L'Enfance dans la littérature

J'inaugure notre nouvelle rubrique littéraire en vous proposant de discuter du thème de l'enfance (et non pas de l'adolescence, attention ) dans la littérature.



Que ce soient des ouvrages de fiction ou des autobiographies, quels livres traitant de ce sujet, vous ont le plus marqués ? N'hésitez pas à nous livrer vos titres fétiches !


Pour illustrer ce topic, j'ai choisi la couverture anglaise de l'autobiographie de Roald Dahl, sobrement intitulé Boy. C'est un des plus beaux livres que j'ai lus sur le sujet. Roald Dahl nous a livré ici une véritable petite merveille de candeur, de fraîcheur, d'humour et de malice, à l'image parfaite de son oeuvre, en fait
Dans cet ouvrage, l'auteur nous décrit les années de sa jeunesse, de sa naissance à sa scolarité dans un pensionnat Anglais des années 20/30 et nous invite dans son cocon familial. On assiste aussi à quelques scènes mémorables de son enfance, comme celles où il entrait, fasciné, avec ses amis, dans la confiserie proche de son école, et qui a sans le moindre doute inspiré Charlie et la Chocolaterie.

Sinon, j'adore aussi les 4 tomes des Souvenirs de Marcel Pagnol, La Gloire de mon père et Le Château de ma mère en tête. Je crois qu'on a jamais aussi bien parlé de la nostalgie de l'enfance que dans ces deux romans autobiographiques ...

Et vous, quels ouvrages vous ont le plus marqués ? Et ceux qui, au contraire, vous ont laissé une impression mitigée ?

Je pense surtout aux livres de la comtesse de Ségur : les petites filles modèles et Quel amour d’enfant !
Dans le premier on retrouve Sophie et ses amies… sous l’influence de Camille et Madeleine, elle commence à changer et s’améliorer.
Dans le second, Quel amour d’enfant ! ; c’est la petite Giselle qui remporte la palme de la méchanceté. Je pense que c’est avec ces livres que j’ai plus ou moins compris qu’en fait les têtes blondes ne sont pas forcement des anges tombés du ciel.
Je pensais aussi à Roald Dahl, avec Charlie et la chocolaterie. Il m’a marqué au sens que j’avais rarement vu des histoires aussi…euh…abracadabrantes ?
Mais je crois que celui qui m’a marqué le plus reste La petite fille au Kimono rouge, de Kay Haugaard: Elle raconte l’histoire de Myeko, petite japonaise, arrivant aux États Unis. Beau récit sur les différences culturelles, d’amitié et d’échanges, et combien parfois « l’intégration » peut être difficile, même/surtout pour un enfant.

Comme Yulin, je pense inévitablement aux livres de la comtesse de Ségur : je crois que je les ai presque tous lus quand j'étais enfant. J'adore le style et la façon de raconter ces histoires, il y a un petit côté désuet et touchant dans les bêtises que font les enfants.
J'aimais beaucoup les aventures de Sophie, Camille, Madeleine... Le dessin animé était pas mal aussi.

Sinon, j'ai été très marquée par Un Sac de billes de Joseph Joffo : je l'avais lu en primaire, et cela m'avais beaucoup plu. Il me semble qu'il y avait beaucoup d'humour malgré le sujet (l'auteur était juif, et durant l'Occupation il a fui avec son frère aîné pour le sud de la France). Je trouve que c'est un très bon livre pour aborder cette période de l'histoire avec des enfants.

sandie a écrit:

Sinon, j'ai été très marquée par Un Sac de billes de Joseph Joffo : je l'avais lu en primaire, et cela m'avais beaucoup plu. Il me semble qu'il y avait beaucoup d'humour malgré le sujet (l'auteur était juif, et durant l'Occupation il a fui avec son frère aîné pour le sud de la France). Je trouve que c'est un très bon livre pour aborder cette période de l'histoire avec des enfants.

Je partage totalement ton avis. Malgré le sujet grave, les pointes d'humour de l'auteur permettent aux jeunes enfants de prendre connaissance avec un sujet essentiel de notre histoire contemporaine. C'est un excellent roman sur l'enfance !

Comme Yulin, je pense surtout aux ouvrages de la comtesse de Ségur, Les Malheurs de Sophie, où la mère de l'héroïne m'apparaissait comme quelqu'un de très dur - la coquetterie de Sophie n'est pas du tout encouragée : Sophie porte été comme hiver la même robe de percale blanche afin d'être habituée au froid, et lors d'une promenade, sa mère ne se rend pas compte que Sophie n'arrive plus à la suivre, ce qui fait que la petite fille se retrouve toute seule la nuit dans la forêt.

