Revelation Space - Alastair Reynolds

Une fois n'est pas coutume, je vous propose de faire une petite plongée dans notre futur, dans un roman de science fiction que j'ai trouvé particulièrement époustouflant.


Alastair Reynolds est un auteur britannique, titulaire d'une thèse d'astronomie, qui s'est reconverti dans l'écriture de romans de science fiction.

Revelation Space est son premier roman, que je qualifierait de brillant, ce en quoi je ne suis pas isolé car il s'agit de l'avis d'une bonne part de la critique spécialisée.

L'intrigue débute sur Resurgam, planète peu hospitalière sur laquelle une expédition archéologique guidée par Dan Sylveste tente de percer les secrets d'une civilisation dont la brutale extinction a eu lieu plusieurs milliers auparavant: les Amarantins.

En parallèle, nous abordons le Nostalgia for Infinity, un light-hugger, c'est à dire un vaisseau spatial monumental dont la spécificité est de se déplacer une fraction moins vite que la vitesse de la lumière (petite atmosphère à la Alien 1 dans cette immense cathédrale de métal et de technologie habitée de 3 à 4 humains uniquement). L'officier d'artillerie du Nostalgia for Infinity est devenu fou et déblatère à propos d'un "Sun Eater" qui pourrait bien avoir quelque chose à voir avec la cause de la disparition des Amarantins.

Bien sur les chemins de Sylveste et du Nostalgia for Infinity se croiseront au fur et à mesure que le mystère se déroule.

C'est un roman que j'ai trouvé époustouflant. L'intrigue met un peu de temps à débuter mais passé un certain point on est totalement happé par sa puissance. Il y a là quelque chose de profondément impressionnant et j'irai jusqu'à dire vertigineux. Passé le quart du roman, l'intrigue et notamment le mystère se dévoilent à un train d'enfer mais chaque révélation entraine de nouvelles questions tout aussi intrigantes, le tout conduisant à la mise en place d'une véritable cathédrale dramatique.

Le roman n'est pas dénué d'une certaine poésie, notamment liée à l'ambiance très particulière qui règne dans le Nostalgie for Infinity (très joli nom d'ailleurs). Au fur et à mesure que l'intrigue avance, les personnages, dont aucun ne paraît réellement sympathique au départ, se révèlent de plus en plus, permettant de créer une certaine empathie entre eux et le lecteur. Ce n'est toutefois pas ce qui fait l'intérêt du roman. Ce qui est ici passionnant c'est le monde créé et le développement de cette intrigue de haute volée.

Il faut toutefois noter qu'il s'agit d'un pur roman de Hard SF, c'est à dire qu'il s'agit d'un roman de SF matheuse que l'on pourrait qualifier d'aride. Reynolds prend bien soin de présenter la crédibilité de tous les concepts scientifiques qu'il utilise et qui, s'il les pousse loin, n'en sont pas moins des pistes crédibles d'avancée technologique sur la base de nos connaissances actuelles. Le coco maitrise parfaitement le top des maths et de la physique actuelle et en particulier la théorie de la relativité. Cela donne lieu à certaines envolées lyriques dont on sent qu'il serait bon d'avoir fait une thèse d'astronomie pour pleinement les comprendre. Il n'empêche que le simple néophyte que je suis a réussi, sans forcément bien saisir toutes les subtilités, à se laisser entrainer par ces moments grâce au talent de Reynolds et à la certaine poésie que s'en dégage. Que cela ne vous décourage pas, on comprend très bien ce dont il est sujet, les concepts étant notamment très clairement expliqués et mis en scène. Il y a en effet quelque chose d'assez visuel dans ce roman foisonnant, qui renvoie notamment à toute l'histoire du film de SF.

Le roman est truffé de tout ce qui passionne les aficionados de Hard SF, dont on retrouve un bon mix dans le premier Matrix et la série Hypérion de Dan Simmons. Il contient en outre certaines scènes qui côtoient les meilleurs moments de 2001 l'odyssée de l'espace (certains thèmes du film sont notamment largement repris et développés dans le roman) et un certain nombre de scènes d'action monumentales.

Bref, je doute que ce roman rencontre un franc succès sur Whoopsy mais il me semble qu'il mérite toutefois d'y être mentionné dans un coin pour ceux qui comme moi aiment ce type de littérature, car il s'agit d'un excellent représentant de ce que le Space Opera fait de mieux.

Merci beaucoup Pickwick pour cette très belles présentation, que dis-je, ce véritable plaidoyer

par réflexe, je dis toujours "j'aime pas pas SF" sauf qu'à chaque fois je me souviens que j'ai ADORE la nuit des temps de Barjavel.

