être Arthur mourant sans cesse de la main de Mordred, etc ? Comment peut-on se sortir de ce cercle infernal ?
Mon autre préférée est
Fort 53, de Pierre Bordage, qui transpose la Quête du Graal dans une guerre de tranchée moderne, entre les Européens menés par Arthur et un autre peuple, en face, mystérieux et inatteignable.
Il y a également
L'homme de quarante ans et les dames d'argent, de Megan Lindholm/Robin Hobb, que j'avais déjà lu dans
The Inheritance.
Près du Mur, de Deirdre Laurin, revisite l'amour interdit entre Arthur et Morgane dans une ambiance de Berlin pendant la Guerre Froide. J'ai beaucoup aimé
Owein, de Nathalie Dau, sur le moment, mais je ne m'en rappelle plus du tout maintenant. Et j'ai été un peu déçue (mais j'en attendais tellement !) par celle de Léa Silhol,
Désaccordé (Tuned in Dagdad), qui imagine Galaad devenu rock-star, se faire approcher par Perceval pour reprendre la quête.