Trois lumières de Claire Keegan

J'ai lu il y a quelque temps déjà Les trois lumières de Claire Keegan, et j'ai été éblouie par le style de cet auteur irlandais.

Une petite fille est recueillie pour l'été par un couple de vieux paysans, car ses parents qui ont en charge une famille nombreuse manquent d'argent. Alors que ses parents lui prêtent peu d'attention, elle va découvrir ce que c'est auprès de cette famille dont la maison est emplie de tendresse.

J'ai beaucoup aimé les descriptions du quotidien et de la campagne irlandaise.

Le style de l'auteur est lumineux, nostalgique, tendre et poétique à la fois. L'écriture est simple et fluide, mais magnifique. Il aborde avec finesse des thèmes graves (misère, alcoolisme...) qui restent implicites.

On l'a offert à ma mère il y a quelques mois... et du coup, il est sur ma PAL depuis un bon bout de temps.

C'est un court roman qui se lit assez vite, mais c'est un petit bijou.

Miss Virginia, c'est une bonne idée d'évoquer cette auteure, J'ai lu également ce court roman, sans être sure d'avoir vraiment bien appréhendé son contenu, L'histoire est très belle, et l'écriture proche de la poésie, et c'est un roman qui fait vraiment appel aux sens, un peu comme lorsqu'on regarde une photo, ou un tableau et qu'on se laisse gagner par l'émotion.

Cette histoire m'a rappelé La colline aux gentianes d'Elizabeth Goudge, ou j'ai peut être fait le rapprochement uniquement parce que je les ai lu successivement cependant E Goudge est peut être plus explicite, elle prend la temps de décrire la nature des choses, Keegan préfère laisser le lecteur en suspens, le laisser imaginer.

Elle a publié un autre recueil de nouvelles et un roman L'antarctique. Je ne sais pas si tu es tentée par d'autres lectures, j'ai lu pas mal d'avis très favorables j'espère que d'autres personnes seront tentés par la lecture des Trois Lumières, c'est une lecture qui rappelle l'enfance et fait appel à nos souvenirs, et en ce qui me concerne ça fait partie des lectures un peu intimes et personnelles, touchantes par forcément par l'histoire qu'elle raconte mais par la manière, dont la simplicité de la vie est évoquée.

J'ai toujours l'impression qu'il existe une Irish touch chez les romancières Irlandaises.

Oui j'aimerais découvrir d'autres titres de cet auteur, mais je ne sais pas sur quoi enchaîner...
En tout cas, tu me donnes envie de découvrir La colline aux gentianes de Goudge.

Trois lumières

Un homme conduit sa fille chez les Kinsella, des fermiers du Wexbridge. Il s'agit de soulager la mère, de nouveau enceinte, et qui doit gérer sa famille nombreuse et la ferme. A l'arrivée, on sent bien quelques tensions inexpliquées entre le "couple d'accueil" et le père. Celui-ci repart en oubliant la valise de l'enfant dans son coffre...

Je n'ai pas envie d'en dire beaucoup plus... Ce récit, très court, raconté à hauteur d'enfant, m'a bouleversée, je l'ai terminé avec de grosses larmes qui ont jailli dans les trois dernières pages. Et pourtant, tout est ici en retenue, dans le non-dit. Il suffit de se laisser conduire par cette petite fille (dont on ne connaît le prénom que bien tard), qui découvre un mode de vie radicalement différent de celui de sa famille, qui se laisse apprivoiser par John et Edna. Elle est déstabilisée par le changement, dont on ne lui a rien dit ou presque, elle voudrait se raccrocher à ce qu'elle connaît de la vie de famille, mais elle se laisse doucement entrer dans la chaleur du couple. Car, comme l'a remarqué Edna, elle "a juste besoin d'attention". Au fil du temps, dans cette maison lumineuse, ordonnée, un secret va faire surface, une blessure encore vive.

Il y a quelques semaines, je râlais sur le titre La délicatesse (David Foenkinos), n'appréciant pas des situations qui me paraissaient artificielles. Eh bien, quand j'ai refermé ce livre, je me suis dit avoir touché du doigt la vraie délicatesse : nourrie de simplicité, ancrée dans un réel ordinaire, quotidien, dans une vraie attention à l'autre, qu'il soit adulte ou enfant. A travers les yeux de cette enfant, nous redécouvrons le plaisir de tirer un seau d'eau claire du puits, sentir l'odeur de la tarte à la rhubarbe juste sortie du four, se laisser coiffer, enfiler des vêtements propres... Et si les sentiments ne sont pas exprimés verbalement ici, sans doute parce qu'on n'en a pas l'habitude, ou que cela ne se fait pas, ils affleurent au fil de l'écriture limpide, douce et légère, de Claire Keegan.