Si j'ai bien compris tu as lu le roman en Anglais? J'attendrai qu'il soit traduit en Français pour le suggérer à la médiathèque ou me le faire offrir

C'est très très différent de Barjavel ! Qu'est-ce que tu as eu en SF et que tu n'aurais par exemple pas aimé ?

Il est sorti en France sous le titre original : l'espace de la révélation.

Pickwick a écrit:

C'est très très différent de Barjavel ! Qu'est-ce que tu as eu en SF et que tu n'aurais par exemple pas aimé ?

Il est sorti en France sous le titre original : l'espace de la révélation.

Attention réponse constructive : chais pas . C'est juste que spontanément je dis que je n'aime pas ce genre alors qu'en y réfléchissant beaucoup (très inhabitul chez moi ) je ne suis pas sûre d'avoir lu de la SF de ce "genre". Cela dit, comme je n'aime pas avoir de préjugé, je veux bien que tu me conseilles quelques titres incontournables (quitte à ouvrir un autre topic pour ne pas polluer celui-là?) Est-ce que Dune, 1984 et la planète des singes, par exemple sont considérés comme des romans de SF?

Alors je ne suis pas du tout un spécialiste du genre mais voilà mes impressions personnelles (à prendre pour ce qu'elles sont hein )

Pour moi tu as la SF à tendance très scientifique avec au premier chef les grands classiques d'Asimov (Fondation qui est une suite de 4 courts romans absolument géniaux et le cycle des robots que je n'ai pas encore lu). Ce sont des romans basés sur une "idée", très futuristes, avec généralement une sorte de vision globale. L'idée derrière ce type de SF c'est aussi de tenter de voir, sur la base de où nous sommes, où nous allons. C'est aussi de montrer qui nous sommes aujourd'hui en montrant nos défauts transposés à plus grande échelle. On traite ici souvent de la confrontation entre l'humanité en tant que telle et un évènement qui la bouleverse à grande échelle.

A l'opposé en terme de traitement mais avec toujours la même idée sous-jacente, tu as une SF plus axée sur l'individu et la réflexion sur ce qui fait de nous des humains. Elle est généralement traitée par la confrontation entre l'humain et l'autre. C'est là que je classerais la planète des singes et un film comme 2001 l'odyssée de l'espace. Ceci dit, la Planète des Singes reste pour moi de la SF assez datée.

Dans ce type de SF tu as notamment les chroniques martiennes de Bradbury. C'est pour le coup une suite de nouvelles sur la conquête de mars par l'humanité. C'est très beau, très bien écrit et très poétique. J'ai adoré.

Entre les deux, tu as bien évidemment Dune qui est un des classiques ultimes de la SF, Hypérion/Endymion qui est une suite de 4 gros bouquins assez géniaux mais complètement barrés (Matrix pique pas mal d'idées à ce roman là je pense).

Tu as enfin les romans dystopiques, qui ne sont pas pour moi de la SF à proprement parler (ou alors très différents des deux autres genres, même s'ils pourraient se classer dans le second type en le tiraillant un peu sur les bords): 1984 en fait partie, de même que Le meilleur des mondes de Huxley ou Farenheit 451 de Bradbury.

Voilà ! J'espère que tu y vois un peu plus clair maintenant sur ce que tu risques d'aimer ou non !

Après un argumentaire pareil, on a envie de s'y mettre. Moi même je suis très très novice en matière de SF littéraire, et j'avoue que je n'ose jamais me lancer car je ne sais pas très bien par quel roman commencer ma quête initiatique

Je vous conseille de commencer par les chroniques martiennes de Bradbury. C'est vraiment un beau livre !

Je pense que vous pouvez après de tenter votre chance avec Dune (épisodes 1 et 2, pas la suite qui est chiante à mourir) et/ou Fondation d'Asimov.

Pickwick a écrit:

Je vous conseille de commencer par les chroniques martiennes de Bradbury. C'est vraiment un beau livre !

ça tombe bien je les avais achetées après mon coup de foudre pour Farenheit 451. Mais je ne m'y suis jamais mise, j'avais été un peu refroidie par "L'homme illustré" du même auteur.

Pickwick MERCI BEAUCOUP pour tes conseils, du coup ce week-end j'ai mis dans mon "petit" panier Dune 1 et chroniques martiennes. J'espère trouver les autres la prochaine fois, notamment la saga des robots d'Isaac Asimov, dont le film I robot avec Will Smith est librement adapté (je viens d'aller vérifier )

Ce fut un plaisir !


Ps: Remercie moi plutôt une fois que tu les auras lus et (j'espère aimés)