Sophie m'apparaissait comme quelqu'un de très humain - elle fait sans cesse des bêtises : sa poupée en cire fond à cause de sa négligence, elle découpe les mouches et les abeilles en morceaux, prend les poissons de l'aquarium pour eux aussi les découper et les saler, grignote les fruits confits achetés par sa mère... - mais certainement pas comme un ange de douceur !

Dans les livres suivants, on découvre une Sophie martyrisée par sa belle-mère, Madame Fichini, une situation que connaissent nombre d'enfants aujourd'hui - enfin, peut-être pas aussi extrême, mais mon métier me fait côtoyer tous les jours des enfants qui vivent très mal le remariage de leurs parents.

Au fond, la comtesse de Ségur nous présente un personnage très moderne, même si le ton moralisateur est parfois présent. Même chose avec Un bon petit diable, qui est l'un des romans le plus drôle qu'elle ait écrit, avec un jeune garçon dont les farces nous paraissent bien innocentes, mais qui est envoyé en maison de redressement, ce qui fait qu'il correspondrait presque aujourd'hui à un prédélinquant !

Un amour d'enfant nous présente une petite fille trop gâtée par ses parents, et très capricieuse. Le trait est parfois forcé, mais c'est intéressant que ce soit une petite fille absolument imbuvable qui ait été choisie comme personnage principal : avant la comtesse de Ségur, ce n'était jamais le cas. L'éducation des parents est d'ailleurs directement remise en question, ce qui constitue une nouveauté pour l'époque...

Sinon, j'aime beaucoup Charlie et la chocolaterie de Roald Dahl, que j'ai dévoré à dix ans et dont je garde un souvenir émerveillé. Là encore, on a droit à une tripotée de sales gosses, au milieu desquels Charlie fait figure d'enfant modèle...

Je garde également un bon souvenir des romans de Marcel Pagnol cités par Emjy ; le regard sur l'enfance est très juste - je me rappelle en particulier de la séance du bain, de l'arrivée de la petite soeur et des questions qu'elle occasionne chez les deux frères, et des premières amours du narrateur avec une petite fille là encore très capricieuse...

Un sac de billes de Joseph Joffo est également un très beau livre sur deux enfants juifs sous l'occupation ; je me souviens d'un passage à la fin où ils assistent à une messe et se retrouvent systématiquement debouts quand les autres sont assis, et vice-versa. Dans le même genre, Taille 42 de Malika Ferdjoukh est très bien.

Je pense aussi à La promesse de l'aube, un très beau roman autobiographique de Romain Gary où il décrit avec beaucoup de verve son enfance et ses rapports avec sa mère.

Je pense également à pas mal de livres de la collection Rouge et Or qui appartenaient à ma mère et qui m'ont laissé de très bons souvenirs, comme Le cheval sans tête qui décrit les enfants d'un quartier défavorisé qui mènent une enquête policière suite au vol du cheval sans tête qu'ils utilisent pour s'amuser, Les chaussons verts, un beau récit sur une petite fille qui rêve de devenir danseuse, Princesse cactus, une histoire d'enfant volé qui se déroule dans le Maghreb, et bien d'autres, qui mettaient en scène des enfants courageux et attachants.

Totto chan de T. Kuroyannagi retrace la vie (vraie) d'une jeune enfant japonaise rêveuse qui rentre dans une école particulière. Dans cette école les enfants s'épanouissent de façons diverses : ils n'ont pas de "cours" imposés. Cela veut dire que si ils veulent dessiner à la place d'apprendre les maths c'est leur droit. Ce qui ressort de cette histoire (en dehors du fait que l'on aurait voulu y aller) c'est qu'il y a toujours eu un grand respect entre l'enseignant et l'enfant. Un très beau livre

Je citerais également Secret Garden de F.H. Burnett, les livres de Marie Aude Murail comme Baby-sitter blues ou Aggie change de vie ou ceux de Malika Ferdjouk, Papa longues jambes J. Webster ou enfin La voleuse de livres de M. Zusak. Sinon les livres qui me viennent à l'esprit sont plutôt ceux qui traitent du passage de l'adolescence à la vie adulte.

Je suis un peu bizarre en ce qui concerne la littérature pour enfants "sans images". Autant j'aime énormément les albums et les histoires pour tout petits, autant j'aime aussi les romans pour ados, autant j'ai souvent du mal avec les romans "sans images" (chapter books) pour les enfants en tant que lectrice adulte.