Un petit bijou, une petite lumière irlandaise, conseillée par les libraires de chez Tirloy à Lille, dans leurs coups de coeur pour l'été.

"Les champs de Kinsella sont larges et plats, divisés en bandes avec des clôtures électriques qu'elle me dit de ne pas toucher, sauf si je veux recevoir une décharge. Quand le vent souffle, des zones d'herbe haute se courbent, prennent des reflets argentés. Sur une bande de terrain, de grandes vaches frisonnes broutent tout autour de nous, tranquilles. Certaines lèvent la tête à notre passage mais aucune ne s'éloigne. Elles ont des pis gonflés de lait et de longs trayons. Je les entends arracher l'herbe à la racine. La brise, qui frôle le bord du seau, chuchote pendant que nous marchons. Nous ne parlons pas ni l'une ni l'autre, comme les gens se taisent parfois quand ils sont heureux. Dès que cette pensée me vient, je m'aperçois que le contraire est vrai aussi. Nous escaladons un escalier et suivons un sentier sec creusé dans l'herbe. Le sentier serpente dans un champ allongé que de papillons blancs rapides effleurent, et nous arrivons près d'un portillon métallique où des marches en pierre descendent vers un puits. La femme laisse le seau dans l'herbe et descend avec moi." (p. 30)

J'ai dévoré le court roman Les trois lumières et j'ai été éblouie par la façon dont l'auteure rend un récit si simple aussi vibrant avec une économie de moyens. Claire Keegan décrit ces quelques mois chez les Kinsella avec beaucoup de poésie et d'émotion. La fillette s’épanouit tranquillement grâce à l'attention de ces parents d'adoption temporaires. J'ai été très émue par les révélations finales sur le couple et le drame qui les a frappés. Tout le récit tend vers cette découverte et le lecteur ne peut qu'admirer la réaction de la petite héroïne car nous sommes aussi choqués qu'elle par les soupçons qui pèsent sur eux. La romancière pèse avec talent tout ce qu'il faut de non-dits et de suggestions. Ce court livre est une vraie perle.   

Merci pour ton avis Summerday! Et je suis bien d'accord, c'est une vraie perle!

J'ai été un peu déstabilisée au départ par ce roman car on est directement plongé dans l'intrigue, sans préambule ni présentation un peu détaillée de l'héroïne, sa famille... On découvre tout par petites touches au fil des pages. Autre petit élément qui m'a un peu perturbé : le manque d'informations sur l'époque où se déroule le récit. On a quelques petits indices (comme le fait que le père de l'héroïne et M. Kinsella aient des voitures) qui nous permettent de situer grosso modo l'intrigue dans les années 50-60 mais c'est tout, ce roman pourrait se passer de nos jours comme au siècle dernier.

Mais en fait, on découvre très vite que Les Trois lumières est un roman pour lequel on doit lâcher prise et se laisser porter par les mots de Claire Keegan. Et là on découvre petit à petit l'intrigue, les secrets que cachent les personnages, la vie de cette petite communauté rurale de l'Irlande... C'est très touchant de voir progressivement la jeune fille et les Kinsella s'ouvrir l'un a l'autre au fur et à mesure que les jours passent et voir naître entre eux une belle relation, rendue encore plus émouvante quand on apprend le secret des Kinsella. Les dernières pages le sont encore plus et on referme ce roman en se disant que décidément Claire Keegan est une autrice très douée : en peu de pages (le roman en fait tout juste 100), elle parvient à tisser une très belle histoire et nous donner un portrait saisissant de l'Irlande rurale.

Du coup, malgré un début un peu compliqué j'ai énormément aimé ce roman et je ne m'arrêterais pas là dans ma découverte des écrits de Claire Keegan !

Très joli roman, tout en délicatesse. Très touchant…

Spoiler:

Le fait qu’on ne sache pas quand, qui etc… ne m’a pas dérangé. Je recommande aussi ce court roman!