J'ouvre ce sujet pour vous présenter une cinéaste espagnole que je suis avec intérêt : Iciar Bollain
Elle a réalisé cinq longs-métrages:
-Hola estas sola?
-Flores de otro mundo
- Te doy mis ojos (Ne dis rien)
-Mataharis
-También la lluvia (même la pluie)
J'ai pu voir trois de ses films.
Le premier, Te doy mis ojos, est l'histoire poignante d'une femme maltraitée par son mari. La violence conjugale est un grave problème social où chaque année de nombreuses femmes périssent sous les coups de leur mari. Iciar Bollain a mis en images ce calvaire.
Ce que j'ai aimé dans ce film, c'est que Iciar Bollain place la violence conjugale sous le regard des femmes elles-même : 3 types de femmes se détachent, celle qui est soumise, se tait par peur des représailles, celle qui représente la femme moderne et active et qui s'insurge contre la passivité de sa soeur maltraitée, et la mère qui représente la femme traditionnelle et qui enjoint sa fille à supporter les coups en disant "une femme n'est jamais mieux toute seule". Bien sûr, on voit aussi le point de vue des hommes sur le sujet, notamment lors d'une séance de thérapie de groupe.
Bref, un film poignant qui fait réfléchir sur ce problème.
Ensuite, j'ai vu Mataharis. Dans ce film, on suit le destin de trois femmes détectives privées qui doivent concilier leur travail et leur famille. Celui-ci m'a moins emballée.
En revanche, j'ai adoré Même la pluie!
Ce film qui est une mise en abyme du cinéma évoque le tournage d'un film sur l'arrivée de Christophe Colomb sur le continent américain. Mais l'Histoire et le présent vont se rencontrer. Si les autochtones avaient dû par le passé se battre contre l'envahisseur espagnol, aujourd'hui, ils doivent se battre contre les multinationales qui sont loin de reconnaître leur droit du sol... Nous assistons donc à la bataille de l'eau en Bolivie : l'eau avait été privatisée, entraînant une hausse des prix qui empêchaient les plus humbles d'y avoir accès. Ce qui est intéressant dans le film, c'est que l'on se rend compte que 500 ans plus tard, les populations "natives" sont encore dominées par une hiérarchie et une élite d'origine européenne. On comprend mieux que dans un tel contexte, l'élection d'Evo Morales, premier président sud-américain d'origine quechua, ait été considérée comme un événement. On assiste donc à un parallèle entre l'exploitation passée et présente des populations "natives".
Les acteurs sont très bons: j'ai en particulier aimé l'interprétation de Luis Tosar qui joue le rôle du producteur.
C'est un film que je vous conseille vivement!