Petite fille, j'aimais beaucoup La comtesse de Ségur (bon, pas tous hein) mais je n'ai jamais réussi à les relire adulte parce que le côté très moralisateur me dérange. J'aimais Sophie et le petit diable... mais Camille et Madeleine m'énervaient!

Je pense que l'un des rares qui passe encore est Roald Dahl, que j'aimais et que j'aime encore. J'ai aussi relu et aimé un livre de Rumer Godden (la maison de poupées) que j'ai aimé parce que j'adorais étant petite et qui ne m'a pas agacée.

Vers 8-10 ans, j'avais dévoré la série Anne et la série Emily de Lucy Maud Montgomery (j'adore toujours hein... séries doudou) ainsi que La petite maison dans la prairie que je n'ai jamais tenté de relire depuis.

Côté québécois, j'aime beaucoup les petits romans qu'écrit Gilles Tibo (le petit géant, Noémie). C'est mignon comme tout mais je l'ai découvert en tant qu'adulte qui le fait lire à des enfants. Très différent, donc.

Avec le thème "enfance" je pense à Corps et âme de Frank Conroy. Dans ce livre on suit le parcours d'une personne de l'enfance jusqu'à l'âge adulte et bien plus.

"À New York, dans les années quarante, un enfant regarde, à travers les barreaux du soupirail où il est enfermé, les chaussures des passants qui marchent sur le trottoir. Pauvre, sans autre protection que celle d'une mère excentrique, Claude Rawlings semble destiné à demeurer spectateur d'un monde inaccessible. Mais dans la chambre du fond, enseveli sous une montagne de vieux papiers, se trouve un petit piano blanc désaccordé. En déchiffrant les secrets de son clavier, Claude, comme par magie, va se découvrir lui-même : il est musicien."

C'est un livre que j'ai lu au lycée, il m'a marqué ^^

Quand je pense "enfance dans la littérature", je pense instantanément au Petit Nicolas. Ces petites tranches de vie racontées du point de vue du petit Nicolas sont inimitables (Dieu soit lié Goscinny ) et l'on retrouve tout ce qui est cher au cœur d'un enfant : les chouettes copains, les parents qui sont tantôt gentils, tantôt méchants, les rêves, les bêtises, l'école... Un must, selon moi !

Chez la comtesse de Ségur, j'ai un faible pour Les Vacances, le dernier de la trilogie après Les Petites Filles Modèles et Les Malheurs de Sophie. C'est, d'après moi, le plus joyeux des trois, après deux premiers romans assez mélancoliques, voire durs, quand il s'agit de Madame Fichini On y retrouve l'amusement, les secrets, les jeux, les cabanes dans les bois

Sinon, il y a aussi le Clan des Sept et le Club des Cinq de Enid Blyton (même si on grignote sur l'adolescence dans ce dernier), Belle et Sébastien de Cécile Aubry,L'Enfant de Jules Vallès, les souvenirs d'enfance de Marcel Pagnol ,...

Côté BD, j'aime bien Jojo, petit garçon attachant, Tom-Tom et Nana, et leur bêtises incessantes,...

Scarlatiine a écrit:

Côté BD, j'aime bien Jojo, petit garçon attachant, Tom-Tom et Nana, et leur bêtises incessantes,...

J'aime beaucoup Jojo moi aussi ! En particulier les dessins : je trouve qu'il y a un côté enfantin et très attachant. Du même auteur, il y a aussi Mademoiselle Louise que j'adore : c'est une petite fille dont le père est miliardaire, donc elle est très gâtée mais elle quand même très malheureuse car elle n'a pas d'amis et tout ce luxe la blase un peu. Le personnage de Milie, la nounou, me rappelle un peu Mama dans Autant en emporte le vent.

Sinon, je me sens un peu honteuse de ne pas avoir pensé à Tom-Tom et Nana : j'adorais cette bd quand j'étais enfant (il me semble qu'il y a même eu un dessin-animé). Les histoires sont très drôles et le dessin est assez amusant aussi (il y a un côté très enfantin)

J'étais une grande fan des aventures de Tom-Tom et Nana et c'est bizarre que je ne m'en soit pas rappelé. Sinon niveau BD j'ai toujours eu un petit coup de coeur pour Mafalda de Quino. C'est l'histoire d'une petite fille qui vit en Argentine et qui décrit sa vie et le monde de manière très sarcastique (elle me rappelle Daria) . Ces BD apportent une critique sur la vie de ces argentins qui ont connu les dictatures, les privations...